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Réfer. : 0707 .
Auteur : Flamand, Elie-Charles.
Titre : Erotique de l'Alchimie.
S/titre : Préface d'Eugène Canseliet.
Editeur : Le courrier du livre. Paris.
Date éd. : 1989 .
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**** A T T E N T I O N ****
Ce document étant sujet à droits d'auteur,
n'est composé que du début, et des tables éven-
tuelles. Reportez-vous aux références ci-dessus
pour vous le procurer.
**** A T T E N T I O N ****
EROTIQUE
DE l'ALCHIMIE
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CHEZ LE MEME EDITEUR
Les pierres magiques, par Elie-Charles Flamand
Collection Alchimie
Nicolas Flamel; Oeuvres, préface de Elie-Charles Flamand
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ELIE-CHARLES FLAMAND
E R O T I Q U E
D E L'A L C H M I E
Préface d'Eugène Canseliet
LE COURRIER DU LIVRE
21, rue de Seine, 75006 Paris
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ISBN 2-7029-0247-2
(C) Le Courrier du Livre, Paris 1989
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P R E F A C E
Elie-Charles Flamand, que nous connaissons bien, offrait la plus
sûre garantie, que l'érotique
sous sa plume, ne se changerait pas en
érotisme
banal. Artiste et poète, il a trop en lui le souci du beau, pour
qu'il n'ait pas conjointement l'attrait de cette pureté que les alchimistes
poussent sans cesse à plus d'exaltation. Le pur du pur
reste, pour eux,
le but ultime, c'est-à-dire la Pierre Philosophale qu'ils appellent encore
le rubis, le Phénix, le pourpre,
du latin purpura,
couleur de vaillance et
de royauté.
Sans qu'il ait oeuvré au fourneau Elie-Charles Flamand n'en est pas
moins un alchimiste, pour le motif majeur, qu'il est féru de cette poésie
trouvant sa signification profonde et juste dans le mot grec correspondant:
ποίησις, poiésis,
c'est-à-dire action, accomplissement, efficacité.
Il appartenait au poète, -- nous y insistons, -- au ποιητής, poiètès,
donc
à celui qui crée, qui exécute, qui pratique,
plus encore qu'au littérateur,
que fût examinée, du point de vue de l'érotique,
la partie importante de
la littérature et de l'iconographie, que l'alchimie réserve, plus spécialement,
aux amours philosophales.
Elie-Charles Flamand n'a pas failli à la conscience que réclamait son
dessein, ni à la nécessité que la réalisation en fût solidement étayée d'un
choix judicieux de figures et de textes anthologiques.
*
* *
C'est ici le lieu que nous redonnions notre sentiment, à l'endroit des
substantifs érotique
et érotisme,
selon lequel il importe de les différencier,
quand le deuxième relève, le plus souvent, de la vulgaire et morbide
pornographie.
Pris adjectivement, érotique, attribut ou épithète, s'attache préférablement
au sens du vocable érotisme. Celui-ci se montre d'ailleurs de
7
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formation récente, au début de ce présent siècle, puisque Littré ne le
mentionna pas dans son Dictionnaire dont le supplément porte le millésime
1897. C'est parce que l'antique substantif se refusait à exprimer un
art dévié et sans valeur, qu'on créa le néologisme propriétaire, sans vergogne,
de sa propre signification.
Erotique reproduit, très évidemment, le grec ἑρωτικός, érotikos,
venu d'έρως, érôs,
lui-même formé du verbe contracté en άω ἐρὰν,
éran,
qui nous livre la précise définition de l'Erotique, c'est-à-dire aimer. Le
rapprochement est à faire avec ἤρος, érôs, héros, demi-dieu,
désignant,
sans orgueil démesuré, l'alchimiste qui est réellement démiurge dans
sa création.
Pour sa genèse, à l'instar du Dieu de la Bible, l'artiste fait agir son
esprit sur les eaux que lui fournit la fontaine des amoureux de science.
Cette source de vie, une gravure sur bois du traité de l'Azoth (1659)
«
revu, corrigé & augmenté par Mr Lagneau Médecin », nous la montre
en la personne d'une sirène pressant, entre l'index et le médius, les
mamelons de ses deux seins, afin d'alimenter la mer sur laquelle elle
nage et qui est celle de tous les vrais philosophes.
N'est-il pas tout à la fois surprenant et instructif, que l'Eglise, qui
fit preuve de tant de dureté à l'égard des sorciers et des sorcières, forcenés
zélateurs, pendant les nocturnes sabbats, des pires débordements
sexuels, que l'Eglise ait accepté, de ses imagiers,
sur les édifices mêmes
du culte, des licences très aptes à offusquer fréquemment la pudeur ?
Nous connaissons ainsi certaines sculptures de paroissiales et de cathédrales,
qu'on dissimule de toute manière, aux visiteurs et aux fidèles.
A cette époque médiévale, l'initiation régnait dans le haut clergé de qui
la tolérance était très large à l'égard du symbolisme de la science hermétique,
à l'endroit même des outrances du compagnonnage et des confréries.
Rien n'est licencieux, obscène et condamnable qui obéit aux lois de
la nature, parmi lesquelles, au premier chef, celle de la conjonction demeure
la plus importante, formulée qu'elle fut par Dieu Lui-même,
jugeant, au temps de la Genèse,
qu'il n'est pas bon que l'homme soit
seul --
non est bonum esse hominem solum. Il fallait, d'ailleurs, que
fut observé, l'impératif pluriel semblablement transmis, à la voix passive,
par saint Jérome:
Multiplicamini -- soyez multipliés.
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Dans La Fleur des Fleurs (Flos Florum) que le Mutus Liber dépeignit
en images, Arnauld de Villeneuve, se référant à Morien, déclare, au
nom de la pluralité des Philosophes, que l'ouvrage de notre magistère
est, dans l'ordre, assimilé à la création de l'homme -- quod factum
nostri magisterii assimulatur in ordinem hominis creationi.
Car, ajoute le médecin qui fut contemporain de l'Ordre du Temple,
premièrement est le coït, après, la réception, ensuite l'imprégnation, quatrièmement,
la naissance et cinquièmement vient la nourriture --
Nam
primo est coitus, postmodum conceptio, deinde impraegnatio, quarto
ortus & quinto sequitur nutrimentum.
Ontogenèse minérale, le Grand Oeuvre est entièrement basé sur la
copulation qui s'y renouvelle le plus souvent, tant reste laborieux qu'elle
soit fructueuse. L'Adepte Alexandre Sethon, dit le Cosmopolite,
ne craignit
pas d'écrire, que c'est seulement après s'être accouplé onze fois
(coit undecies) que le mâle émet sa semence, qu'il est débilité presque
jusqu'à la mort --
debilitatur ferè ad mortem usque -- et que la femme
conçoit et engendre un fils plus clair que lui.
Il est vrai que tout est facilité par l'attrait, les appas oserons-nous
dire, que peut offrir la jeune épouse, à savoir, tout d'abord son intelligente
condescendance, puis sa provocante coquetterie et la séduction
de ses charmes.
Les thèmes si variés de ces préliminaires amoureux furent exploités
comme il convenait, par l'écriture et le dessin, avec d'autant plus de
talent et souvent de génie, que s'y mêlait, maîtresse souveraine, la poésie
dont nous avons parlé, et qui paraît paradoxalement idoine à mieux faire
sentir les spéculations positives et les abstraites réalisations.
*
* *
Elie-Charles Flamand, nous l'avons dit, s'est appliqué à satisfaire
tout aussi bien le désir légitime du savoir, que la simple attraction de
la curiosité.
Audacieusement, la morale est bouleversée, le frère s'unit à la soeur,
dans la sensualité de la chair; Orphée s'attache à Eurydice et Gabritius
cherche Beya que l'Auteur incertain du Livre de l'Art chimique --
Author
incertus Libri de Arte chimica -- a pu voir peinte délicieusement, sur un
tissu de haute qualité:
Vierge nue, de jeune âge, à chevelure d'ivoire, aux yeux sombres,
aux joues blanches et vermeilles, de qui les seins étaient gonflés de lait,
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exactement arrondis et surtout façonnés. Et cette vierge était de toute
l'éclatante blancheur d'un corps d'autant plus extraordinaire, ... qu'elle
pouvait être estimée la plus digne de la couche du roi.
Virgo nuda, aetate viridis, coma eburnea, oculis fuscis, albicantibus
rubentibusque genis, culus papillae erant lacteae & admodum teretes
atque tornatae Eratque ea virgo toto corporis candore adeo insignis,...
ut regio thalamo dignissima censeri posset.
La mère aussi n'échappera pas à l'inceste que les philosophes expliquent
par les coutumes de l'Antiquité, et, particulièrement, par le mythe
d'Oedipe et de Jocaste. Pour eux, la mère --
mater -- est la matière
--
maria -- en même temps que la sagesse qui se tenait auprès de Dieu,
au recommencement du monde. Elle était figurée, chez les francs-maçons,
au centre de l'Etoile flamboyante, par la lettre G de laquelle Fulcanelli
déclare, en ses Demeures Philosophales,
qu'elle est l'initiale du nom vulgaire
du sujet des sages.
On pourra noter que la lettre G est à la fois le
début et la fin du Grand Oeuvre physique, qu'elle se place entre l'alpha
et l'oméga, qu'elle sépare l'A et l'O, pour s'ajouter au VIR latin et former,
avec lui, l'intraduisible VIRAGO que les anciennes translations rendaient,
de leur mieux, par hommesse:
Celle-ci s'appellera Virago, parce qu'elle a été prise de l'homme
Haec vocabitur Virago, quoniam de viro sumpta est. (Genesis, II, 23.)
Avec le substantif, qui ne reçut son acception péjorative qu'aux
temps modernes de la littérature, Ovide, par deux fois, désigna Minerve,
en ses Métamorphoses.
De la déesse vierge, en compétition malheureuse
avec Arachné, en particulier, le poète nous dit que
... La blonde virago souffrit du succès,
Et déchira les toiles ornées des divins adultères.
... Doluit successu flava virago,
Et rupit pictas, caelestia crimina, vestes. (Liber sextus)
La mythologie foisonne de ces aventures, au prime abord coupables
et dans lesquelles l'alchimie a largement puisé, pour l'expression de
l'éternelle Vérité enclose en tout son art d'amour.
Eugène CANSELIET
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Ecole de Vérone. -- « Triomphe de Vénus » (Musée du Louvre).
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Un mystère d'amour dans le métal repose.
Gérard de NERVAL, « Vers dorés ».
Pour tout observateur impartial, il est évident que notre époque
pervertit l'érotisme. Sans doute, une bataille devait être livrée contre
le puritanisme et l'hypocrisie auxquels se complaisaient les générations
précédentes. La victoire est, heureusement, en grande partie acquise.
Mais, cette liberté, qu'en fait donc l'homme de ce milieu du XXe siècle ?
De plus en plus étroitement enfermé dans un matérialisme aveugle aux
plans subtils, il est incapable de manier comme il le faudrait les forces
afférentes à ces plans auxquels l'érotisme participe. Aussi se laisse-t-il,
le plus souvent, dominer et désagréger par l'éros. Il ne sait plus l'utiliser
que pour de basses oeuvres (publicité) ou à des fins qui sont la caricature
d'une véritable participation rituelle et sacrale (strip-tease). Si
l'on s'en rapporte à la doctrine traditionnelle des âges du monde, on
constate que nous sommes arrivés au quatrième âge: l'âge de fer, l'âge
sombre, le
Kali-Yuga dont, notamment, Hésiode, Ovide et le
Vishnu-
Purâna ont donné des descriptions où l'on reconnaît sans peine notre
époque noire. En ces temps qui doivent connaître de terribles bouleversements
avant que puisse s'accomplir le retour à la félicité de l'état
primitif ou Age d'or, la lumière spirituelle est voilée. Seule la lumière
matérielle la plus ténébreuse guide les hommes. C'est pourquoi l'érotisme
qui est d'essence sacrée subit lui aussi la profanisation inhérente
aux conditions particulières du Kali-Yuga. Dans sa
clef de la Mythologie (1),
1. Chez l'auteur, Paris, 1804.
13
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Douin l'a parfaitement décrite en étudiant le processus de la progressive
dégénérescence du mythe de Vénus. Après avoir noté que cette
déesse représentait pour les anciens « la lumière céleste qui fait naître
l'amour divin dans le coeur de l'homme et le porte à la production de
l'acte et du fruit spirituel », il poursuit: « La première Vénus fut fille
du Ciel et du Jour et fut regardée comme l'emblème de la lumière divine
la plus éblouissante. Dans un temps où l'intelligence humaine avait
moins d'élévation, et commençait à recourir aux lumières surnaturelles,
on fit prendre naissance à Vénus de la mousse blanche de la mer,
mêlée avec la puissance productrice de Caelus, qu'on venait de mutiler;
dans ce second degré, elle représentait encore une lumière divine, qui
a pris sa source dans ce que les puissances surnaturelles peuvent produire
de plus lumineux: alors, elle est l'image d'un esprit presque divin,
porté sur les eaux, qu'on nomme Aphrodite, c'est-à-dire la crème de la
mer. Mais au degré de dégradation suivant, on la représenta sortant des
eaux de la mer dont elle est toute imbibée et on lui donna le nom
d'Anadiomène, mot grec qui signifie la Lune qui se noie, ou la lumière
des hommes noyés dans le chaos des sciences surnaturelles et magiques
de toutes espèce. On fit encore une Vénus de Jupiter et de Dioné; enfin,
on en compte une infinité qui représentent graduellement l'extinction
des lumières divines dans l'Humanité. »
L'importance que les hommes de notre époque accordent à l'érotisme
montre bien qu'ils ont une confuse conscience de sa valeur sacrée.
Que certains entreprennent une recherche de l'Absolu à travers les manifestations
des plus aberrantes de l'éros en est également la preuve.
Mais toute quête qui n'est pas fondée métaphysiquement demeure vaine
et, en dernier ressort, devient dissolvante.
Celui qui veut s'attacher à retrouver le sens métaphysique de l'érotisme
peut interroger les lointaines civilisations chez lesquelles l'esprit
traditionnel est demeuré vivant. L'étude de certains points de doctrines
et de techniques enseignés par le tantrisme tibétain, l'hindouisme, le
taoïsme, lui apportera de précieuses indications sur l'érotisme envisagé
non seulement dans ses répercussions sur le plan subtil, mais surtout
comme base de réalisation spirituelle. Néanmoins ces enseignements
sont tenus soigneusement cachés par leurs adeptes. Ce que l'on peut en
savoir en Occident n'est que fragmentaire et souvent fort difficile à interpréter.
De plus ces techniques s'accordent avec la mentalité et les aptitudes
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particulières des peuples qui les pratiquent. Enfin, l'absence de
maîtres qualifiés empêche leur mise en oeuvre chez nous.
S'il essaie de se tourner vers ce qui nous est parvenu en Occident du
vieux savoir ésotérique afin d'y trouver des données concernant l'érotisme
mystique, le chercheur n'aura que déception. En effet, il constatera
qu'il n'existe plus chez nous de tradition de cet ordre. Pratiqué
durant toute l'antiquité, encore très vivace chez les derniers Romains
par la perpétuation de mystères de Bacchus, de Cybèle et d'Isis, l'érotisme
sacral a été violemment combattu par le christianisme qui, avec
son mépris de la chair, ne pouvait admettre de telles pratiques. Toutes
les survivances de ces cultes ont été détruites, telle, par exemple, le
Sabbat des sorcières et sorciers du Moyen Age. Pourtant l'alchimie, qui
compte parmi les rares disciplines ésotériques encore vivantes en Occident,
véhicule un grand nombre de données concernant l'érotique sacrée.
Nous avons donc décidé de nous reporter aux meilleurs textes de la
science d'Hermès afin se savoir ce qu'ils pourraient nous enseigner en
ce domaine.
L'alchimie affirme la nécessité d'une base matérielle pour l'édification
d'une oeuvre spirituelle. Selon ses conceptions, les transformations
que l'alchimiste fait subir à sa matière première sont analogiquement
liées au processus initiatique qui s'opère spirituellement chez celui-ci.
Du fait de l'Involution, la matière semble être ce qui demeure le plus
éloigné du Divin. Pourtant, c'est au tréfond de la masse hyléenne déchue
que l'opérateur trouvera l'étincelle du Feu incréé et pourra alors se
transmuer spirituellement en communiant avec la transcendance. Le
monde n'est en vérité qu'une forme illusoire sous laquelle l'Absolu peut
apparaître. C'est pourquoi, comme le note Limojon de Saint-Didier dans
son
Triomphe Hermétique (1), « les Philosophes disent qu'on doit chercher
la perfection dans les choses imparfaites et qu'on l'y trouvera ». Selon la
Cosmogonie hermétique, la Création s'accomplit par une union, décrite
sous sa forme la plus charnelle, entre deux potentialités initiales de nature
sexuellement opposées. Aussi les meilleurs auteurs se sont-ils
« contentés de décrire allégoriquement l'union du soufre et du mercure,
générateurs de la pierre qu'ils nomment soleil et lune, père et mère philosophiques,
fixe et volatil, agent et patient, mâle et femelle, aigle et lion,
Apollon et Diane (dont quelques-uns ont fait Apollonius de Tyane) Gabritius
1. Amsterdam, 1710.
15
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et Beya, Urim et Thumim, les deux colonnes du Temple: Jakim et
Bohas, le vieillard et la jeune vierge, enfin, et de manière plus exacte, le
frère et la soeur » (Fulcanelli). Cependant, nous devons signaler l'existence
d'un autre « couple » alchimique que l'on pourrait qualifier de
« vertical » si l'on veut bien admettre que l'autre agit « horizontalement ».
C'est celui de la « Terre » et du « Ciel » et les maîtres l'ont tenu beaucoup
plus secret. Ces deux dernières entités hermétiques sont, elles aussi, liées
par un principe d'amour et, de même que pour les précédents, l'alchimiste
doit provoquer leur union qui se manifeste par la pénétration
en quelque sorte charnelle de « l'esprit matérialisé », (le Spiritus
Mundi) dans la « matière spiritualisée » ou Terre Sainte des Sages.
« Ainsi, dit Le Breton dans Les
Clefs de la philosophie spagyrique (1),
par l'union des deux spermes, fixe et volatil, dans lesquels sont renfermés
les deux esprits, le sujet des influences et vertus célestes est spécifié et
sublimé au plus haut degré de la puissance magnétique; le Ciel est rendu
terre et la terre est faite ciel et les énergies de l'un et de l'autre sont
réunies ».
Comme on le voit, le pansexualisme alchimique est tout à fait
explicite; il se manifeste presque à chaque page des traités. La plupart
des opérations de détail sont volontiers décrites sous le voile d'allégories
érotiques. C'est ce que remarquait déjà un chimiste du XVIIIe siècle dont
les conceptions étaient orientées vers la science moderne, mais qui, tout
en critiquant les souffleurs, ne niait pas la valeur de la vieille alchimie et
croyait à la réalité des transmutations: « On ne croirait pas, dit-il, que
des Philosophes sérieux, appliqués, toujours enfoncés dans des laboratoires
cherchassent dans l'amour l'origine de la chimie; ils sont allés
plus loin: dans leurs travaux on ne voit que des allusions à l'amour:
la couche nuptiale du Roi Philosophique, le réseau de Vulcain et de
Vénus, le mélange des semences, l'écoulement des menstrues, en un mot
tout ce qui a du rapport à la génération de l'homme est appliqué au
Grand Oeuvre (2). Plus loin, le même auteur étudie le mythe de la naissance
de la science d'Hermès et après avoir affirmé à nouveau que « la
Chimie est née de l'amour », il poursuit: « Moïse dit dans la Genèse que
1. Chez Claude Joubert, rue Saint-Jacques, à Paris, 1722.
2. Senac -- Nouveau cours de chimie suivant les principes de Newton et de
Sthall avec un discours historique sur l'origine et les progrès de la Chimie. A
Paris, chez Jacques Vincent, rue et vis-à-vis l'Eglise S. Séverin, à l'Ange. M. DCC.
XXXVII.
16
**** A T T E N T I O N ****
Fin du texte de ce document, ce document étant sujet à droits d'auteur.
**** A T T E N T I O N ****
SOMMAIRE
Préface ..................................................... | 7
|
|
|
Introduction ................................................ | 13
|
|
|
Claudius Claudien .............................................. | 21
|
|
|
L'aimant ....................................................... | 23
|
|
|
Jean d'Espagnet ................................................ | 25
|
|
|
La philosophie des anciens rétablie dans sa pureté ............. | 27
|
|
|
L'ouvrage secret de la philosophie d'Hermès .................... | 29
|
|
|
Clovis Hesteau de Nuysement .................................... | 31
|
|
|
Poème philosophique de la vérité de la physique minérale ....... | 33
|
|
|
Jean-Valentin Andréae .......................................... | 37
|
|
|
Les noces chimiques de Christian Rosencreutz ................... | 41
|
|
|
Discours philosophique de la pierre des sages et de sa merveilleuse |
|
naissance ................................................... | 45
|
|
|
Discours philosophique.......................................... | 47
|
|
|
Hadrianus A Mynsiht ............................................ | 51
|
|
|
La renaissance du siècle d'or .................................. | 53
|
|
|
Johann de Monte-Snyders ........................................ | 55
|
|
|
La métamorphose des planètes ................................... | 59
|
|
|
Limojon de Saint-Didier ........................................ | 63
|
|
|
Le triomphe hermétique ou la pierre philosophale victorieuse .... | 65
|
173
@
Frédéric Barent Coenders Van Helpen ............................. | 69
|
|
|
L'escalier des sages ............................................ | 71
|
|
|
Le baron Urbiger ................................................ | 73
|
|
|
Aphorismes Urbigériens .......................................... | 75
|
|
|
Jean Vauquelin des Yveteaux ..................................... | 77
|
|
|
Poème sur le sujet des sages .................................... | 81
|
|
|
Disposition au voyage des Indes philosophiques .................. | 82
|
|
|
L.-P. François Cambriel ......................................... | 85
|
|
|
Cours de philosophie hermétique ou d'alchimie ................... | 87
|
|
|
Vénus magique ................................................... | 91
|
|
|
Vénus magique contenant les théories secrètes et les pratiques de la |
|
science des sexes ............................................ | 93
|
|
|
|
|
ILLUSTRATIONS COMMENTEES |
|
|
|
Ovide ........................................................... | 99
|
|
|
Livre du Rosaire des Philosophes ................................ | 113
|
|
|
Les Symboles de la Table d'or ................................... | 127
|
|
|
Atalante fugitive ............................................... | 137
|
|
|
Le Trépied d'or ................................................. | 161
|
174
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Achevé d'imprimer le 10 mai 1989
dans les ateliers de Normandie Impression S.A.
à Alençon (Orne)
N° d'imprimeur: 891014
Dépôt légal: mai 1989
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EROTIQUE DE L'ALCHIMIE
Pour tout observateur impartial, il est évident que notre
époque pervertit l'érotisme. Sans doute une bataille devait être
livrée contre le puritanisme et l'hypocrisie; mais cette liberté,
qu'en fait donc l'homme de cette fin du XXe siècle ?
L'importance que les hommes de notre époque accordent à
l'érotisme montre bien qu'ils ont une confuse conscience de sa
valeur sacrée. Mais toute quête qui n'est pas fondée métaphysiquement
demeure vaine et, en dernier ressort, devient dissolvante.
Celui qui veut s'attacher à retrouver le sens métaphysique de
l'érotisme peut interroger les lointaines civilisations chez lesquelles
l'esprit traditionnel est demeuré vivant. L'étude de certains
points de doctrines et de techniques enseignés par le tantrisme
tibétain, l'hindouisme, le taoïsme, lui apportera de précieuses
indications sur l'érotisme envisagé non seulement dans ses
répercutions sur le plan subtil mais surtout comme base de
réalisation spirituelle.
L'alchimie, qui compte parmi les rares disciplines ésotériques
encore vivantes en Occident, véhicule un grand nombre de
données concernant l'érotisme sacré.
L'homme et la femme incarnent naturellement les deux pôles
de l'oeuvre alchimique, le soufre et le mercure. Par leur amour
réciproque, exalté spirituellement, et dégagé des contingences,
ils provoquent l'épanouissement d'une force cosmique qui
apporte d'abord la libération, puis la cristallisation, le
solve et
le
coagula.
Le choix des textes et des images commentées par
E.-Ch. Flamand ne prétendent à rien d'autre qu'à apporter
quelques pièces nécessaires à l'ouverture du dossier.
ISBN 2-7029-0247-2 75 F
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