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Réfer. : 0301 .
Auteur : Binda, Michel.
Titre : La Vierge Alchimique de Reims.
S/titre : .

Editeur : La Table d'Emeraude. Paris.
Date éd. : 1995 .
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**** A T T E N T I O N ****

Ce document étant sujet à droits d'auteur, n'est composé que du début, et des tables éven-
tuelles. Reportez-vous aux références ci-dessus
pour vous le procurer.

**** A T T E N T I O N ****



A la mémoire d'Eugène Canseliet
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La Vierge alchimique de Reims
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Michel Binda

La Vierge alchimique de Reims



Editions
LA TABLE D'EMERAUDE
21, rue de la Huchette, 75005 Paris
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« Il apparaît donc que ce Mercure n'est pas celui du vulgaire, mais celui des Sages, car tout Mercure vulgaire est mâle, c'est-à-dire corporel, spécifié, mort, tandis que le nôtre est spirituel, féminin, vivant et vivifiant. »
Eyrénée Philalèthe L'Entrée ouverte au Palais fermé du Roi
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Préambule




Dans la Présentation qu'il a récemment publiée du « tableau ésotérique »
à nouveau visible -- sinon lisible -- depuis 1978 au musée de l'Ancien
Collège des Jésuites de Reims, M. Antoine Faivre remarque avec justesse 1. Antoine Faivre. "Présentation de
(et modestie) que sa « structure d'ensemble, en tant que signification ou La Vierge alchimique, tableau du
message, a échappé à tous les observateurs » (1). Le regain d'intérêt dont jouit musée de l'Ancien Collège des
ainsi cette peinture à plus d'un titre singulière me pousse, reconsidérant Jésuites de Reims (XVIIe siècle)" dans
une étude personnelle entreprise puis laissée en attente il y a près de deux La Bible, images, mythes et traditions,
décennies, à apporter une contribution à sa lecture, comme épisode d'une Albin Michel, Paris, 1995, p. 211.
découverte à poursuivre par qui en aura l'impulsion.
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Antoine Faivre a fort bien exprimé le caractère de cette oeuvre « riche de résumé de la fortune et de l'infortune
contenus sémantiques et symboliques, mais dispersés, voire éclatés » (2). critiques, depuis le milieu du siècle
dernier, de cette peinture, ainsi
que la bibliographie s'y rapportant.
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Le tableau de Reims (fig. 1) regroupe de fait en sa surface, souvent superposés
sur le même motif, tous les moyens suggestifs ou inductifs et artifices
cryptographiques générés (ou empruntés) par l'iconologie et l'écriture
alchimiques: l'allégorie métaphysique, l'analogie physico-mythique, des
allusions textuelles, arithmologiques et même historiques, les calembours
et assonances de la « cabale phonétique », le rébus (dont on sait la vogue
immense et l'extension à des domaines inattendus, au Moyen Age et à la
3. Voir sur ce sujet le très Renaissance surtout, mais encore au-delà) (3), et jusqu'à des indications
remarquable travail de Jean Céard précises de poids et de temps relatives au travail du laboratoire.
et Jean-Claude Margolin.
Rébus de la Renaissance, 2 vols,
Maisonneuve et Larose, Paris, 1986. Mon déchiffrement de ce foisonnement polymorphe -- auquel il n'est pas
exclu du tout que l'on trouve des significations supplémentaires, voire
alternatives -- est loin d'être exhaustif. L'interprétation que j'en offre, toutefois,
réglée sur la confluence d'une spécificité opératoire, d'une résonance
sensitive et d'une incidence spirituelle, prend son premier appui sur la présence
dans l'image d'indices et d'indications qui, dans leur netteté et leur
concordance, paraissent difficilement récusables. A partir de là, et sachant
bien la vanité initiale et la stérilité finale de toute tentative de « traduction en
clair » du langage imaginal propre à l'Alchimie, j'ai tenté que cette interprétation,
conformément à l'esprit d'une tradition que je veux honorer, doive
son éventuelle consistance au jeu agonistique de l'évidence et du mystère,
du littéral et de l'onirique, de l'élucidation et de la sainte incertitude.
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pict
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Fig. 1 - Anonyme, La Vierge alchimique.
Huile sur toile. 110 x 150 cm. Musée de l'Ancien Collège des Jésuites, Reims.
De facture artistique très modeste, l'oeuvre se laisse tout de même situer, stylistiquement, dans une mouvance
tardive, plus « rustique » encore que provinciale, des différents courants du Maniérisme en quelque sorte
naïvement « hiératisé », à quoi s'intègrent des archaïsmes quasiment médiévaux (le navire et ses passagers).
On pourrait voir en son auteur, loin bien sûr derrière les grands noms du genre, un de ces Flamands
« romanisés » entre les dernières années du XVIe siècle et les premières années du suivant, ou bien un peintre
plus local marqué de cette double influence. Certains détails iconographiques, que j'aurai peut-être l'opportunité
d'illustrer ultérieurement, et au moins une mention textuelle (v. infra, p. 59 ) suggèrent fortement, par
leur précision spécifique et leur rareté, une possible origine italienne, par l'entremise d'observateurs avertis
(des membres lyonnais de la Compagnie de Jésus?), d'une partie au moins des motifs de l'étonnante image.

La confection du tableau ne semble pas devoir être de beaucoup postérieure à la fin de la deuxième décennie
du XVIIe siècle. La date de 1624, avancée en janvier 1907 par Henri Jadart, alors conservateur des musées de
peinture et d'archéologie de Reims, est ainsi tout à fait plausible.


Je tiens à adresser mes vifs remerciements à M. Marc Bouxin, Conservateur du musée de l'Ancien Collège
des Jésuites et du musée Saint-Rémi de Reims, pour l'extrême amabilité de son accueil, la facilité de photographier
le tableau et l'autorisation de le reproduire.

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La traversée hermétique

Navigare necesse, vivere non necesse.
Naviguer est nécessaire, vivre n'est pas nécessaire (4). 4. La première mention de
l'exclamation devenue devise
Pompée le Grand et citation célèbre est dans
les Vies de Plutarque (Pompée, 50.2).
Ce qu'avant toute analyse le premier coup d'oeil au tableau dégage,
comme double décor symbolique et substrat de sens, est, par l'entremise
figurée de la terre ferme et de la mer, la dialectique basique du sec et de
l'humide. Je pense qu'il ne faut pas voir là désignées les deux voies réputées
optionnelles du Grand Oeuvre, ma proposition étant que toute l'imagerie
de notre peinture se rapporte à la voie sèche, ainsi nommée, on le sait,
parce que l'essentiel des opérations au feu s'effectue, tout au long de ses
trois phases majeures, au creuset métallurgique de terre réfractaire. (En
marge des indices très forts qui soutiennent ce parti, et que nous extrairons
tout à l'heure des figures et des chiffres, notons que Pierre Cocquault,
contemporain et compatriote de l'artiste modeste et du commanditaire et
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inspirateur savant de notre tableau -- à supposer, plausiblement, qu'il s'agisse
de personnes différentes -- nous parle, à propos de l'an 1137 -- car les nombres
qui s'exposent au centre de l'image, et là pour des raisons non chronologiques,
à la sagacité du spectateur, sont aussi des dates! -- « de la grande
5. Table Chronologique extraite sécheresse qui fit que les rivières furent taries en France ») (5).
sur l'histoire de l'Eglise, Ville, et
Province de Reims. Composée par feu Depuis l'affermissement de la raison philologique, les commentateurs
M. Pierre Cocquault, Prétre [sic], sérieux n'ont pas confondu, ont cherché au moins à ne pas confondre, les
Chanoine de l'Eglise de Reims [...] quatre antiques Eléments, tels que l'Alchimie les met en scène, avec leurs
Reims, 1650, p. 214 dénominations homonymes, les composés chimiques, mélanges gazeux,
phénomènes ou états de la matière qui semblent être (d'ailleurs sans cohérence
linéaire) leurs équivalents directs dans le monde dit objectif des
consensus palpables. Il y a toutefois un hiatus entre cette précaution intellectuelle
et l'accès aux notions qui inaugurent, élémentairement, l'aventure
conceptuelle et existentielle de l'Alchimie, dans sa version très originale
du réel et de l'imaginaire dans leur relation. Ainsi l'« humide radical », si
souvent invoqué dans les textes, a priori situé dans l'espace symbolique de
l'Eau, n'est que métaphoriquement un fluide -- au sens vieilli du terme qui
le faisait synonyme de liquide. C'est cependant cette fluence méta-physique,
postulée à la « racine » des natures minérale et psychique, qui rendrait possible
une transgression subtile et décisive de la détermination autrement inflexible
des identités spécifiques et individuelles, dites « prisons de Saturne ».
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Artephius, dans la traduction qu'en donne Pierre Arnauld en 1612, après
avoir rappelé, ce qui est rien moins que banal, que « la nature s'amende en sa
semblable nature », parle de « notre eau », ajoutant qu'elle est appelée « le
moyen et milieu de l'âme, sans lequel nous ne pouvons travailler en cet Art ».
6. Le Livre Secret du tres ancien
Ces remarques devraient nous aider à aborder, puis à approfondir, Philosophe Artephius traitant de l'Art
éventuellement jusqu'à ce qu'il réveille en nous l'intuition et l'intention qui occulte & de la pierre Philosophale.
lui correspondent, le très irrationnel et fondamental concept -- celui de dans Trois Traitez de la Philosophie
REINCRUDATION -- qui constitue le fil de notre étude parce qu'il est le coeur naturelle non encore imprimez[...]
même du « message » de la parthénos de Reims tel que nous l'indiqueront, le tout traduit par P. Arnauld sieur
au centre de l'image, les signes figurés mais d'abord les textes canoniques de la chevallerie Poitevin.
auxquels nous serons renvoyés. A Paris, chez Guillaume Marette,
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« Donc la transmutation des métaux imparfaits » continue Artephius Les éditions La Table d'Emeraude
à la même page du texte cité « est impossible par les corps durs & secs, ont récemment republié ce texte,
mais seulement par les mous & liquides. De ceci il faut conclure, y adjoignant un intéressant
qu'il faut faire revenir l'humide, & révéler le caché. Ce qui s'appelle document critique dû à la plume
réincruder les corps, c'est-à-dire les cuire & amollir, jusques à ce qu'ils de Michel-Eugène Chevreul
soient privés de leur corporalité dure & seiche, par ce que le sec en 1867, et témoignant de l'intérêt
n'entre point, ni ne teint que soi-même. » (6) studieux porté par l'illustre chimiste,
plus connu comme auteur du
De la loi du contraste simultané des
Paradoxalement ce « retour de l'humide » se fait, nous y reviendrons avec couleurs (1889), aux écrits alchimiques.
précision, dans et par l'extrême sécheresse des milieux et agents.
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**** A T T E N T I O N ****

Fin du texte de ce document, ce document étant sujet à droits d'auteur.
**** A T T E N T I O N ****



Crédits photographiques:
Couverture, 1, 2, 3, 5, 7, 8, 9, 11, 15, 16, 17: Michel Zoladz 4, 13: Bibliothèque nationale de France 6: Alinari-Giraudon 10: Bibliothèque municipale de Reims. Cliché Daniel Kongs 12, 14: The British Library

Achevé d'imprimer en novembre 1995 sur les presses de l'imprimerie E.M.D., 53110 Lassay-les-Châteaux
Le texte a été composé en Granjon, et les illustrations gravées par GEGM, Paris

Conception graphique et mise en pages: Jérôme Binda
(c) La Table d'Emeraude, 1995 ISBN 2-903965-32-3
Dépôt légal: novembre 1995
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« Comme le Sage entreprend de faire par notre Art une chose, qui est au-dessus des forces ordinaires de la Nature, comme d'amolir une pierre, & de faire végéter un Germe Métallique, il se trouve indispensablement obligé d'entrer par une profonde méditation dans le plus secret intérieur de la Nature, & de se prévaloir des moyens simples, mais efficaces qu'elle lui en fournit . »
Alexandre-Toussaint Limojon de Saint-Didier Le Triomphe Hermétique
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