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Réfer. : 0850 .
Auteur : Allieu, B - Barthélemy, A.
Titre : Matériaux cryptographiques. Tome Second.
S/titre : .

Editeur : Xxxxx. Xxxxx.
Date éd. : 1979 .
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**** A T T E N T I O N ****

Ce document étant sujet à droits d'auteur, n'est composé que du début, et des tables éven-
tuelles. Reportez-vous aux références ci-dessus
pour vous le procurer.

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PROLOGUE

I
A lire la conclusion de la Préface de Poliphile, on serait tenté de croire que Grasset d'Orcet, en prenant congé de
ceux qu'il a entraînés dans ce dédale, les prive définitivement
de sa merveilleuse lanterne ; cependant les études
postérieures fournissent de précieux renseignements sur
le plan cryptographique ; ainsi, il sera encore question
du rossignol et ce ne doit pas être sans raison que notre
auteur insiste sur ce crochet, façonné en forme de L, qui
recèle probablement de quoi forcer la serrure si compliquée
du blason. C'est d'ailleurs au terme d'un travail très
pénible (travail - trouvaille - trouve L) qu'il avait découvert
que la clef ou lettre L devait être positionnée en fin
du vers. Cette fin, comme il l'écrit, représente le début
du déchiffrement et c'est précisément dans la dernière
gravure de son Iconologie Historique (1) que Delafosse a
exposé de bas en haut les attributs de l'artifice et ceux de
la serrurerie ; c'est également à la fin du Songe de Poliphile
(2) que Philomèle, métamorphosée en rossignol,
chante son infortune en grec :«Tereus Tereus m'a violée»,
que nous formulerons par :

GRe PaiR TeRée M'a VioLée
TeR M'a c'est la trame, VioLée, voilée vraisemblablement
par les voyelles. Quant au reste, nous n'en savons rien,
mais la piste mérite toutefois d'être signalée, car Philomèle,
à qui l'odieux Térée avait arraché la langue, communiqua
ses malheurs à sa soeur Progné par le moyen
d'une tapisserie, comparable à une trame ou un canevas,
complètement masqué par le motif final.


(1) J.C. Delafosse, Nouvelle Iconologie Historique, Paris
1768. Réimpression des planches par la Librairie d'Art et d'Archéologie. Paris. F. Contet, 1911. Cf. la gravure en fin de ce volume. (2) Discours du Songe de Poliphile, Paris, J. Kerver, 1546,
p. 158.
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-- 2 --
Ceux qui ont eu la curiosité de suivre Grasset d'Orcet dans ses déchiffrements ont dû constater qu'il ne prenait
pas la peine d'expliquer sa démarche ou d'éclairer les difficultés :
la Revue Britannique attribue cette négligence
à sa grande modestie de savant, qui supposait chez son
lecteur des connaissances équivalentes aux siennes. Certes,
mais ce qui est écrit dans la Danse Macabre montre
que la modestie n'est pas seule en cause : Grasset d'Orcet
ne pouvait outrepasser certaines bornes de divulgation
dans le cadre d'une revue. Aussi avait-il souvent le soin,
dans ses premiers articles, de signaler que l'usage du grimoire
s'était perdu depuis la Révolution et qu'il lui était
possible d'en révéler certains mécanismes découverts seulement
par les procédés de la philologie : d'autant que
cette clef ne sert à rien à qui n'est pas serrurier (c'est-à-
dire initié), ajoutera-t-il en écrivant à nouveau qu'elle se
compose d'un vers octosyllabique avec une rime en L, à
base de calembours par à-peu-près.
Mais il existe une différence notable entre le calembour par à-peu-près et la méthode par rébus dont il avait été
question jusqu'ici. En effet, ce dernier, s'il offre de capricieuses
contractions ou séparations de syllabes -- qui autorisent
le déchiffreur à en tirer ce qui lui plaît -- ne
permet que les transformations de consonnes suivantes :
N-M-GN, C-CH-S-K, ainsi que certaines élisions de
consonnes muettes ou répétitives. Outre les décalages de
syllabes, le calembour par à-peu-près admet des permutations
bien plus importantes du point de vue phonétique
C-G, D-T, F-V, B-P et même un remplacement d'une consonne
par une autre quelconque du moment qu'il reste suffisamment
d'éléments pour retrouver le sens caché. Prenons
un exemple dans Les Demeures Philosophales (3) :
le titre « Amilec ou la graine d'hommes » est un assemblage
d'anagramme et de calembour nous dit Fulcanelli.
L'anagramme pour amilec (alcmie, alchimie), le calembour


(3) Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, Paris, Jean-
Jacques Pauvert, 1965, tome I, p. 108.
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-- 3 --
par à-peu-près pour graine (crème) et le calembour
par homophonie pour hommes (aum).
Entre le moment où le lecteur est remercié (janvier 1884) et celui de la parution de la Danse Macabre (mai
1886), on peut supposer que de nouvelles découvertes ont
eu lieu, que notre auteur n'a pas livrées au public, du
moins de façon claire.

Il correspondait avec des « élèves en grimoire » : rien n'empêchait sa fantaisie de se servir de la revue comme
d'une boîte à lettres et certains vers pourraient recéler un
autre sens que celui exposé à tous les yeux. Prenons dans
la Préface de Poliphile la strophe où il est question du
baron Cerfbeer de Medelsheim ; nous avons en particulier
:

GueRRié MèRe Git Lit PoiNg GRiMoiRe GiLPiN
pour obtenir « grimoire gilpin ». il faut nécessairement
enclore la séquence « mère-git-lit » dans la description du
chevalier armé combattant (heaulmier-guerrier-poing).
Comme cet enchevêtrement de descriptions n'est pas une
règle constante, on peut se demander si le déchiffreur ne
savait pas à l'avance ce qu'il obtiendrait... De plus, le
texte signale que la mère est assise, appuyée sur son avant-
bras droit (précision inexploitée dans le vers) ; « assise »,
cela fait « sise » et non pas « git » ; le costume « grec »
ne sert à rien alors qu'il pouvait prendre la place du « guerrier
». Nous construirons donc le vers octosyllabique suivant:
sous un arbre, une mère vêtue à la grecque, assise, lit
Che aRBRe GRe MeRe SiSe Lit
dans lequel on trouve en finale : ReMeReSi SeLit, soit
« remercie celui ». Quant au G de GRe (mis pour grec),
pourquoi ne pas y voir l'initiale du nom de notre auteur ?
Notons au passage la facilité avec laquelle il est possible
de pasticher le sens même de cette strophe, puisque cet
arrangement de hiroglvphes permet de lire :

CeRfBeeR GRiMoiRe CiSèLe
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-- 4 --
Passons au cartel où sont indiquées les règles de déchiffrement ; que penser d'une indication cryptée des règles ?
Si Grasset d'Orcet prévient son lecteur que ce cartel est
un des plus faciles à déchiffrer, il se garde bien d'expliquer
pourquoi arche (pont) donne che dans ce vers et
arche à propos du sépulcre royal ; d'où vient que les consonnes
finales de grotte infernale soient élisées (gro enfer)
et conservées dans le cartel suivant (déités infernales)
? Pourquoi le vers initial ne renferme-t-il aucun verbe,
bien que les âmes courent et se précipitent ? Dans la
lithographie précédente, le chevalier combat (poing), la
mère est assise (git), elle lit (lit) et le monstre s'éloigne
(éloigne).
Quant à l'autel dédié aux divinités infernales, c'est un morceau du genre qui ne nécessite pas moins de trois
traductions ; les règles de déchiffrement que Grasset
d'Orcet a recueillies à cet endroit n'ont jamais été écrites
que pour ceux qui les connaissaient déjà et n'apprendront
rien, ni au lecteur qui ne peut évidemment les déchiffrer,
ni au « pélerin de Murcie » qui n'en a que faire.

Que signifient ces plaisantes mystifications, si mystification il y a ? Rappelons-nous d'abord ce que notre savant
dit de ses illustres maîtres, Platon et Rabelais : qu'ils
promènent leur lecteur dans un labyrinthe en lui racontant
des histoires destinées à l'endormir et lui projettent
de temps à autre quelques vérités, mais de façon telle
que le néophyte n'y voit rien : gageons que Grasset d'Orcet
distribuait la substantifique moelle suivant les mêmes
procédés. Souvenons-nous ensuite qu'il s'engageait à faire
lire tout ce qu'il lui plairait dans un article de la revue,
seulement à ceux qui en posséderaient la clef ce que
permet ce système cryptographique qui passe complètement
inaperçu, dissimulé derrière la texture des mots.

Notre propos n'est pas de répandre le trouble dans l'esprit du lecteur, mais de le mettre en garde : en pénétrant
dans le monde riche et compliqué du blason, art royal,

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-- 5 --

c'est, aux dires de notre érudit, un « dragon suranné et
édenté » qui l'attend, et l'on sait que ce monstre, qui veille
de toute antiquité sur une multitude de trésors, doit
être vaincu par artifice. Qu'il soit édenté ne change rien
à l'affaire, et il n'a pas la seule garde des secrets politiques,
ce que Grasset d'Orcet n'ignorait certainement pas :
il s'agit donc d'adopter dans ce gigantesque dédale une
démarche prudente. Au reste, cette invitation à la Prudence
est le premier enseignement que le chercheur tire
de l'énigme, véritable pierre de touche, qui semble réclamer,
à qui désire la sonder, des bases de travail indiscutables.
Les vieux Maîtres maçonnaient tous savamment l'enceinte
de leur savoir : en essayant d'y pénétrer, l'étudiant
devait nécessairement reconsidérer l'ensemble de ce qu'il
croyait connaître, ce qui tôt ou tard le conduisait dans un
labyrinthe magnifique et déconcertant, où il se métamorphosait
en « enfant de choeur », c'est-à-dire en novice ou
ignorant qui avait tout à apprendre du Monde qui l'entourait.

Les pages que nous avons la chance de lire sont celles d'un homme au savoir prodigieusement étendu et il ne
faudrait pas croire que ce savoir ne présente qu'une seule
face, celle toute politique que l'on trouve dans bon nombre
d'articles ; de même, toutes ses facétieuses inventions ne
doivent pas nous faire oublier qu'avant d'interpréter
l'Art français dans ses manifestations les plus diverses.
Grasset d'Orcet avait déchiffré l'Art grec, mettant à découvert
les axes essentiels de la pensée religieuse et métaphysique
des Anciens ; l'une de ses premières études, qui
traite dans un cadre d'érudition profonde de « l'Androgyne
dans l'Art ancien et moderne », montre la nature
de ses recherches auxquelles des hommes aussi ingénieux
qu'Alcide Morin (4), Villiers de L'Isle-Adam (5), ou dans


(4) A. Morin, auteur de Comment l'esprit vient aux tables
par un homme qui n'a pas perdu l'esprit, Paris, Librairie Nouvelle, 1854. (5) Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, L'Eve
Future, Paris, Mercure de France, 1922.
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TABLE DES MATIERES avec date de parution dans la Revue Britannique et dans la Nouvelle Revue





La Cote d'Or et ses monuments druidiques (novembre
1882). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
La Préface de Poliphile (février 1884) . . . . . . 47
Les Ménestrels de Morvan et de Murcie (avril 1884) 91
Les collaborateurs de Jeanne d'Arc (N. R., septembre
1884). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Le cinquième livre de Pantagruel (N. R., avril 1885)157
Le premier livre de Rabelais (N. R., février 1886) 193
La danse macabre (mai 1886). . . . . . . . . . . . 225
Le pacte de famine (novembre 1890) . . . . . . . . 253
Table et source des illustrations. . . . . . . . . 287
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**** A T T E N T I O N ****

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