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Réfer. : 0906 .
Auteur : Anonyme.
Titre : Trois textes Alchimiques inédits du XVIIe Siècle.
S/titre : Avertissement et introduction de Bernard Husson.

Editeur : Librairie de Médicis.
Date éd. : 1979 .
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**** A T T E N T I O N ****

Ce document étant sujet à droits d'auteur, n'est composé que du début, et des tables éven-
tuelles. Reportez-vous aux références ci-dessus
pour vous le procurer.

**** A T T E N T I O N ****



TROIS TEXTES ALCHIMIQUES

INÉDITS DU XVIIe SIECLE




L'Or Potable des Anciens Lettres Philosophiques Le Testament d'Or




Avertissement et introductions de Bernard HUSSON




LIBRAIRIE DE MÉDICIS 3, rue de Médicis, 75006 Paris
1979
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Copyright 1979 by Librairie de Médicis 3, rue de Médicis, 75006 Paris
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AVERTISSEMENT

Au XVIIe siècle, l'antique tradition hermético-alchimique s'épanouit ouvertement et se manifeste comme Philosophie
de la Nature.
Les deux premiers textes de ce recueil, qui gagnent à être confrontés, feront comprendre pourquoi et comment les
alchimistes, en contemplant « La Nature au Découvert »,
devenaient Philosophes.
Le premier, petit traité poétique manifestement destiné à l'impression, évoque le processus opératoire et sa révélation
sous la forme d'un dévoilement de la Nature.
Le second, qui se présente comme un enseignement « par correspondance », adressé par un praticien déjà parvenu à
l'oeuvre au blanc, à un impétrant aux secrets de Nature,
reprend, en les exaltant, les mêmes thèmes que ceux du traité
précédent. Plusieurs passages de ses lettres sont des témoignages
d'une extraordinaire intensité émotive sur les modalités
de la communication et de la communion réalisées entre
le Philosophe et la Nature.
Il faut savoir que ce dernier vocable, dans les traités classiques du temps, désigne, parfois expressément, la composition
canonique, composée artificiellement par l'oeuvrant de
corps minéraux, métalliques et salins pour devenir le support
d'une condensation, de l'incarnation d'un agent appelé parfois
esprit universel, car il anime tous les êtres, parfois lumière de
Nature, car il informe la conscience diffuse.
C'est cette lumière de Nature (normalement invisible), qui rend compte du caractère sapiential de l'alchimie, comme
aussi du rôle que joue la consigne du secret dans sa transmission.

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La plupart des traités invoquent, pour justifier leurs réticences, la responsabilité encourue en divulguant le secret de
la chrysopée: ruine de la structure sociale par avilissement
de l'or.
C'est là un raisonnement d'alchimiste (au sens précis qu'avait le vocable au XVIIe siècle), et non de Philosophe.
La motivation profonde de l'obédience de discrétion suivie par les maîtres est, croyons-nous, très différente: elle
tient d'abord à la nature magique du domaine et de la pratique
alchimiques, ceci surtout dans l'antiquité.
Les traités arabes ne manquent jamais de citer, parmi les applications de la Pierre Philosophale, le pouvoir de commander
ou de communiquer avec les génies.
La magie étant proscrite par l'Eglise, en Europe, la tradition hermético-alchimique occidentale, dans le véhicule écrit
de sa transmission, élimina complètement cet aspect de son
contenu pour n'en garder que les caractères apparents qui
l'assimilaient à une chimie vitaliste.
Mais la connexité de l'alchimie et de la magie se laisse entrevoir dans certains documents de caractère confidentiel.
Tel apparaît le troisième texte que nous publions ici et dont la présentation, sous la forme d'un testament, ne nous
semble pas relever de l'artifice, ni d'un genre par ailleurs
assez représenté dans le corpus alchimique.
Nous avons même, comme on le verra, découvert des indices permettant d'imputer ce Testament d'Or au célèbre
Elias Artista.
Son origine rosicrucienne est probable et l'intérêt de son contenu, non moindre que celui des documents précédents,
quoique relatif à un aspect différent de la pratique opératoire.


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L'OR POTABLE DES ANCIENS


STANCES, AVEC UNE PETITE INTERPRÉTATION SUR CHAQUE QUATRAIN
Au lecteur

J'ai bien voulu avertir ici les curieux de l'art hermétique qu'ils aient pour recommandé la connaissance de la Nature
avant que de passer outre aux quintessences des sels et
extraction de celle du soleil et teinture de quelque manière
que ce soit. Car celui-là perdra son temps et souffrira perte
et dommage en faisant autrement. C'est pourquoi je vous
ai adressé ce petit traité, lequel enseigne toute méthode et
pratique qu'il faut tenir pour connaître la Nature et comment
les éléments se font et engendrent journellement choses
diverses par leurs mouvements que les anciens ont nommé
circulation, de laquelle avec le temps est engendrée la rosée
philosophique dont est composée la matière qu'il faut prendre
pour faire leur or potable, vraie médecine et poudre physique
des anciens.
Prenez-la donc, et la décuisez, et travaillez ainsi que verrez ci-après tant que l'ayez menée à perfection, de laquelle
pourrez acquérir biens, santé et honneurs. Festina lente,
hâte-toi lentement.

Si la Thrace (1) a eu son parti Riche de l'or et de l'orphée
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(1) Thrace, pays de Mars où le mystère des Cabires était en vogue et où les Phéniciens l'avaient introduit et Xamolxis rendu célèbre après Orphée.

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Encore est ici le trophée D'un nouveau fleuve réparti
Au centre plus caché de la mère Nature Voyant de deux vapeurs (2) les sujets se former Je quitte avec plaisir des auteurs l'écriture Et ne veux plus du tout que d'elle m'informer.

Annotation

Ces deux vapeurs sont deux esprits contenant les quatre éléments, lesquels il faut bien et profondément considérer
comme étant la source et origine de toute la Nature parce
que celui qui n'en aura la vraie connaissance ni n'en saura
les vraies qualités et vertus demeurera toujours ignorant des
oeuvres naturelles et de toutes substances qui sont au monde,
et le Philosophe dit: « Ils errent, ils ont erré, ils erreront
parce que les Philosophes n'ont pas mis le propre agent, le
plus aisé et le plus court chemin est donc de quitter tous les
livres sophistiqués et s'attacher l'esprit à considérer les effets
de Nature.

Je commence et je vois du centre de la terre Par l'ardente chaleur du soleil radieux Sortir ces deux esprits, et se faisant la guerre Produisent les éclairs et la foudre à mes yeux.

Annotation

Il y a grande correspondance et sympathie entre le soleil sphérique et le soleil central, et c'est ce que dit Hermès au
commencement de sa Table d'Emeraude, car ce qui est en
haut est comme ce qui est en bas pour perpétrer les miracles
d'une seule chose; car nous voyons que le soleil de sa
nature tire à soi les vapeurs et humidités de la terre, comme
fumées épaisses ou rosées et brouillards, et les conduit en
haut tant qu'elles aient rencontré leur lieu naturel qui est
l'air, et lors ces vapeurs se forment en nuages et ces nuages
en eau laquelle, pesante et visqueuse, est contrainte de tomber


--------
(2) Ces vapeurs viennent l'une après l'autre, l'une est blanche et l'autre jaune; Nature vous conduira.

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et retourner en son centre qui est la terre de laquelle elle
ouvre les pores et cause par ce moyen une vapeur ou exhalaison
chaude laquelle tirée par l'ardeur du soleil en une
région froide de l'air cause l'éclair et le tonnerre.

Puis d'accord mutuel redoublant leur carrière Plus parfaits en vigueur vers les terrestres lieux Soit rosée et frimas, par diverses manières Ils vont tous deux ensemble et font tout pour le mieux.

Annotation

Les Philosophes ont considéré ce mouvement ascendant et descendant et l'ont appelé sublimation parce qu'en cette
action les choses subtiles sont faites épaisses et les massives
et corporelles sont faites légères et subtiles; ainsi donc ces
esprit diffèrent en naturel et après s'être fait longtemps la
guerre l'un à l'autre, s'accordent avec le temps et se font
amis, se joignant intimement ensemble, volant en l'air et
puis descendant ensemble en terre par laquelle descente
s'engendre le (UO+) ou rosée philosophique laquelle nourrit
notre terre et la fait germer et porter double fruit, d'où
s'ensuit:

La terre en est nourrie et tout ce qu'elle enserre, Végétaux, animaux, marcassites, métaux, Et l'homme même aussi, qui toujours est en guerre, Quoique né souverain de tous les animaux.

Annotation

Voilà donc véritablement ce que nous produit cette rosée ou liqueur; or comme nous reconnaissons que notre mère la
Nature avec ses ouvrières & entre autres, que son serviteur
l'Archée prend tant de peine à nous enseigner & découvrir la
route et voie qu'elle tient en tous ses ouvrages et opérations,
& comme sans artifice elle travaille par une même façon une
seule et unique matière en un même vaisseau, et cependant
engendre & produit diverses choses provenantes d'une unique
matière que les Philosophes ont nommé chaos engendré des-
dites deux vapeurs ou esprits premiers dont une des qualités
est active et l'autre passive,

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TEXTE PRÉLIMINAIRE

Selon l'Écriture Sainte, Dieu sépara les eaux des eaux, son esprit voltigeait sur icelles, les ayant séparées, des plus
pures il en fit les choses spirituelles comme les Anges, les
astres & les choses célestes, & des moins pures les quatre éléments,
desquels il forma le monde par le moyen des trois
principes, et tout ce qui est en lui, & rien ne se peut former
sans ces trois principes susdits, ce qui a fait connaître que
tout n'est qu'une chaîne faite de diverses chaînes.
Dieu ayant fait le monde qui n'était encore que dans un chaos, il sépara la lumière des ténèbres et plaça la lumière
dans le globe du soleil. L'univers fut peuplé de trois sortes
d'habitants, animal, végétable et minéral; tous trois ont leur
semence, celle des deux premiers est aisée à connaître, la
dernière n'est connue que des sages, qui se vient joindre avec
les deux autres par cent et cent circulations à ce frère raisonnable,
les savants les voient les connaissent, mais les autres
ne la peuvent pas comprendre, cependant ces trois règnes
sont les frères de l'homme parce qu'il est sorti de la même
matière, il est vrai qu'il a été anobli par l'âme raisonnable
que le créateur lui infusa par son souffle.
La Nature n'a qu'une seule & unique matière faite des quatre éléments et des trois principes mêlés avec une proportion
si juste qu'il ne se peut pas mieux, elle n'a qu'un
seul vaisseau pour ces sortes d'ouvrages, elle a un seul feu
pour tout, elle ne se sert pas de diverses voies, son soufre
est propre et concuisant, non décuisant.
Il faut que la nature et l'art soient d'accord pour opérer la dernière perfection, il faut qu'il s'allie avec elle, qu'il lui
demande la matière qu'elle a préparée pour cette haute
oeuvre physique qu'elle lui donne prête à être mise en un

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vaisseau de verre qui lui sert de matrice, dans lequel estant,
l'artiste a soin de le boucher hermétiquement et lui donner
un feu externe convenable, & dans 40 ou 42 jours cette
matière se tue elle-même, demeure morte 40 autres jours au
bout desquels elle ressuscite peu à peu & jette quantité de
larmes de se voir prisonnière, enfin peu à peu elle se fortifie,
& de vilaine et vile qu'elle était, elle devient belle, précieuse
et merveilleuse, & pendant le temps de 12 mois pour
la lune & près de 20 pour le soleil, elle change en divers
états, elle prend diverses formes et couleurs, & c'est la raison
pour laquelle les auteurs lui ont donné tant de noms &
mis dans leurs livres tant d'opérations diverses, lesquelles se
font dans un seul vaisseau sans y toucher de vos mains
depuis le commencement jusqu'à la fin.


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LETTRES PHILOSOPHIQUES

Monsieur,

Ce n'est pas une petite science que la physique ni un petit travail que celui de son oeuvre. Pourtant plusieurs l'entreprennent
témérairement sans s'être donné la peine d'en connaître
auparavant les principes et c'est ce qui fait qu'elle se
trouve méprisée et que, quoiqu'elle soit très véritable, presque
tout le monde la croit fausse parce que tous les opérateurs
après avoir bien cherché ne trouvent que leur ruine. La
raison de ce est qu'ils n'ont pas connu la Nature jusque
dans son centre et la plupart sont de cette croyance qu'il ne
faut que l'or et le mercure communs pour faire cette tant
riche et recherchée médecine.
D'autres pensent qu'il ne faut que des sels, rosées et autres choses que la Nature a déjà spécifiées, chacune pour
être ce qu'elles sont et c'est ce qui fait que tant d'hommes
achoppent à cette conquête, ne connaissant pas l'unique
matière qui cause toutes les merveilles qui se font par le
moyen de ce divin ouvrage, et au lieu d'en faire une exacte
perquisition, s'amusent à travailler sur des recettes que divers
charlatans leur baillent sans vouloir se donner la peine de
lire les véritables auteurs, lesquels en traitent candidement et
sans envie, mais à la vérité, un peu obscurément pour empêcher
que les méchants ne les puissent comprendre. Mû de
pitié et de compassion de voir tant de souffleries et tant
d'hommes qui perdent leur temps et leur bien après icelles,
j'ai résolu de donner quelque éclaircissement sur ce sujet
pour par icelui tâcher d'empêcher toutes ces pertes et la
ruine de plusieurs.

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Je dirai donc que celui qui sera appelé par un secret instinct à la recherche des secrets de la Nature doit s'adresser
en premier lieu au Tout-Puissant et le prier de diriger son
esprit et son entendement pour qu'ils ne s'égarent jamais.
Après, il doit avoir une forte application à étudier où les philosophes s'accordent, et là où ils sont d'accord avec
nature et raison; peser mûrement tous leurs discours et faire
réflexion pourquoi et à quelle fin ils disent les choses qu'ils
disent, lesquelles semblent n'être pas nécessaires d'être mises
dans les discours qu'ils font sur cet ouvrage, lire et relire
plusieurs fois une même chose et enfin considérer ce que
c est que la Nature, car dans icelle toutes choses sont contenues
mais peu d'hommes peuvent pénétrer jusqu'à cet
endroit parce que tous croient la bien connaître et c'est ce
qui les trompe et les empêche d'approfondir jusqu'à sa connaissance
entière cette science qui est la plus haute et la plus
véritable qui soit au monde, de quoi j'ai résolu de dire quelque
chose pour donner quelques lumières aux studieux de cet
art.
Je vous avertis donc en 1er lieu que la matière de laquelle se servent les philosophes pour leur ouvrage est une nature
unique, simple, commune qui se trouve partout, que les pauvres
peuvent avoir aussi bien que les riches, et quoique les
philosophes lui donnent plusieurs noms elle n'en a qu'un
propre, mais possédant tous les autres en puissance; ils
disent vrai parce qu'elle est mâle et femelle, hermaphrodite,
et a soufre mercure et sel en elle, comme aussi feu, eau, air,
terre, mais le tout n'est aussi qu'en puissance, à la réserve
de deux, lesquels deux ne sont qu'une même chose et une
même matière, parce qu'ils sont si étroitement unis qu'ils ne
peuvent s'en faire l'un sans l'autre, ni rester l'un sans
l'autre, laquelle matière la Nature nous donne toute préparée
et prête à mettre dans notre vaisseau, et toutes les préparations
que les auteurs nous montrent sont celles de la Nature,
et ils ne les disent que pour amuser les ignorants de cet art,
car, comme dit très bien le Trévisan, il n'est pas possible à
I art de faire la matière car si cela était la Nature n'y serait
pas requise, ainsi donc ne vous amusez pas à faire leurs préparations
mentionnées dans les philosophes lesquelles ils
n ont mises que comme je vous ai dit pour amuser les ignorants.
Ils vous disent aussi qu'il faut extraire cette matière de nos corps ce qui est très vrai mais dans ce passage si vous

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LE TESTAMENT D'OR


PRÉFACE
Bien que je n'eusse pas résolu de laisser ce grand secret des anciens savants à aucun homme par écrit, je l'ay néanmoins
fait par cette affection et amour que j'ai pour toi,
sachant que tu aurais bien de la peine à en venir à bout
autrement, parce que la vie est courte, et cet art fort caché;
mais puisqu'une si précieuse perle n'est point pour des pourceaux
& qu'il faut qu'on travaille un tel présent du ciel avec
prudence et piété, c'est avec constance que je me suis déclaré
envers toi et que je te conjure par ma main et bouche saintement,
premièrement de garder fidèlement cet écrit de tous
ceux qui sont méchants, avaricieux et vicieux, deuxièmement
de n'en avoir d'autre but que la gloire de Dieu créateur de
lumière, et la commodité de ton pauvre prochain. Garde-le
étroitement de peur que mon âme ne t'accuse au jour du
jugement. Je t'écris donc ce traité sur la place qui m'est destinée
au ciel, tout comme j'ai trouvé ce trésor précieux et
comme je l'ai touché de mes doigts. C'est pour cela que je
l'ai souscrit de mon propre sang, mourant à Leyden le 23
mars 1672.


Rx au nom de Dieu du plus pur et net sel de mer, comme il est cuit par le soleil; il vient d'Espagne par mer.
Le mien était de St.Uby. Faites-le bien sécher dans
quelque lieu chaud, pillez-le bien subtilement en poudre dans
un mortier de marbre affin qu'il se puisse dissoudre plus
facilement en eau de rosée dans le mois de mai ou de juin
quand la lune est dans son plein. Remarquez que quand la

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rosée tombe avec un vent d'est ou de sud-est, il faut avoir
planté des pilons d'un pied en terre; mettez dessus de
grands carreaux de verre sur lesquels la rosée s'attachera (on
expose les carreaux quand le soleil est couché et on les ôte
une demi-heure après son lever). Alors ayez un vase de verre
dans lequel vous recevrez la rosée qui sera sur les dits verres
plats, par un de leurs coins. Faites ceci tant que vous en
ayez assez, car tout le quartier de la pleine lune est bon: en
autre temps la rosée est trop faible. Ensuite il faut bien boucher
le verre avec de la cire jusqu'à ce que vous en ayez
besoin afin que les esprits ne se perdent pas et pour cet
effet les mettre dans un endroit froid et non chaud.
Rx du sel pillé et le jetez dans un verre bien net où vous aurez mis de cette rosée pour le dissoudre peu à peu autant
qu'elle en pourra dissoudre, ce que vous connaîtrez si le
dernier sel reste quatre jours sans se fondre. Alors c'est
signe qu'il y en a assez et la rosée a son poids naturel
comme la semence dans la matrice.
Rx à discrétion de cette eau imprégnée de sel. Pour moi j'en ay mis 2 £ (1); mettez-la en une fiole à courte queue à
peu près de cette figure: (HO). Remplissez-la (2) et lutez adroitement
(pour moi je laisserais les trois quarts vides) comme
j'apprendrai à faire en appliquant en même temps à son ouverture
un couvercle qui ait justement la grandeur qu'il faut, ce
qui doit se faire fort adroitement afin que les esprits subtilisés
et vifs de la rosée ne s'évaporent, car quand ils sont partis
l'âme du sel ne saurait jamais être ramenée, ni l'ouvrage
réussi à bien; faites sécher le lut de lui-même et mettez la fiole
dans le fourneau du B.M. comme je vous montrerai à faire
pour le faire pourrir. Bouchez-le donc de bonne boue; à cet
effet, faites sécher le lut de lui-même et donnez le moyen
degré du feu (3) et le laissez digérer (4) 40 ou 42 jours et vous
verrez la matière devenir noire, qui est une marque de sa pourriture.
Lorsqu'elle sera en cet état (5), mettez ce verre avec sa


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(1) Ms B.N.: une £ et demie à peu près. Variantes du Ms B.N. 4039 N.F.: (2) Et faut que la bouteille soit toute pleine de cette eau, et couvrez-la bien de lut moyennement épois et faites-lui un couvercle bien artistement avec du bon lut
moyennement épois aussi, crainte que les esprits de la rosée ne s'envolent, car
lorsqu'ils sont partis l'opération ne réussit pas.
(3) Qui est la chaleur de la poule qui couve (la fiente de cheval a ce degré). (4) De 40 à 45 jours jusqu'à 50 jours au plus. (5) Ayez un fourneau de lampe physique mettez-y la fiole.
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matière à une boulle de bois (6) au fourneau au sec; donnez
un bas degré de feu et continuez cela 13 (7) jours également.
Alors la matière commence à se coaguler et devenir comme sel grisâtre à l'entour du verre, et quand vous remarquerez
cela ne donnez plus de feu affin qu'elle ne sèche trop
et la laissez refroidir insensiblement d'elle-même; alors mettez
votre verre au fourneau à pourrir comme devant, donnez
le même degré de feu et continuez 40 jours (8), et la masse
se résoudra d'elle-même; mais il faut bien prendre garde de
rompre le lut, et quand vous le mettrez au fourneau à pourrir,
il faut couvrir le goulot avec un morceau de bois fait
exprès, avec un petit chapiteau de verre affin que l'humidité
ne le gâte pas, et quand vous verrez que la matière commence
à noircir (9) mettez le verre à congeler, et lorsqu'elle
sera grisâtre (10) et s'attache au verre, mettez-la pour la troisième
fois et la quatrième à pourrir, et faites comme auparavant,
et continuez cela en pourrissant et congelant jusqu'à
cinq fois ou bien jusqu'à ce que vous voyez que votre eau
soit claire, nette et transparente dans la résolution et blanche
comme neige dans la congélation; alors elle est préparée et
devenue en sel fixe; mais avant que d'ouvrir la fiole pour
la prendre, il faut auparavant, d'abord la faire résoudre en
belle eau et ensuite la laisser refroidir doucement.
Ouvrez ensuite la fiole et vous trouverez la matière diminuée d'une troisième ou quatrième partie environ, mais au
lieu d'eau salée c'est une espèce d'eau très douce et très
pénétrante, un peu épaisse, laquelle est (11) cachée par les
Philosophes sous des noms singuliers, et c'est le mercure des
Philosophes; c'est l'eau dont le soleil et la lune sont faits,
car comme on dit que le soleil est son père et la lune sa
mère, ainsi vous trouverez dans cette eau la puissance des
deux luminaires véritablement ensemble dans leurs propriétés
naturelles. Si vous prenez 15 ou 25 gouttes de cette eau, elle
fortifie l'esprit; la mémoire, rend sage et donne des révélations


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(6) Creuse pour coaguler. (7) 12 à 15 jours. Variantes du Ms B.N. 4039 N.F.: (8) 40 à 50 jours au plus. (9) Et si vous voyez encore de la matière qui ne soit pas toute noire, remettez-la encore à congeler.
(10) Et si vous voyez qu'elle devient grise et qu'elle s'attache, remettez-la comme vous avez fait aux deux précédentes, à pourrir, & coaguler jusqu'à six fois...
Variantes du Ms B.N. 4039 N.F.: (11) Appelée par les Philosophes eau céleste ou autrement eau mercurielle.
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**** A T T E N T I O N ****

Fin du texte de ce document, ce document étant sujet à droits d'auteur.
**** A T T E N T I O N ****



Table des matières

Avertissement ....................................... 5
Introduction à L'Or potable des Anciens ............. 7
L'Or potable des Anciens............................. 14
Introduction au Petit Recueil de lettres et répliques de
Lettres Philosophiques............................... 28
Texte préliminaire................................... 32
Première lettre...................................... 34
Réponse à une lettre écrite à un Philosophe.......... 42
Réponse du Philosophe inconnu........................ 54
Troisième lettre du Philosophe inconnu............... 70
Autre lettre ........................................ 76
Songe ............................................... 78
Introduction au Testament d'Or....................... 87
Le Testament d'Or ................................... 93
Notes de l'éditeur .................................. 101

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DANS LA MEME COLLECTION



-- D. Stolcius: Viridarium Chymicum ou le jardin chymique.
Traduction et commentaires de B. Husson.
-- J. Le Tesson: L'OEuvre du Lion Verd. Texte collationné
et établi par B. Husson.
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N° d'imprimeur : 3879 Dépôt légal : 2e trimestre 1979
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