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Réfer. : 2008 .
Auteur : Saint Hilaire Paul de
Titre : Lecture Alchimique de la Grand-Place de Bruxelles.
S/titre : .
Editeur : E. du Cosmogone.
Date éd. : 2002 .
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**** A T T E N T I O N ****
Ce document étant sujet à droits d'auteur,
n'est composé que du début, et des tables éven-
tuelles. Reportez-vous aux références ci-dessus
pour vous le procurer.
**** A T T E N T I O N ****
Du même auteur :
La Belgique mystérieuse*, Rossel, Bruxelles, 1973
Introduction à l'énigme des labyrinthes, Nardon, Bruxelles, 1975
La Flandre mystérieuse*, Rossel, Bruxelles, 1975
L'Ardenne mystérieuse*, prix Adrien de Prémorel, Rossel, Bruxelles, 1976
Bruxelles mystérieux, Rossel, Bruxelles, 1976
Le Mystère des labyrinthes, Rossel, Bruxelles, 1977
Les Saints d'après leurs attributs, CBDS, Bruxelles, 1977.
(2e éd. augmentée, Amis de Cassandre, Bruxelles, 1993.)
Bruxelles, Grand-place, Rossel, Bruxelles, 1978
Bruges, Cité du Graal, Rossel, Bruxelles, 1978
Bruxelles, mille ans de mystères, Rossel, Bruxelles 1978
Liège et Meuse mystérieux I- II, Rossel, Bruxelles 1980-1982
Itinéraires mystérieux d'un gourmand en Ardenne, Rossel, Bruxelles, 1980
Histoire secrète de Bruxelles, Albin Michel, Paris, 1981
Ainsi parla Nostradamus, Rossel, Bruxelles, 1982
Atlas du Mystère, RTL Edition, Luxembourg, 1985
Affaires secrètes du IIIe Reich, en collaboration avec Jacques de Launay, RTL
Edition, Luxembourg, 1986
Sites de la Belgique mystérieuse*, Éd. Léo, Bruxelles, 1988
Le Coq, mythes & symboles, Prix de l'Ethnie française, Dédale Éd., Paris, 1990
Les Saints guérisseurs, symboles et attributs*, Sympomed-Édimed, Bruxelles, 1991
Les sceaux templiers et leurs symboles, Pardès, Puiseaux, 1991.
L'univers secret du Labyrinthe, Robert Laffont, Paris 1992.
Bruges, le Temple et le Graal*, Sympomed-Édimed, Bruxelles, 1993.
Breaking the code of mystery : Mystery of the Lamb of God**, Motovun,
Lucerne, Londres, New-York. VGS, Cologne, 1994.
Le Coq, Philippe Lebaud, Paris, 1995.
Le Chat, Philippe Lebaud, Paris,1997.
L'affaire des Juges intègres, Le stylite, Bruxelles, 1999.
* Traduits en néerlandais. ** Traduit en allemand, en tchèque et en néerlandais.
Illustration de couverture : Pascal ARBOI.
La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute
représentation ou reproduction intégrale ou partielle faire par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de
l'auteur ou de ses ayant-droit ou ayant-cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles
425 et suivants du Code Pénal.
Editions du Cosmogone, Lyon, 2002.
ISBN 2-914238.09-6
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LECTURE ALCHIMIQUE
DE LA
GRAND-PLACE DE BRUXELLES
où en sont expliquées les enseignes d'après
la Toyson d'Or de Salomon Trismosin par
PAUL DE SAINT-HILAIRE
Préface de Patrick Rivière
Enrichi de 200 belles figures tracées à la plume
ou tirées d'anciens traités par
RENÉ RICAILLE
Maître graveur
à l'enseigne des Trois Roses
A LYON
après approbation
des ÉDITIONS DU COSMOGONE
MMII
@
Nous remercions René Ricaille,
peintre, professeur de Beaux-arts et Maître graveur,
pour les illustrations de cet ouvrage.
« Il a toujours été fasciné par les mondes de pierres brutes ou
taillées de la main de l'homme, par la destinée de la planète
Terre, et par l'écologie « transmudimensionnelle » qui va
chercher au fond des civilisations non seulement la
transmutation des métaux mais également des dimensions
cosmiques inédites ».
Alain Viray (critique d'Art)
@
Heureux l'homme qui ayant oeuvré avec précaution, est
parvenu à la Connaissance. Car cette recherche a plus de
valeur encore que celle de l'argent et le fruit qu'on en tire vaut
mieux que l'obtention de l'or le plus fin et le plus pur. Elle
surpasse en prix toutes les richesses et l'objet des désirs les
plus fous ne peut lui être comparé. Elle dispense de la main
droite la longueur des jours et de la gauche richesse et gloire.
Ses voies sont merveilleuses et tous ses sentiers sans hâte. Elle
est pour ceux qui comprennent, l'arbre de vie et celui qui
persiste dans sa voie, réussit.
Prov. 3, 13-18.
@
@
PREFACE
DE PATRICK RIVIÈRE
Qui ne connaît l'oeuvre magistrale de Paul de Saint-Hilaire, nous
livrant les nombreux mystères du « plat Pays » où il exerça son incontestable
talent d'écrivain et de conteur ! Une quarantaine d'ouvrages à son actif; il
jeta plus particulièrement son dévolu sur la capitale belge aux « sept
mystères » Bruxelles dont l'origine du nom remontait aux anciens Celtes
gaulois (Bruc-sela),
désignant ainsi « la Chapelle sur la Lande »...
Ceci nous ramenant au curieux ouvrage publié en 1646, intitulé
Bruxella Septenaria Descripta (
chez Jean Mommaert, maître
imprimeur à Bruxelles) et émanant de la plume du distingué Erycius
Puteanus qui y défend la thèse originale suivant laquelle la ville de Bruxelles
aurait été régie par le nombre sept associé à Pallas-Athéna. Ainsi Paul de
Saint-Hilaire entame-t-il le second chapitre de son Bruxelles mystérieux
(Kossel éd. 1976).
Son intérêt alla croissant pour la divine Science d'Hermès et
l'ouvrage dont nous avons le privilège de présenter au public l'édition inédite
tant attendue, porte précisément sur le symbolisme manifestement
alchimique
de la Grand-place de Bruxelles. Quelle pertinence dans les
relations qu'il établit entre celle-ci et les allégories ornant la Splendor Solis
de Salomon Trismosin, de même que les incontournables allusions à l'oeuvre
magistrale de Fulcanelli Les Demeures Philosophales,
surtout en son
@
tome II principalement consacré à l'étude des caissons du château de
Dampierre-sur-Boutonne.
Rendons ici un hommage posthume à celui qui sut restituer son
caractère proprement hermétique
à l'ouvrage de pierre exécuté sous la
forme d'un grimoire
par les maçons libres de la Loge bruxelloise des
Quatre Couronnés,
de laquelle devait s'illustrer maître Guillaume de
Bruyn.
*
* *
La représentation lapidaire de sainte Barbe considérée à juste raison
par notre auteur comme sainte-patronne de l'Art Royal
et des alchimistes,
s'offre tout d'abord aux yeux du visiteur dans une statuaire impressionnante
à l'égal de sa legenda
sur laquelle nous nous étions nous-même penché il y
a un quart de siècle (in revue Atlantis,
n°281, 1975). Sainte Barbe est en
effet issue de l'Arbre de Jessé,
tout comme la Vierge Marie. Très jeune,
elle était déjà d'une grande beauté. Son père Dioscore, un des favoris de
l'empereur Maximin 1er, l'avait élevée dans le paganisme et à l'abri du
monde, recluse dans une tour. Mais très tôt l'enfant s'était refusée à accepter
l'éducation que son père lui imposait et une vie spirituelle intense lui avait
permis de croire en l'existence d'un Dieu unique. Chaque jour la jeune fille
cherchait à s'élever davantage, emprisonnée dans sa tour, jusqu'à un beau
matin, où son père éloigné d'elle pour quelque temps, elle reçut la visite d'un
saint prêtre envoyé par Origène et qui lui administra le baptême, lui
conférant l'Esprit-Saint ainsi que la notion de Trinité. Et d'ailleurs, pour
honorer les trois hypostases en une, Barbe fit percer un troisième trou comme
fenêtre à sa tour, qui jusque là n'en comportait que deux. Lors de son retour,
son père fut courroucé de ce qu'il apprit et décida de ramener de gré ou de
force sa fille au paganisme. Mais celle-ci s'y refusa tant et si bien qu'elle
s'enfuit dans la campagne en courant à travers champs, jusqu'à la rencontre
..............................................................................
21
PROLOGUE
OU
LA SPLENDEUR DU SOLEIL
Si nul ne songe plus à mettre en doute la valeur
ésotérique de certaines cathédrales comme celles
de Paris, de Chartres ou d'Amiens, on a moins
souvent souligné l'intérêt majeur porté par
l'Église catholique elle-même aux sciences
hermétiques et plus spécialement à la recherche
de la pierre philosophale. La plupart des
alchimistes médiévaux sont en effet des religieux
ou des prêtres. Et l'on ne s'étonnera guère qu'ils
aient voulu faire de leurs églises et abbatiales le
bréviaire des faiseurs d'or, présents et à venir.
Ayant fait choix d'une langue réservée à une minorité d'initiés, celle des
symboles, ils s'adressèrent tout naturellement aux corporations de bâtisseurs
pour transcrire leurs instructions dans la pierre, matériau durable par
excellence. Jusqu'au jour où Rome, aux prises avec la Réforme, estima avoir
de plus immédiates préoccupations et ferma ses derniers chantiers. Sans plus
une cathédrale à bâtir, les maçons se retrouvèrent avec une connaissance, un
langage et leur habileté sur les bras.
C'est alors que l'alchimie descend dans la rue. Palliant la démission du clergé,
les princes, les bourgeois, enfin les maçons reprennent à leur compte la
transmission de l'Art royal. Un peu partout s'édifient ce qu'on a convenu
@
22 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
d'appeler les « demeures philosophales ».
Celles de Rouen, de Lisieux,
l'hôtel Lallemant à Bourges avec le palais de Jacques Coeur, les châteaux du
Plessis-Bourré, de Dampierre-sur-Boutonne, l'hôtel de ville de Munster en
Westphalie et d'autres sont connues et figurent avec cette qualification dans
les guides bien informés. Cependant, le chef d'oeuvre de cette architecture
hermétique est sans contredit, même si on ne s'aventure pas trop à le
proclamer, la Grand-place de Bruxelles.
Les circonstances qui ont entouré la naissance de ce grimoire extraordinaire
ont un côté inexplicable. En fait, l'oeuvre avait débuté dès 1640. Mais en août
1695, à l'issue du bombardement de la ville par le duc du Maine, il ne reste
debout sur la place que les murs de l'hôtel de ville et la seule façade de la
Louve. La municipalité et la population se débattent dans un maquis de
difficultés financières et un paupérisme d'où sortiront l'insurrection de 1718
et le supplice du doyen des Métiers Anneessens. Néanmoins, sur des
directives et avec des fonds dont l'origine reste mystérieuse, on se met
immédiatement à l'oeuvre.
Le 24 avril 1697, alors que s'achèvent les travaux de déblai, une ordonnance
intervient défendant aux propriétaires comme aux ouvriers, sous peine de
démolition et d'amendes, de bâtir sans que les plans aient été au préalable
approuvés et reconnus conformes, entendu « qu'il est raisonnable de mettre
les pignons en harmonie les uns avec les autres.» Cette condition, si elle
explique l'homogénéité architecturale, aurait dû s'ajouter au manque de
ressources et à l'insécurité pour mettre un frein à la reconstruction. Or, il
n'en fut rien. Cinq ans plus tard, la Grand-place est entièrement relevée de
ses ruines. Et le contrôleur-général de Bruyn peut grimper sur un
échafaudage et lancer aux compagnons cette apostrophe significative :
« Vous avez eu la conscience de travailler pour l'éternité! »
Ce n'est pas, n'en déplaise à d'aucuns, en sculptant quelques enseignes de
négoce qu'on a oeuvré pour l'éternité. La phrase lancée par celui qu'on peut
à juste titre considérer comme l'auteur de la Grand-place devait dès lors se
rapporter à l'un ou l'autre secret, dissimuler un sens à la seule portée - à
preuve l'indifférence des historiens - de ceux à qui elle s'adressait : les
maçons des Quatre Couronnés. Une loge opérative bruxelloise dans laquelle
comme son père, Guillaume de Bruyn s'était fait recevoir, avant d'être
nommé Maître maçon de la cour, puis magistrat de la ville.
*
* *
@
Prologue 23
Ses paroles énigmatiques, le Maître maçon bruxellois ne les avait pas
prononcées de n'importe où sur la place, mais du midi qui est en loge le
siège de l'orateur. Egalement du haut de l'Arbre d'or, sous une statue
équestre dorée de pied en cap, celle de l'Électeur Maximilien de Bavière,
arborant sur son armure comme autour de son blason un étincelant collier
de la Toison d'or.
Depuis ce jour mémorable circule sur notre cavalier des toitures, à présent
mué en Charles de Lorraine, une curieuse légende, ou mieux un rébus à
propos duquel il est de bon ton de sourire, même si aucune solution n'y est
jamais proposée. « C'est lui ! » lancerait-il en tendant le bras vers une seconde
statue, censée représenter un saint Boniface au faîte de la façade du Tailleur.
Lequel protesterait vigoureusement, désignant à son tour d'un index
catégorique le saint Nicolas juché sur le toit du Renard. Mais de quoi
s'accusent mutuellement ces trois-là ? Les Bruxellois seraient bien en peine
de vous le dire aujourd'hui, même si certains se réfèrent avec un clin d'oeil à
l'hypothétique paternité d'un enfant que tient contre elle au gable du Cygne,
une allégorie de... l'Agriculture
A ce jeu de la devinette où nul ne peut plus gagner aujourd'hui, un alchimiste
cependant ou tout simplement un de ces marchands d'or qui tenaient jadis
échoppes autour de la place, aurait pu apporter une solution. Car les mots de
Toison d'or ne pouvaient manquer d'évoquer pour ceux-là le titre d'un des
plus prestigieux traité d'alchimie du début du seizième siècle, oeuvre de
Salomon Trismosin, qui a connu nombre d'éditions en latin, allemand et
français, l'une d'elles étant précisément sortie en 1613 à Paris.
Au gable du Tailleur d'en face, le saint Boniface mis en cause n'en est pas
moins singulier en dépit du chêne, son attribut, sculpté dans un écu à ses
pieds. Car celui-là était évêque alors que le nôtre, coiffé d'un bonnet en guise
de mitre, est vêtu d'une blouse lui découvrant le genou, ainsi qu'il sied plutôt
à l'Adepte au fourneau.
Boniface s'appuie sur le blason de la corporation des tailleurs d'habits dont il
était le patron. Cependant plus bas, une inscription latine parle de « sartor »,
ce qui veut dire : ravaudeur. Un tailleur se serait formalisé de l'épithète si ce
Sartor n'était justement pas l'anagramme alchimique de Sator,
le semeur ou
l'Adepte. Mais encore de Rota, la roue, laquelle est un autre attribut de ce
saint, emprunté par lui aux armoiries de ses diocèses de Mayence et d'Erfurt.
Il s'agit en fait d'une forme très élaborée de rébus car sous le masque de
l'Adepte d'Erfurt se cache bien mal pour l'initié un nommé Basile Valentin,
moine de Saint-Pierre, l'abbaye qu'avait précisément fondée en cette ville
..............................................................................
30 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
LA MATIÈRE PREMIÈRE
Trois oves rangés, celui du centre orné du buste d'un personnage barbu, étant
saint Pierre, accompagné en chef de deux clefs et d'une tiare, et en pointe
d'une paire de buies ou ceps de forçats. Posés sur deux faux en sautoir, les
oves qui l'entourent sont décorés en chef d'un sablier ailé et en pointe d'un
crâne lauré et ailé, soutenu par deux tibias croisés.
L'Adepte ne peut oeuvrer sans sa matière
première, dont les traités s'accordent à dire
qu'elle est à extraire du sol, friable et terne.
Pourtant son aspect varie de la masse solide et
cassante à la gelée gluante ou à une colle verdâtre.
Elle est repoussante pour la plupart et dégage de
fortes odeurs nauséabondes. Pierre Breughel
ajoute au bas de sa gravure montrant le
laboratoire du souffleur - celui qui travaille sans
savoir au juste sur quoi - qu'elle est à la fois
commune et rare, de médiocre valeur et trouvée partout, insérée dans les
quatre éléments, abondante dans l'air, sans être un minéral. Et il invite son
héros malheureux à suivre à la lettre la description qu'il vient de faire pour
la repérer dans la nature.
@
Préambule 31
L'Adepte de Dampierre n'est pas d'un autre avis sur la valeur intrinsèque de
cette substance, résumant sa pensée en une phrase lapidaire :
EN RIEN GIST TOVT
car de ce corps insignifiant naîtra le précieux or philosophique.
Nous savons encore que, bien que composée des quatre éléments, la matière
cherchée est triple, comme un oeuf dont la coque renferme le blanc et le
jaune. Aussi trois oves la symbolisent-elle à l'église Saint-Nicolas comme
dans le laboratoire du
Mutus liber. De plus, il faut pour la préparer se placer
sous la protection de la sainte patronne de l'Art Royal, qu'on nomme fort à
propos et curieusement : Barbe.
La matière première, déterminée d'après les critères énumérés, sera dans les
proportions requises, mise à fermenter dans un tonneau de chêne, comme les
trois enfants dans le saloir, ressuscités par le grand saint Nicolas. C'est au
terme de cette opération préliminaire que débute le grimoire de pierre sculpté
dans les façades de la Grand-place de Bruxelles.
@
- I -
LA CALCINATION
@
33
Après sa putréfaction, la matière première ainsi que
nous l'avons définie, additionnée de soufre rouge, est
pulvérisée au moyen d'un feu extérieur modéré qui,
sans détruire les valeurs séminales et germinatives
propres à ces substances, les réduit en huile
vitriolique afin d'en pouvoir recueillir les cendres.
Les sept maisons qui au nord de la grand place
expriment ensemble la Calcination sont
la Notre-Dame
l'Âne
la Sainte-Barbe
le Chêne
le Petit-renard
le Paon
le Heaume
@
34 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
PREMIER HIÉROGLYPHE
Dans un cartouche en forme de vase ouvert, une Vierge couronnée et portant
l'Enfant à senestre, tient de la main droite un rameau à sept feuilles et un
sceptre étoilé. Elle a le visage noir et le ventre orné d'un soleil rayonnant sous
lequel est assis un lion prêt à le dévorer. Entourée de flammes, elle est debout
entre deux cornes d'abondance, débordant de grenades et autres fruits.
Les attributs de cette Vierge, rameau verdoyant,
fruits, enfant, montrent à suffisance qu'il s'agit
d'une de ces déesses-mères, antique symbole de la
Terre et de sa fécondité. Or ce que les Adeptes
appellent Terre est selon le
dictionnaire mytho-
hermétique de dom Pernety, la Matière des Sages
en putréfaction. Ils lui ajoutent parfois le
qualificatif de sulfureuse parce qu'il leur faut la
marier au soufre.
Le soleil que notre Vierge porte sur le ventre et
le feu dont elle sort couronnée annoncent que cette Terre sulfureuse
fécondée va dans le matras qui la contient, enfanter par la chaleur des
flammes, l'or des Philosophes. Ses entrailles sont le domicile de cet or,
comme le signe du Lion est dans le zodiaque celui du Soleil. Aussi distingue-
t-on brodé sur sa robe, comme il est gravé au frontispice du Trismosin ou
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**** A T T E N T I O N ****
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147
LEXIQUE
des termes utilisés
pour une lecture Alchimique
de la
Grand-Place de Bruxelles
| Air. Un des quatre éléments. Voir
|
| Éléments.
|
A |
|
| Alchimie. Nom ancien de la chimie,
|
Ache. Plante herbacée des marais salants | de la Philosophie naturelle qui apprenti à
|
qui, selon les Anciens, procurait | faire les métaux sur la terre, en imitant les
|
l'immortalité. Elle est un élément de | opérations de la Nature sous terre, d'aussi
|
l'architecture gothique. En héraldique, | près qu'il est possible.
|
l'ache orne certaines couronnes des titres les |
|
plus élevés, marquis, duc, etc. En alchimie, | Alchimiste. Il est aussi appelé Sage,
|
l'ache placée dans un pot forme un rébus | Philosophe ou Adepte. Quelquefois l'Amant
|
qui doit se lire : potasse. Voir : Potasse, Sel. | par référence au Roman de la Rose, ou encore
|
| l'Amateur, l'Artiste.
|
Acier. Ce que les Sages appellent leur acier |
|
est leur matière première, purifiée à l'issue | Aliboron. Surnom de l'âne chez certains
|
d'une coction préparatoire et prête pour le | auteurs anciens. Ignorant qui se prend pour
|
grand oeuvre. Il est symbolisé par le heaume. | un savant.
|
|
|
Adepte. Terme qui avec ceux de Sage ou de | Allégorie. Procédé qui permet d'exprimer
|
Philosophe, désigne l'alchimiste dans sa quête | une idée par une ou des images. A ne pas
|
de la pierre philosophale. | confondre avec le symbole.
|
|
|
Aigle. Nom féminin que les Philosophes | Amalgame. Alliage du mercure, principe
|
Ont donné à leur mercure après sa | femelle, avec un autre corps considéré
|
sublimation, à cause de sa volatilité. Chaque | comme principe mâle, qui ne s'opère qu'au
|
sublimation est représentée par une aigle. | moyen du feu.
|
@
148 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
Amalthée. Chèvre qui fournit le lait dont | Apollon. Il représente le soleil, ou le feu de
|
fut nourri Jupiter. Une de ses cornes devint | l'Adepte qui, au cours de la coagulation tue
|
la fameuse corne d'abondance. | de ses flèches le serpent Python, issu du
|
| limon de la terre. Le laurier de la victoire
|
Amant. Nom quelquefois donné à | était dédié à Apollon.
|
l'alchimiste par référence au Roman de la rose, |
|
c'est aussi en d'autres occasions l'allégorie | Arbre sec. Un des symboles de la matière
|
du principe mâle. | première, enfermée dans le récipient où elle
|
| pourrit.
|
Amman. Titre donné à Bruxelles au prévôt |
|
de justice. Un jeu de mots en fait ici l'Amant | ARBRE D'OR. Matière première trans-
|
et le principe mâle. | formée et devenue pierre au rouge. Voir : Chêne.
|
|
|
Androgyne. L'androgyne métal est celui | &Arbre de Vie.& Nom que les Philosophes
|
obtenu par l'union des principes mâle et | ont donné à leur élixir, parce qu'il est alors la
|
femelle. | médecine des trois règnes, ou leur panacée
|
| universelle.
|
Âne. Généralement symbole de l'ignorance, |
|
l'âne représente en alchimie l'apprenti et | Archange. Les archanges, qui sont au
|
porte la matière première qui servira à la | nombre de sept, étaient assimilés chacun à
|
transmutation métallique. Ce symbolisme est | une planète, mais aussi à un métal. Voir :
|
fondé sur l'Âne d'or du poète Apulée et les | Saint Michel.
|
différentes épreuves qui conduiront l'animal |
|
à brouter les roses qui lui redonneront sa | Argent-vif. Les philosophes appellent ainsi
|
forme humaine. Voir : Midas, Rose. | pour en exprimer l'action et la vie, leur
|
| mercure qui est le principe femelle, la
|
Ange. Les alchimistes donnent parfois, à | semence des métaux.
|
cause de leurs ailes, le nom d'anges à leurs |
|
matières quand elles passent à l'état volatil. | Argus. Surnommé Panoptès, qui voit tout, ce
|
Voir : Archanges. | prince grec avait cent yeux dont cinquante
|
| restaient toujours ouverts. Il fut commis par
|
Anne. Voir : Saintes & saints. | Junon à la garde d'Io, sa rivale. Mais à la
|
| demande de Jupiter, Mercure l'endormit au
|
Antimoine. Il s'agit pour les adeptes, non | son de sa flûte et le décapita. Junon sema ses
|
de l'antimoine vulgaire, mais du vinaigre | yeux sur la queue du paon.
|
antimonial. Voir : Régule, vinaigre. |
|
| YEUX D'ARGUS. Pour les alchimistes,
|
Apocalypse. L'alchimie a emprunté | ces yeux furent transportés sur les plumes
|
plusieurs symboles au livre de l'Apocalypse, | de la queue du paon pour signifier les
|
notamment les anges à la trompette du | différentes couleurs qui surviennent à la
|
Jugement dernier et le saint Michel à la | matière de la pierre pendant la coction et la
|
balance. | formation du vitriol.
|
|
|
| Ariane. Fille de Minos et de Pasiphaé, elle
|
@
Lexique 149
favorisa Thésée en lui remettant contre une | Balance. Cet instrument indique que les
|
promesse de mariage, le peloton de fil sans | matières doivent être pesées avec soin.
|
quoi, selon elle, il ne pourrait sortir du |
|
labyrinthe. C'était un leurre, le labyrinthe | Blancheur. Elle indique que l'union du fixe
|
n'ayant qu'un seul chemin. Aussi | et du volatil a été réussie et qu'il est temps
|
l'abandonna-t-il aussitôt dans l'île de Naxos. | d'épurer la matière en continuant le feu pour
|
FIL D'ARIANE. C'est, selon le | perfectionner le magistère au rouge.
|
symbolisme hermétique, Dédale lui-même |
|
qui le fournit à l'Adepte pour réussir sa | Blason. Le blason au sens héraldique est
|
transmutation ; c'est-à-dire qu'il faut être | parfois le symbole du vase ou vaisseau dans
|
conduit par un Philosophe qui ait fait | lequel on met à cuire la matière de l'oeuvre.
|
l'oeuvre. Voir : Labyrinthe. |
|
| Brouette. Aussi appelée diable, c'est le
|
Arsenic. Les philosophes entendent par ce | châssis métallique qui permet de retirer le
|
terme la matière qu'ils tirent de leur minière | creuset de l'athanor, ou de l'y enfourner. Au
|
et qui blanchit leur or, comme l'arsenic | seizième siècle, dans les représentations du
|
vulgaire blanchit le cuivre. | Jugement dernier, la brouette sert souvent au
|
| Diable pour conduire les damnés en enfer.
|
Art Royal. Autre nom donné à l'alchimie. | On en trouve des exemples dans certaines
|
| fresques, en Bretagne au Mont Dol, en
|
Artiste. Celui qui pratique l'Art royal. | Lorraine et au pays de Liège à Zepperen.
|
|
|
Athanor. C'est le fourneau des Sages dans |
|
lequel ceux-ci cuisent leur matière pour | C
|
opérer la transmutation métallique. Voir : |
|
Fourneau. | Calcination. Opération de cuisson qui suit
|
| immédiatement la putréfaction de la matière
|
Avatar. Transformation. | première et se pratique soit à feu ouvert, soit
|
| dans des vases fermés, comme il est
|
Azoth. Matière transformée qui avec l'aide | préconisé sur la grand-place de Bruxelles.
|
du feu, purifie le laiton. | Voir : Putréfaction.
|
|
|
| Carabe. Du grec Carabos qui veut dire
|
B | Crabe, et parfois qualifié de doré, c'est un
|
| insecte coléoptère long de 2 cm, à grandes
|
| pattes qui se nourrit d'autres insectes et
|
&Bain.& Opération qui consiste à laver une | d'escargots. Il est proche du scarabée.
|
matière, c'est-à-dire à la débarrasser de |
|
toutes ses impuretés. | Cerbère. Chien tricéphale enchaîné, gardant
|
BAIN DU ROI : il s'agit en ce cas du | la porte des Enfers. Il personnifie souvent le
|
Mercure des Sages dans lequel le principe | feu infernal qui chauffe sans brûler, soit celui
|
mâle doit être baigné avant sa sublimation. | que l'Adepte entretient dans l'athanor.
|
@
150 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
Cerf. Attribut d'Hermès, donc de Mercure, | selon la mythologie, ce monstre avait une
|
le cerf est un des multiples symboles du | tête et poitrine de lion, le ventre et l'arrière-
|
mercure philosophal. | train d'une chèvre et une queue de dragon.
|
| Elle fut vaincue par Bellérophon, monté sur
|
Cerf-volant. Selon les alchimistes, le cerf | Pégase.
|
doit être livré aux chiens pour être dévoré. Il |
|
devient ainsi leur servus fugitivus, exposé à | Coagulation. Opération qui consiste à
|
l'action du feu pour y être digéré. | donner une consistance aux choses liquides
|
| en les desséchant de leur humidité superflue
|
Cernunnos. Dieu cornu des Celtes, dont | et en réduisant le liquide en poudre.
|
on trouve l'effigie à Paris et à Reims. Sa |
|
ramure de cerf l'a fait identifier à Mercure. | Coction. Action d'user du feu
|
| philosophique pour obtenir la perfection de
|
Ceste de Vénus. Ceinture qui avait la | chaque opération.
|
propriété de rallumer les feux d'une passion |
|
éteinte. Elle fut selon la mythologie, dérobée | Colombe. Elle désigne la matière de l'oeuvre
|
à la déesse par Mercure. Les hermétistes | des sages dans sa partie volatile. Appelée
|
appellent ainsi le petit cercle coloré qui se | coulon sur la grand-place de Bruxelles.
|
forme autour de la matière quand elle se |
|
transforme, pendant l'oeuvre au blanc.. | Conjonction. Union intime des principes
|
| contraires, du masculin et du féminin, du
|
Chambre nuptiale. Nom donné par | soufre et du mercure, obtenue par le moyen
|
certains au four dans lequel on place le vase | du feu dans l'athanor.
|
pour y porter les matières à l'état volatil, afin |
|
qu'elles s'amalgament. A Bruxelles et par un | Coq. Pour les chimistes hermétiques, le
|
jeu de mots, ce four est appelé chambrette de | coq, en raison de sa vigueur, de son activité
|
l'amman. | et de son ardeur, évoque le feu. D'autres y
|
| voient le soufre rouge ou minium. Une
|
Chauve-souris. On la clouait jadis sur les | combinaison des deux avec la matière
|
portes des granges pour en interdire l'entrée | première en fait le vitriol plus spécialement
|
non autorisée. En symbolique, elle prévient | symbolisé soit par la queue de cet oiseau ou
|
le profane qu'aller plus loin sans avoir les | cocktail, soit par celle du paon. Voir : Paon,
|
connaissances requises peut être dangereux. | Vitriol.
|
|
|
Chêne creux. Si cet arbre est pour certains le | Coque. Dans l'oeuf, élément solide qui
|
fourneau des sages, il faut plutôt y voir le | renferme les trois autres. Voir : Oeuf
|
récipient, un tonneau de chêne, dans laquelle | philosophal.
|
la matière première était mise à putréfier en |
|
vue de sa calcination dans l'athanor. Voir : | Coquille. Symbole de la Connaissance
|
Arbre d'or. | distillée par la voie initiatique. Image de la
|
| Fontaine de vie ou de celle de Jouvence.
|
Chimère. Fille de Typhon et d'Échidna | Voir : Fontaine.
|
@
Lexique 151
Corbeau. En termes de science hermétique, | Cucurbite. On appelle ainsi le vase dans
|
cet oiseau signifie, la matière au noir dans le | lequel se cuit et se digère la matière de l'art
|
temps de la putréfaction. | hermétique.
|
TETE DU CORBEAU. Dans le même |
|
temps, celle-ci est lépreuse, disent les | Cuire. C'est laisser agir la matière dans son
|
alchimistes, et il faut la laver sept fois dans le | vase, par le feu philosophique, sans jamais y
|
vase, par le régime du feu. | toucher, jusqu'à la perfection de chaque
|
| opération.
|
Corne d'abondance. Selon la mythologie, |
|
corne de la chèvre Amalthée qui, outre la | Culot. Résidu métallique au fond d'un
|
fortune, distribue tous les biens capables de | creuset.
|
satisfaire les désirs de l'homme dans ce |
|
monde. Elle est représentée pleine de fruits | Cygne. C'est en cet oiseau que Zeus se
|
mûrs ou semant des pièces d'or. Voir : | métamorphosa pour séduire Léda. Laquelle
|
Amalthée, Fortune. | accoucha de deux oeufs, d'où naquirent les
|
| jumeaux Castor et Pollux, Hélène et
|
Couleur. Les alchimistes regardent les | Clytemnestre. Il symbolise ici les gaz qui
|
couleurs qui surviennent à la matière | doivent être évacués après la fécondation de
|
pendant les opérations du Grand oeuvre, | la double matière.
|
comme les clefs de cet art et le contrôle du |
|
bon régime du feu. Cependant, c'est au |
|
cours de la Fixation qu'elles prennent toute | D
|
leur importance. |
|
LES TROIS COULEURS. Ces dernières |
|
couleurs qui doivent apparaître avant d'avoir | Danaé. La mythologie dit que Zeus, voulant
|
réussi la poudre de projection sont le blanc, | jouir de Danaé, enfermée par son père dans
|
le jaune citrine et le rouge. Elles sont évoquées | une tour d'airain, s'y introduisit sous la
|
soit par trois bannières, soit par trois roses, | forme d'une pluie d'or. C'est l'image de
|
soit encore par un dragon à trois têtes. Voir : | l'union des deux principes à l'intérieur de la
|
Rose. | tour symbolisant l'athanor.
|
|
|
Crachat de la Lune. C'est le sputum Lunae, | Dauphin. Animal bénéfique, son
|
parfois appelé flos coeli, ce qui a souvent | symbolisme est lié à celui de l'eau et de la
|
induit le chercheur en erreur, cette « fleur du | régénérescence. Il est lié aux distillations
|
ciel » lui faisant croire qu'il s'agit de la rosée | nécessaires pour produire l'or potable.
|
du matin. Quant au véritable crachat de la |
|
Lune, il est recommandé de ne le manipuler | Demeures philosophales. On a convenu
|
avec aucun métal, mais seulement avec du | d'appeler ainsi les édifices privés où des
|
bois ou du verre. Voir Lunaire, Rosée. | philosophes ont laissé les traces de leurs
|
| recherches alchimiques et de leurs secrets.
|
Crible, Un des noms donnés par les | Les plus importantes sont le château de
|
Philosophes à leur dissolvant. | Dampierre-sur-Boutonne, l'hôtel Lallemant
|
@
152 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
à Bourges, le château de Plessis-Bourré, le | EAU DES EAUX. Il s'agit d'une eau
|
château de Horst. | principe qui contient en elle la substance des
|
| quatre éléments.
|
Diable. Le diable est une des représen- |
|
tations communes du soufre. Son combat | EAU MERCURIELLE. Aussi appelée
|
avec l'archange est celui du mercure et du | Lait de la Vierge, ce sont les matières réduites
|
soufre. | à l'état liquide avant leur coagulation. Voir :
|
Mais on appelle aussi diable ou brouette, le | Lait de la Vierge, Vinaigre.
|
châssis qui est utilisé pour retirer le vase de |
|
la chambre de l'athanor. Voir : Brouette. | Écu. En alchimie, l'écu héraldique ou
|
| blason, représente le vase dans lequel les
|
Diane. Fille de Zeus et soeur jumelle | matières subissent la coction.
|
d'Apollon, elle symbolise pour les |
|
Chimistes l'Oeuvre au blanc. Elle est alors | Éléments. Les Adeptes en admettaient
|
dite Diane nue. Son attribut est un croissant | quatre, auxquels ils attribuaient des qualités
|
de Lune. Actéon l'ayant vue nue au bain, fut | sèches ou humides : le feu, l'air, la terre et
|
changé en cerf, poursuivi et dévoré par ses | l'eau. Cependant, il n'y avait pas pour eux
|
propres chiens. | d'éléments simples, chacun de ceux-ci se
|
| combinant avec les autres, et tous agissant
|
Dissolution. Réduction d'un corps solide | de concert pour l'obtention de la pierre
|
en matière liquide. Dissoudre et coaguler, dit | philosophale.
|
Pernety, sont toutes les opérations de l'art |
|
des Sages. | Élixir. Terme arabe qui signifie ferment à
|
| cause de la fermentation causée par la
|
| poudre de projection qui par voie de
|
E | distillations du lait de la Vierge, aboutira à
|
| l'obtention de l'eau-de-vie et de l'or potable.
|
| Voir : or potable.
|
Eau. Il ne s'agit pas pour l'alchimiste de |
|
l'eau commune. Aussi trouvons-nous ce | Enfant. Pour les Adeptes, tout leur secret
|
mot le plus souvent accompagné d'un | consiste à tirer cet enfant de sa matrice ou
|
adjectif en précisant la signification. | minière et de le nourrir ensuite d'un lait qui
|
EAU DE JOUVENCE. Nom d'une | lui est propre pour en former leur soufre. Il
|
nymphe que Jupiter métamorphosa en | est selon eux, plus noble et plus parfait que
|
fontaine. Ses eaux avaient le pouvoir de | ses père et mère, quoiqu'il soit fils du Soleil
|
rajeunir ceux qui venaient s'y baigner. Les | et de la Lune et que la Terre ait été sa
|
alchimistes l'appellent eau-de-vie et l'obtien- | première matrice.
|
nent par distillations successives à partir de |
|
la pierre philosophale. C'est leur élixir | Épée. Pour les philosophes, c'est le
|
parfait, dans l'état qu'il doit être pour servir | symbole du feu, de même que la lance, la
|
de médecine soit au corps humain, soit aux | hache, le cimeterre, etc. Attribut de sainte
|
métaux imparfaits. Voir : Fontaine. | Barbe. Voir : Saints & Saintes.
|
@
Lexique 153
Ermitage. Autre nom donné par | matière doit être maintenue dans un degré
|
l'alchimiste à son laboratoire. | de chaleur continuel.
|
| FEU DE ROUE. C'est un feu dégageant
|
Éros. Dieu grec de l'amour, il incarne la | une chaleur très élevée, qu'on obtenait au
|
force d'attraction qui oblige les êtres comme | début en enfouissant entièrement le vase
|
les minéraux à s'unir, se joindre en vue de | dans du charbon ardent. Plus tard on
|
procréer. | adaptera pour obtenir ce haut degré de
|
| chaleur, un dôme réverbérant sur l'athanor.
|
Ésotérisme. La partie des sciences |
|
anciennes qui devait rester cachée aux non- | Fixation. Cette opération n'est rien d'autre
|
initiés. S'oppose à exotérisme. | que l'oeuvre au rouge où l'on fixe les
|
| matières en sorte qu'elles ne s'évaporent, ni
|
Étain. Dans l'oeuvre au blanc, c'est la | ne subliment plus. Elle s'achève par
|
matière avant qu'elle ne soit parvenue au | l'obtention de la poudre de projection.
|
blanc parfait. Aussi appelé Plomb blanc. |
|
| Flèches. Ce sont celles d'Apollon, c'est-à-
|
Étoile. Nom que donnent les Philosophes | dire du soleil, qui sont pour Nicolas Flamel
|
aux couleurs que prend la matière dans le | comme pour les Sages, le symbole du feu
|
vase pendant les opérations du grand oeuvre. | allumé dans l'athanor.
|
ETOILE DE LA MER. Autre nom du |
|
rémore, résidu solide qui se manifeste au | Fontaine. En termes de Philosophie
|
moment de la coagulation. Voir : Rémore. | chimique, la fontaine signifie
|
ETOILE DU MATIN. Elle annonce | communément la matière d'où l'on extrait
|
pour le philosophe, la réussite de l'oeuvre, la | une eau laiteuse et pondéreuse que les
|
pierre philosophale obtenue dans le vase. | alchimistes appellent Lait virginal. Voir : Lait
|
| de la Vierge.
|
| FONTAINE DE JOUVENCE. Selon
|
F | Pausanias, on appellerait ainsi la fontaine de
|
| Calatos, non loin de Nauplie, où Junon venait
|
| se baigner pour conserver sa jeunesse. Pour
|
Fèces. Du latin fax, qui signifie excrément, | d'autres, Jouvence est une nymphe que Jupiter
|
elles désignent les impuretés qui se | a métamorphosée en fontaine avec le pouvoir
|
précipitent au fond des vases au cours de | de rajeunir ceux qui viendraient s'y baigner.
|
certaines opérations. | Voir : Eau de Jouvence.
|
|
|
Femelle. Ce principe est le mercure des | Fortune. Ayant pour attribut la corne
|
Sages. Voir : Mâle. | d'abondance et la roue, cette divinité romaine
|
| distribue au gré de ses caprices la richesse ou
|
Feu. Les alchimistes distinguent deux sortes | la pauvreté, la puissance ou la servitude. Les
|
de feu. le premier appelé feu inné de la matière | yeux bandés, elle rend ses oracles, vénérée par
|
dont chacune de celles-ci contient une | tous ceux qui exercent une activité
|
portion à exciter, l'autre feu externe où la | dangereuse. Voir : Corne d'abondance.
|
@
154 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
Fourneau. Autrement nommé Athanor, il | certains éléments comme l'écu ou le heaume
|
est de forme circulaire avec une petite porte | sont repris dans le langage alchimique. Des
|
pour administrer le feu et une fenêtre vitrée, | séquences alchimiques entières, comme à
|
devant permettre d'observer les couleurs | Coutances, sont exprimées par l'héraldique.
|
que prend la matière. Une calotte amovible |
|
doit le couvrir. Il est symbolisé par une tour. | Hercule. Les alchimistes regardent les
|
Voir : Athanor. | douze travaux d'Hercule comme les douze
|
| opérations du grand oeuvre si l'on suit la
|
| voie humide. Ils sont représentés comme
|
G | tels dans l'escalier d'honneur du palais de
|
| Charles de Lorraine à Bruxelles ainsi qu'au
|
| plafond du château de Tour et Taxis, dit de
|
Grain fixe. Soufre des Sages, aussi appelé | Beaulieu, à Machelen.
|
Sperme masculin, dont le soufre est le |
|
principe. Voir : Soufre. | Hermaphrodite. Fils de Mercure et de
|
| Vénus. S'étant baigné dans une fontaine
|
Grand Oeuvre. Un des noms que les | avec la nymphe Salmacis, celle-ci s'en éprit
|
adeptes ont donné à leur art, quand il a pour | et supplia les dieux que leurs deux corps
|
but d'obtenir un remède universel pour les | n'en fissent plus qu'un. Ce qui leur fut
|
maladies des trois règnes de la Nature, ou de | accordé. De plus, les couples qui se
|
transmuer les métaux imparfaits en or plus | baigneraient désormais dans ces eaux
|
pur que celui des mines. | obtiendraient la même faveur. Laquelle,
|
| disent les chimistes, est précisément la
|
Grenade. Fruit du grenadier, symbole de | propriété du principe femelle qui ne fait plus
|
fécondité à cause des nombreux grains qu'il | qu'un corps avec les matières mâles qu'on y
|
contient. La grenade représente la | baigne, parce qu'elles s'y dissolvent
|
Multiplication en langage chimique. | radicalement et s'y fixent ensuite de manière
|
| à ne jamais pouvoir être séparés.
|
Grimoire. Altération du mot grammaire, |
|
désignant un livre au texte et aux formules | Hermès. Surnommé Trismégiste, ou trois
|
indéchiffrables par un profane. | fois grand, il est regardé comme le père de
|
| l'alchimie, qui de lui a pris le nom d'Art
|
| hermétique. Selon Pernety, il était « égyptien,
|
H | et le plus savant homme jusqu'à présent ».
|
|
|
| Hermétiste. Disciple d'Hermès
|
Heaume. Il est fait de l'acier des philosophes | Trismégiste.
|
et représente la matière prête pour le grand |
|
oeuvre. Voir : Acier, Écu. | Hespérides. C'étaient trois soeurs, filles
|
| d'Hespérus, frère d'Atlas. Elles se
|
Héraldique. Science du blason dont | nommaient Églé, Aréthuse, Hespéréthuse et
|
| avaient un jardin où croissaient les pommes
|
@
Lexique 155
d'or. Un des douze travaux d'Hercule fut de | la terre, et par extension, dans l'athanor. Voir
|
s'emparer de ces fruits fabuleux. | Danaé, Junon, Léda.
|
JARDIN DES HESPERIDES. Ce jardin |
|
est pour les philosophes spagyriques le |
|
symbole de l'alchimie, par les opérations de | L
|
laquelle on fait germer, croître, fleurir et |
|
fructifier cet arbre solaire, pommier dont les |
|
fruits surpassent l'or commun en beauté et | Laboratoire. Les alchimistes l'appellent
|
en bonté, puisque l'arbre convertit les autres | aussi Ermitage, Oratoire.
|
métaux en sa propre nature ; ce que ne peut |
|
faire l'or vulgaire. | Labyrinthe. C'est le labyrinthe circulaire
|
| qu'on rencontre en alchimie. Il représente la
|
Hiéroglyphes. Caractères mystérieux dont | voie que l'Adepte doit suivre pour trouver
|
on attribuait autrefois l'invention à Hermès | au centre de la figure comme au fond de son
|
Trismégiste. Presque tous les alchimistes ne se | vase la pierre philosophale. Ce labyrinthe
|
sont expliqués que par symboles, allégories, | comporte sept enroulements si l'on opère
|
métaphores, fables et énigmes de ce genre. | par la voie sèche, douze si l'on a choisi la
|
| voie humide. Voir : Ariane.
|
Huile de Saturne. Nom de la matière |
|
lorsqu'elle va, pendant l'oeuvre au noir, se | Lait. Nom donné à l'eau mercurielle à cause
|
transformer en vitriol sous l'action du feu. | de sa ressemblance en fluidité et en
|
| blancheur avec le lait vulgaire. Voir Lune.
|
| LAIT DE LA VIERGE. Liquide
|
I | répondant à cette description obtenu en
|
| laissant, au cours de la coagulation, les
|
| matières revenir à l'état liquide après leur
|
Jeux d'enfants. Traduction du Ludus | sublimation.
|
Puerorum, périphrase latine qui décrit la fin |
|
de chaque opération du grand oeuvre. Voir : | Léda. Femme de Tyndare, qui eut
|
Lude. | commerce avec Jupiter, métamorphosé en
|
| cygne. Voir : Cygne.
|
Joseph. Voir : Saint Joseph. |
|
| Lessive. Les philosophes appellent ainsi
|
Junon. Épouse perpétuellement trompée de | leur Azoth, parce qu'il blanchit le laiton des
|
Jupiter. Argus ayant été tué par Mercure, elle | sages. Voir : Azoth.
|
transporta ses cent yeux sur la queue du | LESSIVE DES FEMMES. La plus
|
paon, qui devint son attribut. Voir : Argus. | courte voie, selon le Trismosin, sur
|
| préparer la matière à l'oeuvre au blanc a été
|
Jupiter. Fils de Saturne, père des dieux et des | comparée « au métier ordinaire des femmes,
|
hommes, les Philosophes disent qu'il est la | c'est-à-dire au lavoir, qui cette propriété de
|
chaleur générative et innée des corps, au | rendre infiniment blanc ce qui paraissait
|
moyen de laquelle les métaux se forment dans | auparavant sale et plein d'ordures... »
|
@
156 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
Lion. Ce terme désigne en alchimie la | blanc parfait. On la nomme alors Diane ou
|
matière considérée comme le principe mâle. | Artémis, voire Vénus pour certains-tains.
|
De lion vert au début, il devient lion rouge | Voir : Diane, Ceste de Vénus.
|
après la préparation. Voir : Sang. |
|
LION VERT. Ce nom a été donné à la | Lut. Espèce de mortier dont les alchimistes
|
matière car à ce stade, elle est encore acide, | se servent pour enduire hermétiquement
|
non mûre, et bien éloignée, selon Pernety, de | leurs vaisseaux et leurs vases pour qu'il n'y
|
la perfection de l'or vulgaire. | ait aucune ouverture d'où les esprits
|
| puissent s'évaporer. Voir : Sac.
|
Loup, Louve. Les Adeptes désignent par cet |
|
animal qui allaita les fils de Mars Romulus et |
|
Rémus, le suc mercuriel qui est aussi leur | M
|
mercure dissolvant. Voir : Mercure dissolvant. |
|
|
|
Lude. Paracelse a appelé Ludus le sédiment | Magistère. C'est l'opération du grand
|
qui s'attache au fond des pots de chambre. Il | oeuvre soit, ajoute Pernety, la séparation du
|
désigne en alchimie le résidu solide qu'on | pur d'avec l'impur, la volatilisation du fixe,
|
obtient au fond du vase à l'issue d'une | et la fixation du volatil l'un par l'autre, parce
|
opération. | qu'on n'en viendrait jamais à bout en les
|
LUDUS PUERORUM. Littéralement : | travaillant séparément.
|
jeux d'enfants. Le lude est ainsi appelé parce |
|
qu'à ce stade de l'opération, son obtention | Mâle. Quand on parle de principe mâle, il
|
ne présente aucune difficulté. Ces mêmes | s'agit du soufre, ou de l'agent. Voir :
|
jeux le représentent symboliquement. | Femelle.
|
LUDIBRIUS. Nom latin du ludie ou |
|
hanneton, qui sert à des jeux d'enfants et | Marbre. Matière parvenue au blanc par la
|
peut en être le symbole alchimique. | cuisson, car elle est alors éclatante comme le
|
| marbre blanc poli.
|
Lunaire. Il ne s'agit pas de la plante |
|
vulgairement appelée lunaire, mais d'une | Mars. Dieu de la guerre, père de Romulus et
|
matière dite régule d'Antimoine, aussi | Remus, il personnifie le fer, l'acier. Pour les
|
Saturnie végétable ou végétale. Voir : Régule | Adeptes, il s'agit de la matière digérée et
|
d'antimoine, Crachat de la Lune. | cuite à un certain degré, quand elle
|
| commence à rougir.
|
Lune. Les sages appellent d'abord ainsi leur |
|
eau mercurielle quand, réunie avec son | Matière. Les alchimistes entendent par ce
|
soufre, elle est parvenue à la couleur | mot le sujet sur lequel s'exerce leur art. Ils
|
blanche. On l'appelle alors aussi Lait de la | cachent soigneusement, sous divers
|
Vierge. Voir : Eau, Lait, Vierge. | vocables, cette matière première ou matière
|
| des Sages, afin que leur recherche reste
|
REGNE DE LA LUNE. C'est l'oeuvre | secrète. On reconnaît, écrit Pernety, les vrais
|
au blanc, lorsque la matière a changé sa | Philosophes à la matière qu'ils emploient.
|
couleur grise en blanche pour parvenir au |
|
@
Lexique 157
Matras. Autre nom du vase. Voir : Vase. | le composé minéral, une semence, une
|
| humidité onctueuse qui s'y attache et enfin
|
Méduse. Une des trois Gorgones. Ayant | un humide mercuriel qui l'augmente et le
|
profané le temple de Pallas, la déesse pour se | nourrit. Voir : Semence.
|
venger d'elle, métamorphosa sa chevelure en |
|
serpents et lui donna la propriété de changer | Minium. Autre nom du soufre rouge.
|
en pierre tous ceux qu'elle regarderait. Persée |
|
la décapita et accrocha sa tête au bouclier de | Mont-Thabor. Symbole de la transmutation.
|
Pallas. Voir : Pallas, Persée. | C'est en effet sur le mont Thabor, en Galilée,
|
| que le Christ se transfigura en lumière. On le
|
Mercure. Dieu du commerce et des | représente alors avec un corps doré.
|
voleurs, appelé Hermès par les Grecs, il a |
|
donné son nom à l'argent-vif, qui est le | Mortier. Vulgairement, le mortier est un
|
principe femelle de l'oeuvre. Outre le | récipient où l'on broie certaines substances à
|
caducée et le pétase, on lui trouve pour | l'aide d'un pilon. Par analogie, les alchimistes
|
attribut la bourse et le cerf, et pour substitut | donnent aussi ce nom aux corps réduits en
|
l'archange Michel. Voir : Argent-vif, | poudre impalpable, pareille selon Flamel, aux
|
Hermès, Saintes & Saints (Michel). | atomes qui voltigent aux rayons du soleil.
|
MERCURE DISSOLVANT. Les |
|
spagyristes s'en servent pour réduire, disent- | Moulin des Sages. Allégorie du mortier, il
|
ils, les métaux, les minéraux, les végétaux et | est symbolisé soit par un moulin à vent, soit
|
tous les corps en leur première matière. | par un moulin à eau s'il faut ajouter un
|
Voir : Suc mercuriel. | liquide à la poudre. Voir : Mortier.
|
|
|
Midas. Pour récompenser ce roi de Phrygie | Multiplication. Opération du grand oeuvre
|
d'avoir accueilli Silène, Bacchus lui offrit de | qui permet de multiplier à l'infini la poudre de
|
réaliser son plus cher souhait. Le roi demanda | projection tant en qualité que quantité, selon
|
que tout ce qu'il toucherait fût changé en or. | le bon plaisir de l'Artiste. Elle consiste à
|
Il se trouva dès lors dans l'impossibilité de se | recommencer l'opération déjà faite, mais avec
|
nourrir et pria Bacchus de le délivrer d'un don | des matières exaltées et perfectionnées, et non
|
si funeste. Ce qui lui fut accordé moyennant | avec des matières crues, comme auparavant.
|
un bain dans le fleuve Pactole, lequel depuis |
|
roule des pépites d'or. Choisi pour arbitrer un |
|
différend qui opposait Pan et Apollon à | N
|
propos de musique, il donna de manière |
|
irréfléchie la préférence au dieu Pan, ce qui lui |
|
valut de la part d'Apollon de se voir doté | Narcisse. Fleur blanche ou jaune en
|
d'oreilles d'âne. Voir : Âne. | laquelle selon la mythologie, le fils du fleuve
|
| Cafés fut métamorphosé. Dédaignant la
|
Minéral. Les philosophes disent que leur | nymphe Écho et tombé amoureux de sa
|
matière est minérale. Il entre, ajoutent-ils | propre image, il s'était noyé dans la fontaine
|
plus mystérieusement, trois ingrédients dans | qui la lui renvoyait. Guillaume de Loris a
|
@
158 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
placé cette fontaine au centre du verger de | cours de cette phase, il suffit de continuer le
|
son Roman de la Rose. | feu pour atteindre le stade final. Voir :
|
| Blancheur.
|
Nature. Pour les uns, c'est la main de Dieu, | L'OEUVRE AU ROUGE. Elle est le
|
l'âme du monde. Pour les autres, ce sont les | terme, l'aboutissement de l'art hermétique. La
|
lois qui régissent l'existence de l'univers. Les | poudre de projection ainsi obtenue permet la
|
alchimistes la répartissent en trois règnes, à | multiplication de l'or. Voir : Multiplication.
|
savoir le règne animal, le végétal et le |
|
minéral. Voir : Règne. | Opération. Le Grand oeuvre, si l'on suit la
|
| voie sèche, est divisé symboliquement en
|
Némée. Forêt où vivait un lion furieux que | sept opérations. Chacune de celles-ci est
|
tua Hercule. Ce fut un de ses douze travaux. | caractérisée par l'incorporation d'une
|
Voir : Hercule, Lion. | nouvelle matière à l'oeuvre.
|
|
|
Noirceur. C'est, comme l'explique Pernety, | Or. Selon les alchimistes, est le plus pur et le
|
la matière de l'oeuvre en putréfaction ; parce | plus parfait de tous les métaux. Pour eux
|
qu'alors elle ressemble à la poix fondue. | cependant, l'or qu'on extrait du sol et qui
|
Voir : Putréfaction. | sert à frapper des monnaies ou à fabriquer
|
| des vases est appelé Or mort contrairement à
|
| celui qu'ils obtiennent par leur art.
|
O | OR PHILOSOPHIQUE. Quand il est le
|
| terme de leurs travaux philosophaux par
|
| contre, on le qualifie d'Or vif.
|
Oeuf. C'est pour certains adeptes, une des | OR POTABLE. Autre nom de l'élixir
|
composantes de la matière première | qu'on obtient par distillation au moyen de la
|
pendant qu'elle est en putréfaction. | poudre de projection et du suc mercuriel. Il
|
OEUF DES PHILOSOPHES. Dans cette | trouve son usage en spagyrie. Voir : Élixir,
|
acception, la coque figure la matière solide, le | Spagyrie.
|
blanc est mis pour le liquide, la peau ou |
|
membrane pour l'air qu'elle contient, le jaune | Oratoire. Terme aussi employé par les
|
enfin pour le feu, allumé dans l'athanor. | alchimistes pour leur laboratoire, car la prière
|
| et le recueillement sont nécessaires pour la
|
Oeuvre. Ce sont les principales divisions du | réalisation du Grand oeuvre, selon la devise
|
Grand Oeuvre, lesquelles sont au nombre de | bénédictine ora et labora, prie et travaille. Voir :
|
trois, distinguées par la couleur de la matière | Laboratoire.
|
transformée. |
|
L'OEUVRE AU NOIR. Elle comprend |
|
les différentes phases de la préparation de la | P
|
matière première qui doit se putréfier avant |
|
d'être transformée. Voir : Noirceur. |
|
L'OEUVRE AU BLANC. L'union du fixe | Pallas. Déesse des Arts et de Sciences, née
|
et du volatil réalisée et la matière épurée | du cerveau de Jupiter par un coup de hache
|
@
Lexique 159
que lui donna Vulcain, dieu du feu. Elle est | Pied-de-lion. Fleur alpine composacée en
|
le symbole des qualités que doit avoir | forme d'étoile, d'un blanc éclatant,
|
l'Adepte qui entreprend le Grand oeuvre, | actuellement mieux connue sous le nom
|
prudence, intelligence et connaissance de la | d'edelweiss. Elle symbolise la matière
|
Nature. La tête de Méduse était accrochée à | parvenue au blanc.
|
son bouclier. Voir : Méduse. |
|
| Pierre philosophale. C'est le résultat de
|
Paon. Cet oiseau est l'attribut de la déesse | l'oeuvre hermétique, que les Philosophes
|
Junon qui lui orna la queue des cent yeux | appellent aussi Poudre de projection.
|
d'Argus. C'est pour les alchimistes une | PIERRE AU ROUGE. Matière parvenue
|
allégorie de l'état de la matière au moment | au rouge à la fin du Grand oeuvre.
|
où, additionnée de soufre rouge et chauffée | PIERRE LUNAIRE OU DE FEU.
|
dans le fourneau, les bouillonnements du | Autres noms du régule d'antimoine,
|
vitriol se manifestent sur sa superficie. Voir : | incorporé à la matière parvenue au blanc.
|
Coq, Vitriol. |
|
| Plomb. Symbolisé par Saturne, il est le plus
|
Parthénogenèse. Reproduction sans | vil et le plus mou des métaux. Qualifié de noir
|
fécondation du mâle, comme chez les | ou de blanc, il prend alors un autre sens pour
|
abeilles. | l'Adepte.
|
| PLOMB NOIR. La matière de l'oeuvre au
|
Pavot. Le pavot des philosophes symbolise | noir, à l'issue de la putréfaction.
|
leur pierre parfaite au rouge parce que celle- | PLOMB BLANC. La matière parvenant
|
ci a la couleur des pavots des champs. | au blanc au cours de la coagulation. Voir :
|
| Étain, Pot d'étain.
|
Persée. Fils de Danaé que son père avait |
|
enfermée dans une tour et de Jupiter qui s'y | Poil humain. Quelques alchimistes ont
|
introduisit sous la forme d'une pluie d'or. | pensé que les cheveux et le poil humains
|
Ces circonstances ne pouvaient que le faire | étaient une part de leur matière première.
|
choisir par les alchimistes comme allégorie | Ceci concorde en tout cas avec plusieurs
|
de leur oeuvre. En outre, ayant été envoyé | descriptions trouvées dans les grimoires. Le
|
pour combattre Méduse, cette Gorgone | prénom de Barbe n'est pas étranger à cette
|
dont le regard transformait ses adversaires | opinion.
|
en pierre, il la décapita et accrocha sa tête |
|
au bouclier de Pallas. Voir : Danaé, | Pot d'étain. Le contenant pouvant
|
Méduse, Pallas. | quelquefois désigner le contenu, nous
|
| trouvons ici le vase ou pot des philosophes,
|
Philosophe. Ce nom, explique Pernety, a | où l'Adepte a mis en réserve un peu de son
|
été donné de tout temps à ceux qui sont | étain ou plomb blanc. Voir : Étain, Plomb
|
véritablement instruits des procédés du | blanc.
|
Grand oeuvre. C'est en ce sens que nous le |
|
prenons également dans cet ouvrage. | Potasse. Ce terme apparaît en 1690, dans le
|
| dictionnaire de Furetière ; pottas, n. m. en
|
@
160 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
1577 (Liège), vient de l'allemand Potasche |
|
« cendre (Asche) du pot », qui désignait | Q
|
l'alcali fixe, par opposition à l'alcali volatil. Il |
|
remplace en alchimie le terme Sel alcali. |
|
Voir : Sel. | Quatre Couronnés. Patrons des maçons et
|
| tailleurs de pierre. Voir : Saints & saintes.
|
Poudre de projection. Les Adeptes |
|
appellent ainsi une poudre, résultat de leur | Quintessence. Esprit de vin qui, selon
|
Art, qu'ils projettent en très petite quantité sur | Raymond Lulle, est absolument minéral et
|
les métaux imparfaits en fusion, au moyen de | non végétal, mais cependant rendu plus
|
laquelle ils les transmuent en or ou en argent, | puissant avec les végétaux, suivant l'usage
|
suivant le degré de sa perfection. | qu'on veut en faire.
|
|
|
Prison du roi. On donne ce nom au vase |
|
dans lequel les matières sont enfermées | R
|
pour s'unir, spécialement au moment de la |
|
conjonction. |
|
| Rébus. Assemblage de dessins, de sujets qui
|
Profane. Personne qui n'est pas initiée à | par un jeu de mots ou des homonymies
|
l'art alchimique. Littéralement : qui ne peut | évoquent un terme, une opération, un
|
entrer dans le temple. | élément du grand oeuvre. Exemples : un pot
|
| d'où sortent des aches signifie potasse. Un
|
Pulvis. Ce mot qui signifie poudre en latin, | saint Nicolas entre deux pots de flammes est
|
est l'anagramme de vulpes, vulpis, qui signifie : | mis pour Nicolas Flamel.
|
renard, un des symboles du soufre. D'où la |
|
valeur de « soufre en poudre » qui lui est ici | Rectification. Réitération d'une exaltation
|
attribué. Voir : Renard, Vulpis. | de la matière pour la porter à un degré plus
|
| parfait. Voir : Sublimation.
|
Putréfaction. Première phase des |
|
opérations chimiques qui détruit la nature | Règne. S'il s'agit des âges, ils sont au nombre
|
ancienne et la forme de la matière première, | de quatre. Le premier fut celui de Saturne,
|
pour lui faire produire, disent les | appelé âge d'or ; le second fut celui de Jupiter,
|
Philosophes, un fruit tout nouveau. Passé ce | ou l'âge d'argent ; le troisième, l'âge de cuivre
|
stade, on peut procéder à la Calcination. | ou celui de Vénus ; le quatrième enfin l'âge de
|
Voir : Calcination. | fer ou celui de Mars.
|
| REGNES : on nomme aussi de la sorte
|
Python. Serpent horrible et monstrueux, né | les grandes divisions ou classes de la Nature.
|
selon la mythologie, de la fange et de la boue | On en compte alors trois, le minéral, le
|
laissée par le déluge de Deucalion, qui fut tué | végétal et l'animal. Voir : Nature.
|
par les flèches d'Apollon. Il représente pour |
|
Nicolas Flamel, la matière qui à la fin de la | Régule. Terme alchimique en usage pour
|
coagulation, doit être desséchée par le feu. | exprimer la masse qui reste au fond du
|
@
Lexique 161
creuset, quand on y a fondu un morceau de | lesquelles la matière passe de l'oeuvre au blanc
|
minéral ou du métal. On donne plus | à l'oeuvre au rouge. On en trouve souvent
|
ordinairement le nom de régule au culot | trois sur une tige, la première blanche, la
|
d'antimoine. Voir : Antimoine, Culot, | seconde jaune, appelée Vénus, et la troisième
|
Vinaigre. | rouge. Ce sont ces roses que l'âne, selon
|
| Apulée, doit brouter, pour être initié et
|
Reine. Quand les Philosophes appellent | retrouver forme humaine. Voir : Âne.
|
leur soufre parfait leur Roi, la reine est leur |
|
eau mercurielle. Voir : Eau (mercurielle), | Rosée. Plusieurs se sont trompés à la
|
Lait, Roi. | lecture des vieux grimoires, prenant la rosée
|
| du matin pour la matière première de
|
Rémore. Petit poisson dont les Anciens | l'Oeuvre. Mais la Rosée, pour les
|
disaient qu'il avait le pouvoir d'arrêter un | Philosophes, est purement métallique. Il
|
vaisseau dans sa course, même s'il voguait à | s'agit de l'eau mercurielle sublimée en
|
pleines voiles. Les alchimistes ont donné son | vapeur dans le vase et qui retombe au fond
|
nom à la partie fixe de la matière de l'Oeuvre | en forme de rosée. Voir : Crachat de Lune,
|
parce que celle-ci arrête de même la partie | Sputum Lunae.
|
volatile en la fixant |
|
| Ruche. Sa forme particulière de tour et le
|
Renard. Saint Jean de la Croix attribuait au | fait qu'elle abrite un reine, en ont fait une
|
renard une connotation satanique. Les | des images de l'athanor. Voir : Tour.
|
alchimistes le prirent dès lors pour un des |
|
symboles du soufre commun ou de l'arsenic. |
|
Voir : Vulpis. | S
|
QUEUE DU RENARD : De poil roux, |
|
aussi appelée Petit renard, elle représente le |
|
soufre rouge. Voir : Minium, Soufre rouge. | Sabot de Vénus. On appelait ainsi un
|
| coquillage possédant un opercule calcaire,
|
Roi. C'est le soufre parfait, le principe mâle | ayant l'apparence d'un vagin, raison pour
|
débarrassé de ses impuretés et préparé pour | laquelle aux Indes, il était considéré comme
|
la conjonction. Voir : Bain (du roi), Reine. | un objet sacré.
|
|
|
Romulus et Rémus. Jumeaux, fils de Mars | Sac. Il enveloppe hermétiquement les
|
et de Rhéa, fondateurs de Rome. Ils furent | objets, en sorte qu'on en a fait l'image du
|
élevés par une louve. Les alchimistes leur | lut. Voir : Lut.
|
font représenter deux quantités égales de |
|
matière liquide. | Sage. Autre nom pour Philosophe. Voir :
|
| Philosophe.
|
Rose. Faisant allusion à la fable selon |
|
laquelle Vénus s'étant blessée à une de ses | Saintes saints.
|
épines, cette fleur, jadis blanche, se teignit de | ANNE. Mère de la Vierge et belle-mère
|
son sang, la rose représente les couleurs par |
|
@
162 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
de Joseph, raison pour laquelle elle a été | MICHEL. Un des sept archanges de la
|
choisie pour représenter le principe femelle. | tradition chrétienne, dont le culte a succédé
|
| à celui d'Hermès, alias Mercure. Voir :
|
AUBERT. Évêque de Cambrai et | Mercure.
|
d'Arras. Mort en 668 à Bruxelles. Patron des |
|
boulangers de Bruxelles. Attributs : un âne | NICOLAS. Évêque de Myre au IVe
|
chargé de hottes de pains. Voir : Âne. | siècle, ses miracles en ont fait le patron des
|
| alchimistes et orfèvres. Qu'il s'agisse de l'or
|
BARBE. Sainte légendaire qui aurait été | d'un Vandale retrouvé, des trois bourses
|
martyrisée au IIIe siècle. Les attributs qu'elle | d'or données à autant de prostituées ou des
|
porte, tour, épée, calice, et même son nom | trois enfants ressuscités du saloir où un
|
ont tous une valeur alchimique qui lui a valu | boucher avait caché leurs corps. Voir :
|
d'être la patronne des alchimistes et des | Rébus, Sel.
|
artilleurs. Voir : Épée, Tour. |
|
| PIERRE. Choisi comme patron par les
|
BONIFACE D'ALLEMAGNE. | alchimistes pour au moins trois raisons. Ce
|
Archevêque de Mayence, patron d'Erfurt et | nom d'abord qui lui fut imposé par le Christ
|
des tailleurs à Bruxelles. Mort en 755. Entre | alors qu'il s'appelait Simon, fils de Jonas. Tu
|
autres attributs : un chêne. Voir : Chêne. | es Petrus..., paroles que les Adeptes
|
| interprétèrent ainsi : « Tu es la pierre pour
|
BONIFACE DE LAUSANNE. | laquelle je construirai mon athanor..» Quant
|
Évêque de cette ville, mort en 1266. Patron | aux clés que l'apôtre reçut, elles devinrent
|
des orfèvres bruxellois. | celles du Magistère, l'une signifiant la
|
| solution, l'autre la coagulation, selon la
|
GILLES. Saint ermite du VIIe siècle, près | devise des anciens philosophes : Solve et
|
de qui une biche fugitive vint se réfugier et qui | coagula. Le coq qui est son attribut peut se
|
eut le bras percé d'une flèche. Son corps ou | rapporter au vitriol. Enfin, la tour dont il fut
|
ses reliques se trouvent au début de chaque | délivré par un ange figure l'athanor livrant la
|
route de Compostelle. Voir : Cerf, Flèche. | pierre philosophale.
|
|
|
INNOCENTS. Nicolas Flamel avait fait | Sang. Selon Basile Valentin, le sang des
|
édifier un portail du cimetière des Saints- | petits enfants qu'Hérode fait égorger dans
|
Innocents à Paris, rappelant le massacre de | les Hiéroglyphes d'Abraham le Juif, est une
|
ces enfants reproduit dans le grimoire | allégorie de l'humide radical des métaux
|
d'Abraham le Juif. Cette image a induit | extrait de la minière des Philosophes,
|
plusieurs chercheurs en erreur dont le | donnée sous le symbole des enfants. Gilles
|
célèbre maréchal de Rais. Voir : Sang. | de Rais s'y est lourdement trompé en
|
| prenant cette image à la lettre. Voir : Saintes
|
JOSEPH. Époux de la Vierge, il | & saints (Sts Innocents).
|
personnifie le principe mâle, d'où naîtra le | SANG DU LION. Sorte d'eau mercurielle
|
Roi au moment de la conjonction. Voir plus | ainsi appelée de ce qu'au stade de la
|
haut : Anne. | conjonction, les Philosophes donnent le nom
|
@
Lexique 163
de Lion à leur matière et qu'il faut, disent-ils, | le Grand oeuvre sans en avoir les
|
tourmenter le Lion jusqu'à ce qu'il donne son | connaissances.
|
sang. Voir : Lion. |
|
| Soufre. Lorsque les Philosophes parlent de
|
Saturnie végétable. Corps ayant l'aspect | leur soufre, écrit dom Pernety, il ne faut pas
|
du plomb que certains ajoutent à la matière | s'imaginer qu'ils parlent du soufre commun
|
première et qui porterait en lui comme une | dont on fait la poudre à canon et les
|
graine le germe de l'or. On le qualifie de | allumettes. Il s'agit de leur principe mâle
|
végétable parce qu'il végète pendant les | tout au long de ses transformations. C'est
|
opérations et ne donne ses effets qu'au | leur or en puissance.
|
terme de l'oeuvre. Aussi l'a-t-on représenté | SOUFRE ROUGE. Les Anciens
|
par une plante ainsi nommée. | l'appelaient minière de feu céleste ou minium,
|
| mais il ne s'agissait pas d'oxyde de plomb,
|
Sel. Les anciens ont appelé ainsi le produit | mais plutôt d'arsenic en poudre ou d'un
|
végétal qui sert entre autres à laver et | sulfure du même type comme le laisse
|
purifier la matière coagulée avant de | supposer le symbole de « petit renard » ou
|
commencer l'oeuvre au blanc. | de « queue de renard » qui lui est attribué.
|
SEL ALKALI. Autre nom du ou de la | Voir : Minium, Renard.
|
potasse. Basile Valentin laisse entendre |
|
qu'on ne doit pas employer le sel tiré des | Spagyrie. Art qui, grâce à des distillations et
|
cendres végétales, mais le minerai | des purifications successives, permet
|
correspondant. Voir : Potasse. | d'appliquer les propriétés de la pierre
|
| philosophale à la médecine.
|
Semence des métaux. Principe femelle de |
|
l'oeuvre, soit le mercure avant la | Sperme des métaux. Il ne faut pas
|
conjonction. Voir : Mercure. | confondre le sperme avec la semence. L'un
|
| est le véhicule de l'autre. C'est pourquoi les
|
Servus Fugitivus. Rébus latin pour désigner | Philosophes ont donné le nom de sperme
|
le mercure. Il est à la fois le serviteur fugitif | des métaux au soufre, et celui de semence au
|
(servus) et le cerf fugitif (cervus), bref le vif- | mercure. Voir : Semence.
|
argent. Voir : Cerf, Cerf-volant, Mercure. | SPERME DE LA TERRE. Ce nom est
|
| donné par certains alchimistes à un des
|
Soleil. C'est le feu inné dans la matière. | composants végétaux de leur matière
|
Mais aussi la partie fixe de celle-ci, par | première.
|
opposition à la Lune qui en est alors la |
|
volatile. | Sphère. On appelle communément sphère
|
SOLEIL NOIR. Le Sol niger est la chaleur | l'étendue dans laquelle une chose est
|
interne dégagée par la matière première en | contenue. Par exemple le vase contenant la
|
putréfaction. | matière. La sphère armillaire est le symbole
|
| de ce vase hermétiquement clos.
|
Souffleur. Surnom donné par les Adeptes |
|
au présomptueux qui prétend entreprendre | Sphinx. Monstre fabuleux qu'avait enfanté
|
@
164 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
Échidna, être humain ayant un corps de | leur mercure. Et souvent à la matière qu'ils
|
taureau, des pattes de lion et des ailes | en ont tirée.
|
d'aigle. Il proposait des énigmes aux | TERRE FRUCTUEUSE. Ainsi qualifiée,
|
voyageurs qui se rendaient à Thèbes et | la terre devient parfois synonyme, selon
|
dévorait ceux qui ne pouvaient les résoudre. | Pernety, de l'oeuvre au blanc.
|
Oedipe seul parvint à le vaincre. Symbole du |
|
secret, du mystère à percer. Voir : | Tête rousse. Sédiments qui restent au fond
|
Tétramorphe. | du vase à l'issue de la coagulation et qui vont
|
SPHINGE. En alchimie, on a réservé le | être la tête, la matière de l'oeuvre au blanc.
|
Sphinx et sa version féminine, la Sphinge au | TETE D'OR. Synonyme de Tête rousse.
|
secret de la conjonction des principes mâle | TETE MORTE. Ce sont les fèces qui
|
et femelle et aux dangers que ce mystère | demeurent au fond de la cucurbite après la
|
porte en lui. | fin d'une opération.
|
|
|
Sputum Lunae. Voir : Crachat de Lune. | Tétramorphe. Le sphinx couché, composé
|
| de ses quatre éléments : le lion, le taureau,
|
Sublimation. Second degré par où il faut | l'homme pour le verseau et l'aigle pour le
|
passer pour parvenir à la transmutation des | scorpion, l'aigle étant la constellation
|
corps, la sublimation est la première | voisine et boréale du scorpion austral. Le
|
préparation nécessaire à la matière en vue de | tétramorphe forme ainsi une croix sur le
|
sa conjonction avec le principe femelle. Il | zodiaque et prend une valeur cosmique.
|
s'agit de porter ces principes à l'état volatil | TETRADYME. C'est le sphinx éclaté
|
par la violence du feu, avant de les unir par | dont les quatre éléments correspondent aux
|
la conjonction. | quatre bêtes de l'Apocalypse, devenus au IIe
|
| siècle par la grâce de saint Irénée les quatre
|
Suc mercuriel. C'est aussi le mercure | Évangélistes.
|
dissolvant. Ce suc est fait, rappelle dom |
|
Pernety, du mâle et de la femelle, du | Toison d'Or. Cette fabuleuse toison est le
|
mercure animé de son soufre, matières | symbole de la matière du Grand oeuvre ; la
|
sorties d'une même racine et réduites à l'état | navigation et les travaux de Jason sont une
|
liquide en un tout homogène. On le désigne | allégorie des opérations et des signes requis
|
quelquefois par le terme de Loup ou de | pour arriver à sa perfection. Conquise, la
|
Louve. Voir : Loup, Mercure dissolvant, Vin. | Toison d'or est la poudre de projection et la
|
| médecine universelle, de laquelle Médée fit
|
| usage pour rajeunir Éson, père de Jason, son
|
T | amant.
|
|
|
| Tour. Comme Danaé, enfermée par son
|
Terre. La terre est un des quatre éléments, | père dans une tour d'airain, fut visitée par
|
mais ce n'est pas en ce sens que l'entendent | Zeus, métamorphosé en pluie d'or, Barbe
|
généralement les philosophes. Ils donnent | ayant subi le même sort, reçut
|
ce nom à la minière même d'où ils extraient | l'enseignement secret du gnostique Origène.
|
@
Lexique 165
Pour ces raisons, les chimistes ont donné à | Vierge. Lune ou eau mercurielle des
|
leur athanor la forme d'une tour et celle-ci | Philosophes après qu'elle a été purifiée des
|
est devenue le symbole de leurs fourneaux. | soufres impurs et arsénicaux auxquels elle
|
On lui met généralement trois étroites | avait été mariée. Elle est souvent posée sur un
|
fenêtres, et la porte est ouverte ou fermée | croissant de lune et quelquefois ailée ou
|
selon le degré de l'oeuvre. Voir : Danaé, | allaitant. Voir : Eau, Lait (de la Vierge), Lune.
|
Saintes & saints (Barbe). | VIERGE NOIRE. Elle représente la
|
| matière première, la minière d'où on la tire,
|
Transmutation métallique. D'après le | la terre-mère, la mère de l'or. Voir : Terre.
|
dictionnaire de Pernety, les principes |
|
constituants étant les mêmes dans tous les | Vin. Blanc ou rouge, mâle ou femelle, ils
|
métaux, il ne s'agit, pour faire de l'or avec du | sont le principe et la matière de la
|
plomb, que de lier les parties principes du | quintessence philosophique. La vigne d'où
|
plomb avec le même lien qui unit celles de | on les tire n'a selon Raymond Lulle, qu'une
|
l'or, en séparant les impures. Nous nous | racine mais plusieurs rejetons. Leur verjus
|
bornerons à cette définition qui était celle | sert à préparer le vinaigre des Philosophes.
|
des chimistes du XVIIIe siècle. | Voir : Quintessence, Vinaigre.
|
|
|
Triton. Dieu marin, il accompagnait | Vinaigre. Eau mercurielle, soit les matières
|
toujours Neptune avec une espèce de | à l'état liquide avant leur coagulation. Voir :
|
trompe formée d'une conque marine dans | Eau, Lait de la Vierge, Vin.
|
laquelle il soufflait. Évocation poétique du | VINAIGRE ANTIMONIAL SA-
|
corps solide qui se forme sur la matière | TURNIN. Matière du Magistère préparée
|
liquide au moment où on ventile le vase en | pour être mise dans le vase, et digérée
|
vue de hâter la coagulation. | suivant le régime philosophique.
|
|
|
| Vitriol. Acide obtenu par la cuisson de la
|
U - V | matière première putréfiée et du soufre
|
| rouge. Il est appelé vitriol vert ou huile de
|
| Saturne, et a pour hiéroglyphe la queue d'un
|
Vaisseau. Ce terme a été appliqué par les | coq ou celle du paon. Voir : Coq, Paon.
|
hermétistes, tantôt au vase ou creuset qui |
|
contient la matière, tantôt à l'athanor où on | Voie. Il y a deux manières d'opérer pour
|
le dépose. Au moment de la coagulation on | obtenir la pierre philosophale, qui se
|
le trouve aussi comme synonyme de Triton. | différencient par le type de feu utilisé et le
|
Voir Triton. | temps nécessaire pour arriver au résultat
|
| escompté.
|
Vieillard. C'est l'or des Philosophes lorsqu'il | LA VOIE HUMIDE. C'est la plus
|
est réincrudé en sa première matière afin de | longue. Elle s'opère en douze phases,
|
subir les distillations nécessaires pour | chacune placée sous un des signes du
|
obtenir l'eau de jouvence. On lui donnera | zodiaque. Certains disent qu'elle prend toute
|
alors la qualification de vieillard rajeuni. | une année de travaux.
|
@
166 LECTURE ALCHIMIQUE DE LA GRAND-PLACE DE BRUXELLES
LA VOIE SECHE. Elle est la plus
rapide, mais aussi la plus dangereuse et
s'opère grâce à la violence du feu. Sept
opérations seulement sont nécessaires et
d'aucuns les auraient accomplies en quatre
jours. Mais on croit plus généralement
qu'elle exige une semaine de labeur, une fois
la matière première putréfiée. Nicolas
Flamel en aurait rapporté la formule
d'Espagne.
Volatil. Se dit pour une matière qui passe à
l'état gazeux sous l'effet du feu. Les oiseaux
en sont l'hiéroglyphe avec les anges.
Volatilisation. Action de rendre volatil.
Voir : Sublimation.
Vulpis. Ou vulpes, en latin Renard, soit
l'hiéroglyphe du soufre rouge. De plus, ce
Vulpis étant l'anagramme de pulvis, poudre,
indique que (le) dit soufre doit être au préalable
réduit en poudre. Voir : Minium, Pulvis,
Renard, Soufre rouge.
Z
Zodiaque. Pour les Philosophes qui
opèrent selon la voie humide, les signes du
zodiaque sont les opérations de l'oeuvre qu'il
leur faut parcourir pour parvenir à leur
automne, dernière saison de leur année
parce qu'elle est celle où ils recueillent les
fruits de leurs travaux. Voir : Voie humide.
@
167
TABLE DES MATIERES
Préface .......................................................... | 9
|
|
|
Prologue ......................................................... | 21
|
|
|
Préambule : La Matière première .................................. | 27
|
|
|
|
|
I La calcination ................................................. | 32
|
|
|
II La sublimation ................................................ | 48
|
|
|
III La conjonction ............................................... | 64
|
|
|
IV La coagulation ................................................ | 80
|
|
|
V La rectification ............................................... | 96
|
|
|
VI La fixation ................................................... | 112
|
|
|
VII La multiplication ............................................ | 128
|
|
|
|
|
Lexique .......................................................... | 145
|
|
|
Table des matières ............................................... | 167
|
@
@
PARUTIONS
aux Éditions du Cosmogone
@
PARUTIONS
aux Éditions du Cosmogone
6, rue Salomon Reinach - 69007 LYON
Tél. 04 72 72 92 51 Fax : 04 78 58 33 72
E-mail : cosmogone@worldonline.fr
Collection Traditions Hermétiques
BEGUIN J. Les éléments de Chymie - GRIMALDY
Purgatif universel - JOLLIVET CASTELOT F. La
synthèse de l'or - JOLLIVET CASTELOT F. La science
alchimique - JOLLIVET CASTELOT F. La vie et l'âme de
la matière - LONGEVILLE-HARCOVET Histoire des
personnes qui ont vécu plusieurs siècles - MARCUS DE
VEZE L'or alchimique - PLANIS-CAMPY D. Traité de la
vraye unique, grande et universelle médecine des anciens -
RIVIERE P.& Alchimie et archimie - ROY P. L'hermétisme,
philosophie et tradition - STRINDBERG A.& Correspondances
alchimiques - TIFFEREAU G. L'or et la
transmutation des métaux - THIBAUT P. Cours de chymie.
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Collection Spagyrie
BERKELEY G. L'eau de goudron - CASTAIGNE G. Le
grand miracle de la nature métallique - CASTAIGNE G. Le
thresor philosophique de la médecine métallique -
DELAVAULT R. Paracelse, portrait d'un rebelle - DIGBY K.
Remèdes souverains - DIGBY K. Discours fait en une célèbre
assemblée - DU CHESNE J. Traicté familier de l'exacte
préparation spagyrique - GRIMALDY Purgatif universel -
JOLLIVET CASTELOT F. La médecine Spagyrique -
LEROY R. Que puis-je faire moi ? - PLANIS-CAMPY D.
Traité de la vraye unique, grande et universelle médecine des
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Collection Anciens Savoirs-Faires
AOUSTIN E.& Rimes d'un éternel apprenti - BRETON J.J. Le
mage dans la Décadence Latine de Joséphin Péladan -
HAUDICQUIER DE BLANCOURT J. Les secrets de l'art de
la verrerie - HUARD G. L'Art Royal, essai sur l'histoire de la
Franc-Maçonnerie - MOINE THEOPHILE Traité des divers
arts - PECHMEJA A. L'oeuf de Kneph, histoire secrète du zéro.
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Collection Sciences Nouvelles
COMBE Y. L'homme étoile, aux sources de l'énergie -
RAVATIN J. et BLANCA A. M. Théorie des formes et des
champs de cohérence Tomes I et II.
Collection Judaïsme
COHEN J. L'écriture hébraïque : son origine, son évolution,
ses secrets - IFRAH A. L'étoile de david, histoire d'un symbole.
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Le présent tirage
comporte un tirage de tête numéroté
de 1 à 100 exemplaires.
Les ouvrages suivants constituent
le tirage ordinaire.
N° 100
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Achevé d'imprimer en septembre 2002
pour le compte des Éditions du Cosmogone.
N° d'impression : 22-0843
Dépôt légal : septembre 2002
Imprimé en France.
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