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Réfer. : AL0803
Auteur : Glauber Iean Rudolphe.
Titre : La Teinture de l'Or.
S/titre : ou le véritable Or Potable.

Editeur : Thomas Iolly. Paris.
Date éd. : 1659 .
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L A T E I N T V R E D E L'O R O V
L E V E R I T A B L E O R
P O T A B L E; Sa nature, & sa difference d'auec l'Or potable, faux & sophistique. Sa preparation spargique, & son vsage dans la Medecine.
PAR IEAN RVDOLPHE GLAVBER.
Et mise en François par le Sr DV TEIL,

A P A R I S,
Chez T H O M A S I O L L Y, Libraire Iuré, ruë S. Iacques, au coin de la ruë de la Par- cheminerie, aux Armes d'Hollande. --------------------------------- M. D C. L I X.
AVEC PRIVILEGE DV ROY.
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D E L'O R P O T A B L E

OUT le monde sait que les
vrais & anciens Philosophes, se sont étudiés long-temps pour la conservation de leurs santés, & pour prolonger leurs vies, & que par le moyen du feu, ils n'aient pratiqué la séparation de tous
les végétables, animaux & minéraux, pour en
chercher leurs vertus. Et par ce moyen ils ont
trouvé cette grande harmonie de toutes choses,
aussi bien aux Cieux, qu'en la terre, entre le Soleil
& l'or, l'homme & le vin. Car il ne se peut
nier que la vie de toutes choses, ne procède de la
chaleur du Soleil; c'est pourquoi ils ont tâché
de joindre l'or, qui est le premier corps de la
terre, le plus fixe & le plus parfait, à cause des
rayons du Soleil, avec l'homme, par le moyen
de l'esprit du vin.
Mais par hasard il s'en trouvera qui se sentiront offensés de cette narration, désignant que
l'or soit le fils du Soleil, ou un corps métallique
fixe & parfait procédant des rayons du Soleil,
demandant comme quoi les rayons immatériels
du Soleil, peuvent être faits corporels & matériels:
Mais ils sont grandement ignorants de la
A ij
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4 De l'Or Potable.
génération des métaux & des minéraux; & quoi
que je n'aie pas pris la résolution d'écrire en
cet endroit de la génération & origine des métaux,
néanmoins pour montrer qu'il y a un
esprit vivifiant du Soleil dans l'or, détruit & volatilisé,
lequel veut être préparé en très-excellente
médecine pour l'homme; je ne veux pas
laisser en arrière pour satisfaire aux ignorants &
incrédules, de montrer la vérité, par un ou
deux exemples, encore que je le pourrais montrer
par très-certaines & vives raisons; mais à
cause de la brièveté, je suis résolu de passer outre,
recommandant à ceux qui rechercheront les
secrets de la nature, & les propriétés des métaux,
mon traité (de la génération des métaux)
lequel les tirera sans aucun doute hors de
tout scrupule, objectant seulement à ceux qui
s'opposent à la vérité, ces deux questions & raisons
qu'ils ne sauraient réfuter. La première
est, d'où vient cette augmentation de la qualité
& quantité qui se trouvent dans toute liqueur
visqueuse minérale, qui a été exposée long-
temps au Soleil dans un vaisseau de verre ouvert.
le demande si elle vient du Soleil ou d'ailleurs?
Mais tu me diras que cette augmentation provient
de l'air qui est la véhicule de toutes choses.
Je répons, si elle vient de l'air, cet air n'a-t-il pas
été empreint par le Soleil; Et y a-t-il quelque
chose dans l'air qu'il ne reçoive des étoiles?
mais place ou mets cette liqueur dans une cave
froide & humide, & tu verras par expérience
qu'elle n'augmente pas en poids comme elle
fait au Soleil, ou à son début au feu, cette liqueur

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De l'Or Potable. 5
attirera quelque flegme, lequel est aisément
séparé par la chaleur, ne pressant que le seul
poids de la première liqueur. Ceci se peut voir
par cet exemple, dissout quelque métal sulfureux,
comme , . ou zain, avec quelque
esprit acide; & à la fin tirer en l'esprit. Fais rougir
ce qui reste, non pas trop, mais autant qu'il est
nécessaire pour en tirer l'esprit: après observe
bien le poids & le mets dans un creuset au feu.
prends bien garde que le métal ne fonde, mais
seulement qu'il soit obscurément rouge avec le
creuset par l'espace de trois ou quatre semaines:
ce fait tire-le hors, & pese derechef ton métal,
& tu trouveras évidement que ton métal a augmenté,
ce que tu apercevras plus facilement par
la voie suivante; mets du ou autre métal sulfureux,
avec 16. ou 18. parts de , dans une coupelle
bien brûlée, faite de cendres de bois, ou
os, & la mets dedans une fournaise d'essai. Le
poids de la coupelle, & étant bien observé,
& fais que le s'évapore par le feu avec le
: ce fait prends la coupelle étant froide & la pese
derechef, & tu trouveras que la coupelle surpasse
son premier poids, quoi que beaucoup de
soit allé en l'air par la coupellation, même
il surpasse le poids du du , par ladite coupellation;
c'est pourquoi on demande avec raison,
d'où vient cette augmentation: savoir si
la chaleur du feu ne s'est pas coagulée en corps
métallique par le moyen de ce métal fondu. C'est
pourquoi il est probable que si tu connaissais
la matrice métallique dans la fournaise de la
terre, dans laquelle les rayons du Soleil, & la

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6 De l'Or Potable.
chaleur du feu étant reçu peuvent être coagulés,
les métaux pourraient être aussi bien engendrés
en eux, comme dans les entrailles de la
terre.
Tu me répondras, il est probable que le feu vulgaire peut avoir quelque chose de métallique
en lui; ce qui se fait par l'attraction du métal
fondu dans la coupelle, mais il ne se peut aux
rayons du Soleil.
Celui qui voudra faire l'expérience de la vérité, qu'il mette la coupelle bien cuite aux
rayons du Soleil, avec le & le , auquel il
faut opposer un miroir brûlant, afin que tu
puisses ramasser les rayons du Soleil à son centre,
& que par ce moyen il le puisse chauffer, il te
faut tenir continuellement le miroir à la main,
afin de le pouvoir tourner selon le cours du Soleil,
autrement la coupelle se refroidirait, les
rayons du Soleil ne donnant pas dessus; mais si
tu observe droitement ton travail, il se fera aussi
bien que dans une fournaise avec la chaleur du feu.
Il te faut avoir un miroir brûlant qui ait pour le moins deux pieds de diamètre, & qui ne soit
pas trop profond, mais qu'il ait seulement en
profondeur la 18. ou 20, partie du globe, afin
qu'il puisse mieux jeter les rayons dans le centre.
Pour la préparation du dit verre brûlant, il
n'est pas nécessaire d'en faire la description ici,
mais elle sera baillée dans la quatrième Partie
de mes Fourneaux, auquel lieu nous ne montrerons
pas seulement la façon de le faire des
métaux, mais aussi de verre, & le moyen de les
polir.

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De l'Or Potable. 7
Cette démonstration n'aurait point été mise en avant n'eût été pour faire connaître comme
quoi l'or procède du Soleil, & qu'il est secrètement
imbu des ses vertus & propriétés,
& que par la chimie, il peut être réduit en la
même chose qu'il était auparavant sa coagulation,
particulièrement en un esprit chaut &
vif, communiquant ses vertus & facultés au
corps de l'homme. C'est pourquoi les anciens
ont usé d'une grande diligence à la fonte de ;
en laquelle ils n'ont rien trouvé de plus excellent
que le pur esprit de vin tiré par distillation,
ils ne se sont point servis de commun
fondu, tiré hors des pierres ou lavé hors du sable,
mais purgé par le bénéfice du feu, & philosophiquement
vivifié, non par l'aide d'aucun
esprit corrosif qu'est la voie commune des
Chimistes ordinaires, mais avec une eau que
la nature donne volontairement sans le secours
d'aucune distillation violente par laquelle il est
manifesté, ce qui est caché en , & caché ce
qui est manifeste; c'est pourquoi ils l'ont rendu
propre pour séparer sa teinture, d'avec un
corps gros, noir & superflu: car ils ont connu
que le corps compacte de n'a point d'affinité
avec les esprits vitaux, c'est pourquoi ils
n'ont choisi que la plus pure partie de , pour
faire leur élixir, qui est sa teinture, laquelle ils
ont radicalement jointe avec l'esprit de vin, &
étant joints les ont rendus spirituels & volatils;
si bien qu'ils ne peuvent jamais être séparés
l'un de l'autre par le feu, & étant au feu ils sont
sublimés ou fixés, par une longue décoction,
A iiij
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8 De l'Or Potable.
& coagules en une pierre fixe, ce qu'ils tiennent
pour le plus grand trésor du monde: c'est
pourquoi les anciens Philosophes affirment
qu'il n'y a point de meilleure médecine sous le
Soleil que celle ci, qui est faite par l'union philosophique
du vin avec , tous deux étant unis
par vue coagulation & fixation inséparable: car
il ne se peut faire une médecine de l'esprit de vin
sans , ni de sans esprit de vin, à cause que
ne se peut rendre volatil sans esprit de vin,
ni l'esprit de vin ne peut être coagulé & fixe
sans , c'est pourquoi nous suivons justement
l'opinion de ces grands personnages, non pas à
cause de leurs autorités, mais par vne démonstration
oculaire, qui est la vraie épreuve.
C'est pourquoi la connaissance & la préparation de cette médecine m'étant donnée du
très haut, je prétends à cause que l'homme n'est
pas né pour lui seul de donner brièvement
sa préparation & son usage, mais je ne veux pas
jeter les perles devant les pourceaux, mais j'en
veux seulement montrer le chemin aux studieux,
& qui cherchent le travail de Dieu & nature; &
sans doute ils entendront mes écrits, mais non
pas un ignorant & qui n'est point expert, c'est
pourquoi la brièveté de la préparation n'offense
personne, à cause que je n'entends pas de
prostituer cet art divinement obtenu; non pas
avec orgueil & méchanceté, mais avec beaucoup
de veilles, peines & travaux, n'étant donné
aux indignes, mais seulement aux gens pieux,
& ils verront à yeux ouverts, que la vérité est
telle. C'est pourquoi je désire que la simplicité

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De l'Or Potable. 9
de mon langage n'offense personne, n'étant
adonné à des figures rhétoriques comme l'ordinaire
façon: car la vérité ne manque pas de
bonnes paroles, se contentant de la simplicité &
brièveté, par laquelle il est mieux & plus aisément
démontré que par ces discours sophistiques.
Auparavant que je montre la préparation, je veux brièvement décrire les qualités d'un
vrai Spagirique qui entreprend un si grand
travail afin que chacun s'examine soi-même,
qui prend ce travail sur lui: car il ne suffit pas de
connaître comme il faut si faire le feu, ou distiller
l'eau des végétables, mais la véritable connaissance
des fruits aussi bien des éléments supérieurs
que des inférieurs, particulièrement la
piété.
N'étant grand parleur, mais beaucoup de connaissance fait le Chimique, car il n'y a
point d'homme qui puisse dénier qu'il y a long-
temps, & par plusieurs années, que cet art est
cherché, même jusqu'à aujourd'hui, avec beaucoup
de travail & dépense, mais trouvé de peu:
je ne m'étonne pas aussi de ce qu'un si grand
don de Dieu n'a été communiqué qu'à fort peu
de Chimiques modernes: car excepté quelques-
uns, tout le reste est allé par un chemin contraire;
car les uns se confient en leurs richesses,
croyant l'acquérir par violence, à cause qu'ils
peuvent faire de beaux laboratoires, entretenant
beaucoup d'hommes, ayant nombre de vaisseaux
minérals, & charbons, ne considérant ce
que dit l'Apôtre.

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10 De l'Or Potable.
Il y en a d'autres auxquels toute leur science consiste en divers langages, pour être honorés
par ces longs discours, s'attribuant à eux-mêmes
toute la science, se persuadant qu'ils ont
tous les éléments en leurs becs par leur sagesse
supposée, ou par leur étude; ne considérant pas
la parole de Christ, tu l'as révélé aux petits, &
l'as caché aux sages, & entendus eux-mêmes,
qu'ils voient croître l'herbe, & ne connaissent
pas la terre sa mère, auxquels si tout ne réussit à
leur plaisir, ils n'ont point de crainte de blâmer
ces pieux Philosophes, & les accuser de fausseté,
afin de couvrir leur ignorance, en disant que
l'art est faux, mais ils jugeraient bien la chose
autrement s'ils connaissaient le sens occulte des
Philosophes; mais à cause qu'ils sont aveugles
par leur présomption, il n'est pas merveilles si
au lieu de la noix, ils ne prennent que l'écorce,
& ainsi ne parviennent point à leur fin désirée.
La troisième sont ces gens avares, cherchant des biens auprès de ces charlatans, qui sont aussi
ignorants de la chimie & de la nature, comme
ceux à qui ils montrent; n'ayant nulle connaissance
des minéraux ni métaux, ni n'entendent,
le travail des Philosophes; avec lesquels si on
dispute de la nature & propriété des métaux, ils
ne savent répondre autre chose, que ce qu'ils
lisent on entendent dire. Il est écrit ainsi & y
avons procédé de même, & il nous y faut procéder
ainsi; & cette matière nous est nécessaire
& non autre, se tenant ferme sur la lettre, ne
considérant pas si l'auteur du procédé est expert

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De l'Or Potable. 11
ou non, pour voir si ses écrits sont par expérience
ou par la lecture d'autres Livres; & bien
qu'on leur donnât une véritable & ingénieuse
information de la nature, la connaissance des
métaux & minéraux, & secrets chimiques, ils
ne le voudraient pas croire, méprisant la vérité,
l'estimant folie, à cause de la simplicité du travail,
qui n'est ni de fatigue, ni de dépense; les
esprits avares recherchent les richesses, & toutefois
ils dépensent en certains procédés de nulle
valeur, les cent ou mille écus, supposant que l'art
s'achète à pris d'argent, ne considérant pas que
le marchand se veut réserver un bon & assuré
arc pour lui-même, & ne cherche point l'utilité
des autres.
Je ne dénie point qu'il n'y ait quelques Artistes qui possèdent quelques secrets ou choses
trouvées par leurs expériences, ou qui leur ont
été montrées par quelque ami, lequel ne saurait
travailler à cause de sa pauvreté; & par ce
moyen il est obligé de demander l'assistance des
autres: car les biens & l'expérience ne vont pas
toujours ensemble: Ceux-là sont secourus par
le riche, qui s'assurent sur la bénédiction divine.
Mais il faut avoir cette première précaution pour cela, de peur que votre fruit ne s'avorte
dans le temps de la moisson. Y a-il quelqu'un si
aveugle qui ne reconnaisse pas les ruses de ces
avares, quoi que le Soleil par la faveur du Ciel
illumine tant les méchants, que les bons? Il est
pourtant inouï que les Philosophes aient fait
bruit de leur vrai secret, & qu'ils l'aient voulu

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12 De l'Or Potable.
vendre, comme ces vendeurs de bagatelles. Il
faut principalement admirer que les plus sages,
les plus doctes, & plus prudents de ce siècle, se
sont voulus laisser tromper par ces fols & charlatans.
La quatrième sorte de curieux, sont gens de différente condition, ne cherchant ni profit, ni
honneur, faisant tout pour la gloire de Dieu, &
l'utilité de leur prochain, se contentant d'un
honnête entretien, qui ne sont point superbes ni
glorieux, mais pieux & honnêtes, aimant mieux
manier des charbons, que porter des bagues
d'or aux doigts, qui ne fréquentent que peu de
personnes, observant le silence dans les secrets
de la Nature, cherchant & trouvant par la grâce
de Dieu, ne se confiant point aux écrits des anciens
Philosophes, mais en Dieu qui apprend
toutes choses, duquel la miséricorde est aussi
bien à présent, comme elle était lors des anciens
Philosophes, lesquels obtenaient la science
par ardentes prières à Dieu: La science vient
à telles personnes au delà de toute espérance,
avec la méthode & l'usage.
C'est pourquoi tous ceux qui désireront travailler en cette science, doivent s'examiner
eux-mêmes, parce qu'à ceux qui ne sont pas du
nombre de ces derniers, les richesses, l'éloquence,
& science imaginaire, ne leur serviront de
rien, d'autant que ce travail est un seul don de
Dieu, & non d'aucun homme. Ayant donc enseigné
les propriétés du véritable Moissonneur des
fruits de l'arbre d'or, je veux maintenant commencer
la préparation de la teinture de par

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De l'Or Potable. 13
la main d'un bon Artiste, & veux faire voir la
différence de la vraie teinture d'avec la fausse,
& l'usage de la vraie teinture de en médecine
pour guérir beaucoup de maladies, comme s'ensuit.
R. vif une part, & trois parts de non du vulgaire, mais du philosophique, qui se trouve
par tout sans aucun frais ni travail: il te faut
aussi prendre de l'argent qui soit vif, égal poids
à , & en vérité meilleur que le seul : car la
grande variété des couleurs procède du mélange
du mâle & de la femelle; s'il y a quelqu'un
qui soit persuadé que la teinture sera meilleure
avec seul, il le peut faire avec seul: mais un
homme expérimenté aux métaux ne le fera pas,
d'autant qu'il connaît le pouvoir de l'union
cordiale, qu'il y a entre & dissout dans un
même menstrue, étant mêlés ensemble; mêle-
les dans un vaisseau philosophique, pour dissoudre,
& en l'espace d'un quart d'heure ces métaux
mêlés seront dissout radicalement par le
, & seront de couleur de pourpre; après augmente
ton feu par degrés, & ils donneront une
belle couleur verte, laquelle tu tireras hors, &
y mettras de l'eau de rosée pour le dissoudre;
ce qui se fera en l'espace de demi heure: Filtre
la dissolution, & en tire l'eau par l'alambic au
bain, sur lequel tu mettras de nouvelle rosée, &
la tire derechef par le bain réitère par trois fois,
& dans ce temps cette couleur verte, se tournera
en une couleur noire, comme encre, & puante
comme une carcasse, & partant très-odieuse &
sale. Or il faut quelquefois tirer l'eau, & en remettre

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14 De l'Or Potable.
& digérer, & cette noirceur & puanteur
s'en ira en l'espace de 40. heures, & te produira
une blancheur comme lait, laquelle apparaissant,
il te faut tirer, hors toute l'humidité, tant
que la chose soit sèche, lors il te restera une
masse blanche, laquelle en peu d'heures par
une lente chaleur, & après qu'il & paru diverses
& plaisantes couleurs, il se changera
en très beau vert plus beau que le premier,
sur lequel tu verseras de l'esprit de vin
rectifié, qui surnagera de deux ou trois doigts;
& cet vert qui est dissout, attirera à soi l'esprit
de vin à cause de leur grande amitié; de
même qu'un éponge sèche attire l'eau & lui
communique son âme aussi rouge que du sang;
& par ce moyen cette verdeur est privée de sa
vivifique teinture, & se mûrit en couleur rouge,
laissant le superflu du corps en cendre.
Il te faut tirer par inclination, l'esprit teint & le filtre, puis par l'alambic de verre au bain
tu feras l'extraction de l'essence ignée de l'esprit
de vin, hors de la teinture rouge, afin qu'ils
soient inséparablement joints ensemble, &
pour cet effet, tu verras qu'il n'en sortira qu'une
eau insipide, la vertu de l'esprit de vin étant
demeurée avec la teinture de semblable à
un sel rouge & brûlant, fusible & volatil, duquel
un grain peut teindre 3 d'esprit de vin,
ou autre liqueur, en une couleur rouge comme
sang; car elle se dissout dans toute chose humide;
c'est pourquoi il peut être gardée en substance
liquide, pour la panacée aux maladies
es plus désespérées; à présent je veux communiquer

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De l'Or Potable. 15
les propriétés de la véritable teinture,
par laquelle le véritable potable est connu.
Cette teinture est après la pierre des Philosophes
la meilleure de toutes les médecines, entre
lesquelles deux, il n'y a que cette différence,
c'est que l'âme de est volatile, & n'a point
d'entrée dans les métaux imparfaits, c'est pourquoi
il ne les peut transmuer en pur , laquelle
vertu est attribuée à la seule pierre des Philosophes,
d'autant que l'âme de , encore
qu'elle soit la meilleure partie, néanmoins elle
n'est pas fixe au feu, mais volatile, mais la
pierre des Philosophes est fixe, & soutient le
feu, par la raison qu'elle a demeuré plus long-
temps en digestion: or de vous dire si cette âme
ou teinture volatile ou lion rouge peut être
fixe par le feu, & réduit en la médecine universelle,
ou pierre teignante; je n'en sais rien,
d'autant que je ne l'ai point éprouvé, &c. c'est
pourquoi celui qui aura tiré l'âme de , peut
essayer plus outre, pour voir s'il trouverait quelque
chose de meilleure, car ce travail n'enseigne
que la meilleure médecine de , mais d'autre
chose je n'en sais rien.
Part là est reconnue la tromperie de ces Distillateurs de vin, & autres eaux des végétables
pour potable; & ils ne sont pas honteux de
vendre aux ignorants à un grand prix, de l'eau
colorée de jaune ou de rouge. Comme aussi
l'erreur des autres qui dissolvent le corps de
avec eau royale, ou esprit de sel, duquel ils en font
après l'extraction, pour avoir une poudre sèche
laquelle n'est pas extraction, mais une particulière

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16 De l'Or Potable.
dissolution de , par le moyen des esprits
corrosifs qui ont resté dans , teignant l'esprit
de vin d'une couleur jaune, & étant ainsi coloré,
ils l'appellent leur potable; & néanmoins
il est derechef réduit en ; l'esprit de vin en
étant extrait, lequel ne peut faire davantage
que toute autre chaux ; & que l'archée ne
saurait digérer; mais étant indigeste, il le jette
avec les excréments. Il y en a d'autres qui tombent
dans une grande erreur, se trompant lourdement
eux-mêmes, & les autres aussi croyant
l'extraire hors de en chaux, avec de particuliers
menstrues & esprits, ne connaissant pas
que le menstrue infusé sur , devient rouge de
lui-même par une longue décoction, lequel
ils séparent par inclination, & le donnent pour
potable: que s'ils pesent la chaux, ils trouveront
par expérience que n'a point diminué
de son poids, dont si tu veux faire l'expérience,
mets ton esprit ou menstrue à une douce
chaleur, ou long-temps au froid, & tu verras
que de lui même il deviendra rouge, tout ainsi
que s'il avait été avec en chaux; mais la cause
de cette rougeur leur est inconnu, ce n'est
autre chose qu'un certain sel nitreux & volatil;
comme sel armoniac, urine, le tartre, corne de
cerf, cheveux, &c. exaltant la couleur de quel
soufre que ce soit.
C'est pourquoi il faut nécessairement que cela s'en ensuive; car si les Artistes menent avec
l'esprit de vin, dans lequel est caché un certain
soufre, quelqu'un de ces sels qui exaltent, il
sera exalté en couleur, & deviendra rouge, ce qui
arrive
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De l'Or Potable. 17
arrive aussi à ceux lesquels ont accoutumé de
tirer les teintures avec des huiles distillées, qui
ont un sel volatil, comme sont les huiles ou
jus de limon, girofles, cannelle, &c.
Car telles teintures ou potable, n'a point d'efficace comme l'expérience le certifie; je
ne veux pas dire que la teinture de ne se puisse
tirer que par cette voie, car étant dissout dans
des menstrues doux en sorte qu'il n'en puisse
être séparé par précipitation, il peut faire de
merveilleux effets dans les plus grandes maladies,
mais il faut toujours choisir des métaux
vifs & non des morts.
Certes le vrai potable n'est pas en ce qui est à la vue ou au nom, comme diverses eaux
teintes d'une couleur jaune, ou rouge, mais il
faut qu'il ait les vertus & facultés en lui, tellement
qu'il paroisse que véritablement il est fait
de , ne se pouvant toutefois plus réduire par
le feu en or, étant spirituel, pénétrant, fortifiant,
restaurant les esprits vitaux, afin qu'ils
puissent vaincre leurs ennemis. Il faut aussi
qu'il ait cette vertu, qu'il change les métaux
imparfaits, principalement , , & en pur
, non pas comme une teinture fixe, mais les
perfectionnant seulement, particulièrement par
la voie humide en digestion, dans laquelle une
part du métal tant seulement est changée en
mieux. Car cette teinture ou sel est extrêmement
volatil, par ainsi il ne peut résister au feu,
mais avec vue chaleur douce il se fond comme
de la cire, & se sublime comme un sel rouge, qui
se dissout dans l'esprit de vin, pour être propre
B
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18 De l'Or Potable.
aux usages de la Médecine.
Aussi le véritable potable étant goûté, n'est ni corrosif, ni astringent, comme les autres
solutions , ni ne tache point les mains,
les ongles, ni les cheveux de couleur noire ou
jaune, au contraire les rend plus beaux, & il
n'infecte point le , , , , d'aucune rouille
ou couleur noire, au contraire les rend plus
nets; il n'est point aussi un corps , qui puisse
être réduit par extraction, ni en blanc, qui recouvre
sa première couleur par , & par l'eau
royale, mais il est comme une terre de cire, qui se
sublime à une chaleur douce comme l'arsenic, ne
pouvant soutenir l'examen de la coupelle: si la
teinture a les dites vertus, elle peut être appelée
véritable; mais si elle ne les a pas, ce n'est
qu'un potable sophistiqué, qui doit être méprisé.

L'usage de cette Médecine .
N Ous avons ci devant fait voir que le soleil est l'origine de , ou doué des incroyables vertus du Soleil terrestre; car la force
& vertu de tous les végétables, animaux, minéraux,
est en lui, lesquelles ne peuvent être montrées
que par les Philosophes, & ce par la séparation
des parties intrinsèques & pures, d'avec
les impures.
Ce discours te semblera peut-être incroyable ou non vrai-semblable, de dire que se
peut réduire en une essence spirituelle, qui soit
agréable à la nature humaine, ayant la vertu

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De l'Or Potable. 19
de tous les animaux, végétaux & minéraux, certainement
celui-là ne sera jamais persuadé, lequel
Vulcain n'a pas rendu Philosophe: mais qui
est celui qui se veut donner tant de peine que de
vider toutes les controverses, quoi qu'il fut
possible avec des raisons que je passe ici sous silence
pour cause? Pour toute assurance je renvoie
le lecteur à la seconde Partie de mes Fourneaux,
où il trouvera comme quoi hors de , &
du soufre par un bon Chimique, & par l'assistance
du feu, on peut tirer non seulement la force
& les facultés de divers végétables; mais encore
leur odeur naturelle, laquelle ne se montrait
pas auparavant qu'ils fussent dissout radicalement;
laquelle chose se pouvant faire avec quelque
fétide & imparfait minéral; pourquoi donc
ne se pourra elle pas faire avec un minéral meur
& parfait?
Si nous étions bons Naturalistes & diligents Chimiques, nous n'aurions pas besoin de remplir
les laboratoires de tant de pots & de tant de
boëtes, ni de faire tant de dépense, pour aller
chercher tant de médecines étrangères, parce
que les vertus & les propriétés de tous les végétaux,
animaux, & minéraux, rassemblés en peu
de sujets peuvent être trouvées plus facilement.
Et comme la vraie teinture d' bien fixe, est
imbue de toutes les vertus de tous les végétables,
animaux, & minéraux; la force de guérir toutes
maladies lui est justement attribuée; mais avec
différence; car il y a diverses sortes de gouttes
aux pieds & aux mains, aussi de la pierre & de la
lèpre, lesquelles sont quelquefois si invétérées,
B ij
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20 De l'Or Potable.
qu'elles sont incurables; & quelquefois aussi
nouvelles & curables. C'est pourquoi je ne promets
pas de guérir indifféremment toutes sortes
de maladies, par aucune médecine: car il n'y a
point d'homme qui le puisse, quand bien il aurait
la pierre des Philosophes.
Souvente fois la pierre de la vessie est rompue & mise en pièces, quoi que très-dure & indissoluble
avec eau forte, laquelle aucune médecine
corrosive ne peut dissoudre. Et quoi qu'il y
en aie quelques uns qui attribuent ce pouvoir
à leur médecine, ils ne sauraient pourtant le
faire. Car ce n'est pas assez de promettre, d'autant
que nul ne la saurait accomplir, & les promesses
deviennent dettes; à quoi peu de gens
prennent garde. C'est pourquoi la vérité est opprimée
par les ennemis de l'art. Il est donc meilleur
de faire plus qu'on ne promet, & le travail
fera estimer celui qui le fait, comme quoi peut
une médecine pénétrer aux parties extrêmes du
corps, savoir les mains & les pieds, & dissoudre
une matière coagulée & endurcie, laquelle
étant hors du corps; il n'y a point de médecine
corrosive qui la dissolue. C'est assez que la médecine
trouvant une matière de sel visqueuse &
tartreuse, qui ne soit point coagulée, la dissolue,
& la détruise. La même chose faut-il entendre
de la pierre dans les reins ou dans la vessie, & par
cette manière je veux décrire la guérison de la
goutte aux mains & aux pieds, de la pierre dans
les reins ou dans la vessie, avec ma teinture
aussi bien aux vieux qu'aux jeunes. Mais il est
nécessaire d'administrer de spécifiques cathartiques,

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De l'Or Potable. 21
& des bains extrinsèques pour disposer la
cure, afin que la nature puisse plutôt faire son
office. Mais sur toutes choses il faut considérer
la divine providence; car souvente fois Dieu
nous afflige de maladies qui sont incurables par
l'art. Si premièrement il n'est apaisé par humble
repentance, qui est la meilleure de toutes les
médecines. Je dirai aussi la cure des maladies
qui proviennent de la corruption du sang, comme
la lèpre, la vérole & autres impuretés, sont
guéries par cette teinture: si avec cela vous administre
les cathartiques & diaphorétiques, modifiant
& renouvelant le sang, par dessus toute autre
médecine, cette teinture guérit aussi toutes
obstructions du foie, de la rate, des reins, & autres
parties, à cause qu'elle échauffe, atténue, incise,
& évacue l'origine de diverses maladies,
elle guérit aussi toutes les maladies violentes &
aiguës; comme épilepsie, peste, fièvre, &c.
Elle provoque le flux aux vieilles femmes, & aux jeunes, principalement si on s'en sert au dehors;
par laquelle voie on en guérit plusieurs
qui périraient misérablement. Elle échauffe &
nettoie la matrice par dessus toute médecine, &
la rend propre à faire son devoir; la préserve
aussi de toutes sortes d'accidents, qui causent la
stérilité & autres grandes maladies, qui causent
la mort: elle détruit les eaux de l'hydropisie par
les urines, elle raréfie & sèche l'humidité des
humeurs superflues de l'extérieur & intérieur,
de même que le Soleil sèche & consomme les
eaux: par elle le corps recouvre sa première vigueur.
Il n'est pas nécessaire de traiter plus amplement

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22 De l'Or Potable.
des autres maladies, d'autant qu'on
se peut servir indifféremment de cette médecine
pour leur guérison, comme d'une médecine universelle.
La dose est depuis gr. 3. ou gouttes jusques 12. ou davantage; mais aux enfants depuis 1. 2. ou
3. avec son propre véhicule, ou bien avec du vin,
ou bière, en prenant journellement laquelle
dose doit être prise par plusieurs fois en un
jour, considérant la force du malade.
Tu ne te dois point offenser des reproches que font les calomniateurs de ce Livre, dont le
diable qui est le père de mensonge, est le seul
auteur, croyant que le temps est proche, auquel
à la fin ces boucs seront consommés par la colère
divine comme paille; la brebis n'étant pas
endommagée; car ils récompensent leur manger
à leur maître, par leur lait & par leur laine.
Sur cela je finis avec l'espérance que j'ai d'avoir satisfait mon prochain: car sans nul doute,
quiconque se servira bien de cette médecine ,
il s'en trouvera fort bien, principalement s'il
lève son coeur à Dieu, duquel nous devons incessamment
implorer la miséricorde.

F I N.