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Réfer. : 1318 .
Auteur : Limojon de Saint-Didier, Claude.
Titre : Lettre d'un Philosophe à son Ami.
S/titre : sur le grand Oeuvre.
Editeur : Editions de La Hutte. Bonneuil-en-Valois.
Date éd. : 2007 .
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**** A T T E N T I O N ****
Ce document étant sujet à droits d'auteur,
n'est composé que du début, et des tables éven-
tuelles. Reportez-vous aux références ci-dessus
pour vous le procurer.
**** A T T E N T I O N ****
L E T T R E
D'U N P H I L O S O P H E
A S O N A M I
S U R L E G R A N D O E U V R E
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Déjà au catalogue
des Editions de La Hutte...
Collection Alchimie :
La Moelle de l'alchymie
Eyrénée Philalèthe, 1709
2005
Le Vrai et Vieux Chemin de nature d'Hermès-Trismégiste
Anonyme (« I.C.H.-Un Vrai Franc-Maçon »), 1782
2006
Le Testament de Raymond Lulle
Pseudo-Raymond Lulle, c. 1316
2006
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Claude Limojon de Saint Didier
L E T T R E
D'U N P H I L O S O P H E
A S O N A M I
S U R L E G R A N D O E U V R E
Editions de La Hutte
BP 8
60123 Bonneuil-en-Valois
www.editionsdelahutte.com
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(C) 2007 Éditions de La Hutte & Bernard Renaud de la Faverie
BP 8 60123 Bonneuil-en-Valois
EAN : 978-2-916123-06-6
E-mail : contact@editionsdelahutte.com
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AVANT-PROPOS
La source et le copiste
La présente recomposition provient de l'unique copie connue du
manuscrit autographe, dont la trace est aujourd'hui perdue mais,
nous l'espérons, pas définitivement. Nous cherchons.
Le compilateur en est l'estimé Bernard Husson, dont tous les
amateurs de l'Art regrettent l'érudition immense. Nous reproduisons
ici sa préface originale, tout juste purgée ou mise à jour de
quelques références obsolètes.
En ce qui concerne le manuscrit, il nous a tout de même laissé
deux belles planches contemporaines de l'autographe ainsi qu'une
photographie de ce dernier. Elles sont reproduites dans notre édition.
La transcription
Le texte, tel que nous l'avons composé, est très fidèle au tapuscrit
de Bernard Husson.
Aucune autre ponctuation n'est rajoutée, aucun autre élément
n'est modifié, ni virgule ni point-virgule, afin de ne pas risquer
imprudemment d'orienter l'interprétation. Toutefois, nous nous
sommes permis de mettre le point final à certaines phrases dont la
fin effective ne laissait aucun doute.
L'instabilité et les curiosités de la casse ont été respectées, ainsi
que les fautes d'orthographe, les fautes d'accords, etc., ce qui garde
au texte son pittoresque, mais sans pouvoir toujours distinguer ce
qui ressort de la recopie ou du manuscrit.
Je vous souhaite une bonne lecture.
Jean Solis
Juin 2007
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PREFACE DE LA PRESENTE EDITION
Ce texte, resté inédit, et dont nous ne connaissons qu'un manuscrit,
se trouvait répertorié dans les termes suivants au tome 42 du
Catalogue des manuscrits français des bibliothèques de France,
consacré à celle d'Orléans (page 388, n° 1021) :
« Lettre d'un philosophe à son ami sur le grand oeuvre », (par
Cl. Limojon de Saint-Didier), avec figures.
XVIIIe siècle. Papier, 53 pages. 330 sur 242 millim.
Sans couverture.
-- (Donné par M. Lemoine, juge au tribunal civil d'Orléans,
le 27 juillet 1825.)
L'imputation d'auteur nous paraît due au rédacteur du catalogue,
car, dans le texte de la lettre, rien ne permet de la confirmer.
Elle nous apparaît précaire, à la suite des recherches prolongées
et sans aboutissement auxquelles nous nous sommes adonné pour
retrouver mention d'un membre de la famille de Limojon ayant
porté le prénom de Claude.
Le Philosophe réputé de ce nom, connu par plusieurs ouvrages
classiques d'alchimie récemment réédités, auteur d'une
Histoire de la
paix de Nimègue -- il était secrétaire du comte d'Avaux, ambassadeur
de Louis XIV, et l'accompagna successivement à Venise, aux Pays-
Bas et en Irlande -- se prénommait Alexandre-Toussaint.
Pithon-Court a consacré quelques pages de son Histoire de la
noblesse du Comtat-Venaissin, publiée en 1734, à la famille de Limojon
et nous y apprenons qu'Alexandre-Toussaint était un fils puiné.
Il ne donne pas le prénom de l'ainé, non plus que le rédacteur de
l'article du dictionnaire biographique de Michaud consacré à
Limojon (Alexandre-Toussaint), qui nous apprend que son neveu
(Ignace-François) hérita de ses manuscrits.
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LETTRE D'UN PHILOSOPHE A SON AMI SUR LE GRAND OEUVRE
N'excluons pas trop vite, cependant, l'éventualité qu'ait existé un
membre de la famille de Saint-Didier apparenté à Alexandre-
Toussaint qui se soit prénommé Claude, ayant exercé la profession
médicale et pratiqué l'alchimie.
Si cette hypothèse était confirmée par des documents valables
restant encore à découvrir, on devrait même en inférer que ce
Claude fut l'initiateur ou tout au moins l'instructeur d'Alexandre-
Toussaint qui, malgré la réputation de ses traités, ne semble vraiment
pas avoir eu la possibilité matérielle de s'adonner aux longs et
dispendieux travaux du Grand Oeuvre, dans le cours, chargé de
vicissitudes, de ses charges écrasantes de fidèle secrétaire-écuyer du
comte d'Avaux.
D'aucuns objecteront que l'auteur réputé du Triomphe Hermétique
n'était peut-être qu'un de ces Philosophes, parfaitement au courant
des principes et des opérations du Grand Oeuvre, mais ne les ayant
pas menés jusqu'à l'aboutissement complet, faute d'occasion propice.
On observera en effet que, dans tous ses écrits publiés,
Alexandre-Toussaint affecte un ton strictement impersonnel, et ne
donne prise nulle part au moindre soupçon d'avoir manipulé lui-
même.
Néanmoins, aucun biographe de Limojon ne semble avoir eu
connaissance d'un passage extrêmement remarquable de l'
Aureum
Vellus, publié en 1730 par l'Adepte Naxagoras, que nous traduisons
ainsi de l'allemand :
Récemment, je fis également la connaissance du neveu de l'auteur
du Triomphe Hermétique, de qui proviennent les manuscrits
qui m'échurent à Dantzig, durant la peste. Il resta longtemps
sans vouloir m'accorder d'entretien sur l'art, jusqu'à ce qu'enfin
j'eusse fléchi sa détermination au moyen des dits manuscrits que
j'avais amenés à cette intention, et comme j'étais porteur de deux
originaux dont il reconnut l'écriture, nous devînmes sur-le-champ
les meilleurs amis du monde, d'autant que je lui offris de lui en
laisser prendre copie. (Ils avaient été détournés par Pott des
papiers de son défunt oncle, après sa mort qu'on dit avoir été causée
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@
PREFACE
par le poison). Lorsqu'il me le rendit, il me demanda de
conserver les originaux, en souvenir de son défunt oncle, et de garder
sa copie. J'y consentis après que nous les ayons collationnés
ensemble alors, après qu'il m'eût fait jurer, sur Dieu et sur son
honneur, de ne dévoiler à personne son nom et son identité, j'eus
lieu de m'en réjouir, car il me démontra sur-le-champ la réalité de
la transmutation, et c'est à cette occasion que je fus témoin pour
la seconde fois, d'une transmutation réussie de plomb en or, au
moyen d'une poudre dont la puissance atteignait une part sur cent
mille.
Si l'on ajoute foi à cette déclaration de Naxagoras, Alexandre-
Toussaint Limojon de Saint-Didier n'aurait pas péri dans le naufrage
de la frégate
La Tempête au cours de sa mission d'Irlande en
décembre 1689, selon ses biographes, mais à Dantzig, à une date
que Naxagoras ne précise malheureusement pas, mais que l'abbé
Lenglet-Dufresnoy, p. 461 de sa
Méthode pour étudier l'histoire, Paris
1729, donne péremptoirement, sans aucun commentaire : « Il est
mort en 1692. »
Le contexte des déclarations de Naxagoras semble situer le décès
de Limojon à Dantzig ou dans ses alentours. Or, il est intéressant
de noter qu'en 1692 le comte d'Avaux exerçait les fonctions d'ambassadeur
en Suède...
Quoiqu'il en soit, s'il faut en croire Naxagoras, un neveu
d'Alexandre-Toussaint à la fin du XVIIIe siècle était possesseur d'une
« teinture » transmuant cent mille fois son poids de plomb en or.
Bien que la puissance de la médecine à laquelle aboutit l'opération
de Claude Limojon soit mille fois moindre, il n'est pas interdit
d'aventurer l'hypothèse d'après laquelle Alexandre-Toussaint tenait
ses connaissances, et peut-être la teinture dont un de ses neveux
était porteur, d'un parent prénommé Claude.
Au début de sa lettre, ce dernier déclare tenir les siennes et plus
précisément, celles du procédé « particulier » qu'il confie partiellement
à son destinataire, d'un Philosophe qu'il désigne sous le nom
de « Cosmopolite moderne ».
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LETTRE D'UN PHILOSOPHE A SON AMI SUR LE GRAND OEUVRE
A première vue, on est tenté d'y reconnaître l'auteur du dernier
ouvrage de la trilogie globalement imputée par ses éditeurs au
« Cosmopolite » bien qu'ils rassemblent des textes d'auteurs différents,
composés à plusieurs dizaines d'années d'intervalle : le premier,
dit « Traité du mercure », étant la
Nouvelle Lumière Chymique
d'Alexandre Sethon, le second, le
Traité du soufre de Michel
Sendivogius, et le dernier, intitulé dans ses traductions françaises
Traité du Sel, imputé ultérieurement par les uns à Johann Harprecht,
par d'autres à Friederich Josaphat Hautnorthon.
Son ouvrage se présentant comme la suite des deux précédents,
il y fait figure d'Adepte, soumis comme ses deux prédécesseurs aux
précautions de l'anonymat et de l'errance continuelle, n'ayant plus
de séjour ni de patrie définis, mais devenu citoyen de l'Univers,
signification littérale du terme grec de « cosmopolite ».
Il nous apparaît plus probable que le Philosophe désigné ici sous
l'appellation de « Cosmopolite Moderne » est celui qui fut l'auteur
du texte mentionné
in fine, intitulé
Les Accouchées de la Pierre des
Philosophes. En effet, son traité publié à Aix en 1669 sous le titre La
Nature au découvert est en partie une paraphrase de
La Nouvelle
Lumière Chymique. Les Accouchées de la Pierre des Philosophes restèrent
inédites en français mais furent publiées en allemand en 1692.
Ce qui pourrait appuyer l'hypothèse précédente, c'est-à-dire
l'identification de l'initiateur anonyme de l'auteur dont nous
publions la missive avec celui du
Traité du Sel, c'est une certaine analogie
du contenu de leurs écrits, encore que celui qu'on va lire soit
beaucoup plus explicite.
Le passage suivant de la « lettre philosophique » publiée conjointement
au
Traité du Sel se rapporterait-il également à notre texte ?
Il me fit sentir l'erreur et l'ignorance de ceux qui vont recueillir la
rosée qui tombe la nuit sur les blés pour en faire la matière de leur
pierre. Et il me fit voir par la pratique la vraie manière pour
prendre physiquement la vraie rosée du ciel, où je vis que le
Philosophe qui voulait faire l'oeuvre devait tirer lui-même de l'influence
des astres sans aucun labeur manuel la vraie rosée des
sages et de plus qu'il la puisât seulement dans le plus profond centre
du ventre d'Ariès et ce par l'instrument magique des sages...
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Mon père est le Soleil, et ma mère la Lune
Je tiens en mon pouvoir mille rares trésors.
Quand donc de mon esprit quelqu'un sait faire un corps
Il acquiert aisément une grande fortune.
Plusieurs, depuis longtemps, me cherchent en tous lieux
Fort inutilement, encore qu'à leurs yeux
J'étale jour et nuit des rayons de lumière
Qui devraient les tirer du sot aveuglement
De croire qu'à 6rands frais on aie seulement
Ce qu'on trouve pour rien sans se tourmenter guère.
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LETTRE D'UN PHILOSOPHE A SON AMY
SUR LE GRAND OEUVRE
Puisque vous désirez, Monsieur, que je vous dise mes sentiments
sur le particulier du Cosmopolite moderne au règne minéral, je
vous en avouerai franchement ce que j'en ai appris de lui-même
il y a quelques années, et sans m'embarrasser, comme font quelques
Philosophes en des narrations qui enveloppent tout ce qu'ils
disent au lecteur dans des obscurités qui rendent d'ordinaire la
peine qu'ils prennent pour en profiter extrêmement inutile, je
vous apprendrai, mais pourtant sous des termes énigmatiques :
1°/ Le moyen de pouvoir extraire cette eau visqueuse et mercurielle
que la Nature produit en certaine saison de l'année.
2°/ Celui d'en pouvoir tirer un feu ou dissolvant universel qui
est comme l'âme de toutes choses du monde.
3°/ Celui d'en faire naitre un air ou mercure philosophique qui
tempère la chaleur de ce feu, afin que l'eau susdite puisse cuire,
sans brûler la partie multiplicative.
4°/ Celui d'en tirer enfin une terre vierge qui comme vraie
matrice de l'or vous en puissiez produire autant que vous en aurez
besoin pour servir de ferment à votre opération.
La première matière donc de laquelle nous pouvons extraire
cette eau est de deux natures et se trouve presqu'en tous les
endroits où les bergers mènent paitre leurs troupeaux. (
L'autre est Thémis lorsque le sommelier des dieux est le plus
empêché à faire leurs provisions .
La première est blanche comme neige et la seconde est verte.
La blanche est la femelle et la verte le mâle, toutes les deux également
pleines de mercure et de soufre, mais également aussi
dépourvues de sel de Nature qu'il faut nécessairement chercher
dans une chose dont les ignorants savent faire ce que les savants
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LETTRE D'UN PHILOSOPHE A SON AMI SUR LE GRAND OEUVRE
seulement font d'ordinaire ce dont je viens de parler et comme
vous allez le lire.
L'oeuvre philosophique en abrégé mais énigmatiquement.
1°/ Il faut pêcher dans la mer des Sages, la perle ; ensevelissez le
mari et la femme dans une tour diaphane par égal poids. Fermez
soigneusement les avenues de la tour susdite, aussi bien que celle
des appartements voisins, et laissez au boiteux le soin de verser
des larmes durant 40 jours au coin du feu, de ses père et mère ;
néanmoins il est bon qu'avant d'en venir là l'on ait son sel de
Nature tout prêt, afin d'empêcher que la trop grande putréfaction
des deux corps ci-dessus mentionnés puisse retarder la génération
du troisième, et c'est pour cet effet que l'artiste doit faire ce
que je vais lui enseigner.
2°/ Qu'il prenne une cornue dont il emplira une partie du chapelet
végétable bien broyé (sur ce chapelet voir in fine) en un
mortier de marbre ; qu'il y adapte un gros récipient, qu'il en lute
bien les jointures et le laisse travailler sur le sable à sa propre
chaleur et sans autre feu que celui de Nature qui est aux rayons
du Soleil et de la Lune.
3°/ Il en sortira une eau à la première fois un peu trouble, mais
pourtant étincelante comme des diamants, qu'il faut reverser du
récipient dans la cornue au moins deux fois par jour jusqu'à ce que
ladite eau soit entièrement claire et de couleur argentine et d'un
poids extraordinaire. Mais surtout il faut prendre garde que les
vaisseaux soient bien lutés parce que les esprits sont subtils et
pénétrants au dernier point.
4°/ Quand donc elle est en cet état, ce qui arrive plus ou moins au
bout de 40 ou 50 jours naturels, l'on sépare ledit récipient de la cornue
et l'on scelle hermétiquement avec les esprits qu'il contient et on
les fait cuire au feu de lampe du premier degré jusqu'à ce que ladite
eau soit changée en un sel cristallin qui est appelé sel de Nature, fait
en petits rochers qui comme autant de diamants plein de feu représentent
miraculeusement bien l'Iris, c'est à dire plusieurs couleurs.
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LETTRE D'UN PHILOSOPHE A SON AMI SUR LE GRAND OEUVRE
5°/ Alors l'on casse le matras et l'on jette dans la tour diaphane
dont nous avons parlé le sel que nous venons de dire sur les corps
que l'on veut embaumer (ces corps sont l'émeraude et la perle) et
cela sans mesure parce que la sage Nature ne leur en laisse prendre
qu'autant qu'ils en ont besoin.
6°/ En même temps qu'ils sont embaumés, on les voit changer
de nature, car le corps vient esprit et passe en air dans le récipient
; après quelques circulations il se forme une eau couleur de
tournesol et d'un poids merveilleux que l'on reverse chaque jour
sur son corps et le plus souvent qu'on peut jusqu'à ce que l'on voie
sur ladite eau nager de petites paillettes qui paraissent, pour l'ordinaire
au bout de trois mois et demi ou quatre au plus.
7°/ Alors l'on sigille le récipient et l'on fait cuire l'eau ou l'esprit
qu'il contient au feu de lampe, de même on sigille l'autre
matras ou tour diaphane qui contient les deux corps susdits
embrassés, et le placerez aux côtés du premier s'il se peut ou à un
autre fourneau de même façon et de même degré.
8°/ Au bout de vingt jours ils s'unissent inséparablement et se
forment en lune, comme en vingt autres jours ils se forment après
en soleil d'une teinture très enfoncée et néanmoins extrêmement
transparente, séparée de sa terrestréité qui reste au fond du vaisseau
presque de couleur violette.
9°/ On continue le feu de cette opération jusqu'à ce que l'eau
soit toute desséchée et en poudre du plus beau pourpre auquel il
n'y a qu'une grande couverture qui est presque comme une vessie
que les enfants font avec du savon, laquelle contient la quintessence
de l'esprit ; alors on hausse le degré du feu et cette vessie au
bout de quatre à cinq jours se fixe et s'unit à la masse qui vient
d'un bleu céleste au bord, verdâtre, et au milieu rouge.
10°/ L'on ouvre alors le vaisseau, on pèse cet esprit fixe et sur
dix parties on met une du corps du [soleil] que l'on broie parfaitement
bien dans un mortier de verre.
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LETTRE D'UN PHILOSOPHE A SON AMI SUR LE GRAND OEUVRE
11°/ Puis on le remet dans le vaisseau ovale que l'on sigille très
soigneusement et on le met au même feu de lampe sur le premier
degré jusqu'à ce que l'on voie toute la matière qui sera noire quarante
jours commencer à faire un petit cercle blanc.
12°/ A ce signe on change de degré, laquelle mutation au bout
de 40 jours produit une blancheur parfaite et générale sur toute
la matière qui peu à peu au bout de 20 autres jours commence à
former un petit cercle vert lequel fait de nouveaux progrès
durant 10 jours après lesquels on change encore de degré et les 10
jours suivants toute la matière vient d'une verdeur à l'aspect de
laquelle divers Philosophes se sont écriés : « O Beata Viriditas »
pour témoigner la joie qu'ils ont d'une espérance qui ne risque
plus d'être trompée, puisque c'est la marque infaillible d'une due
décoction avec la fixation parfaite du mercure philosophique, de
sa semence et de son sperme.
13°/ Mais poursuivons le fil de notre opération et disons
qu'après la verdeur l'on change encore le degré du feu qui dans
dix jours produit un petit cercle citrin lequel environne la matière
et la rend citrine 10 jours après, et 20 jours après en suivant, la
rend d'un violet obscur qu'on ne peut comparer qu'à la fleur du
raisin noir, je veux dire ce soufre volatil qui parait sur les grains
mûrs qu'on n'a pas encore touché. Alors on met sous le vaisseau le
4e et dernier degré de feu qui par une douce et naturelle fusion
sépare le pur de l'impur et coagule le 10e jour toute la masse qui
les 10 jours suivants travaille à séparer à son tour le fixe du volatil
de la manière que je vous dirai.
14°/ Après que le pur a pris le dessus de l'impur qui reste au
fond du vaisseau, la matière terrestre est d'un violet clair, la
moyenne région de la matière, pure et ignée est presque déjà fixe
et tend a son entière perfection, rejetant en fumée la partie volatile
au ciel du vaisseau qui la contient, lequel par la chaleur qui
l'environne fait circuler pendant 20 jours cet esprit volatil qui
peu à peu se fixe au haut du vaisseau en couleur presqu'égale à
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**** A T T E N T I O N ****
Fin du texte de ce document, ce document étant sujet à droits d'auteur.
**** A T T E N T I O N ****
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