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Réfer. : 0310 .
Auteur : Barthélemy Pascale.
Titre : La Sedacina ou l'Oeuvre au crible (Tome II).
S/titre : .

Editeur : S. E. H. A.. Paris.
Date éd. : 2002 .
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**** A T T E N T I O N ****

Ce document étant sujet à droits d'auteur, n'est composé que du début, et des tables éven-
tuelles. Reportez-vous aux références ci-dessus
pour vous le procurer.

**** A T T E N T I O N ****



La Sedacina ou l'Oeuvre au crible @
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Textes et Travaux de Chrysopoeia -----------------------------------------8----------------------------------------


Pascale Barthélemy
La Sedacina ou l' Oeuvre au crible
L'alchimie de Guillaume Sedacer, carme catalan de la fin du XIVe siècle

II Sedacina édition critique et traduction

suivie du Liber alterquinus

Ouvrage publié sous le patronage de l'Union Académique Internationale avec le concours du Centre National du Livre
S.É.H.A. ARCHÈ Paris Milan 2002
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SEDACINA TOCIUS ARTIS ALKIMIE
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À propos de l'édition et de la traduction française de la Sedacina : remarques et conventions

1. LE TEXTE LATIN

1.1. LES MANUSCRITS

Le texte de la Sedacina a été établi à partir de sept manuscrits, dont deux ne contiennent qu'un extrait de ce traité :

P Parme, Biblioteca Palatina, 143, XVe s., daté de 1428-1429, fol. 1-76. O Bologne, Biblioteca universitaria, 457, b. XXXIII, fasc. 5, fin XVe s.-début XVIe, fol. 1-109v, dont les deux copistes consécutifs sont distingués de la manière suivante : O¹ pour le premier, O² pour le second.
G Florence, Biblioteca Medicea-Laurenziana, Gaddi rel. 181, fin XVe s.-tout début XVIe, fol. 1-71.
L Londres, Wellcome Historical Medical Library, 563, XVIe s., fol. 1-83v.
E Madrid, Real Biblioteca del Escorial, g. II. 5, XVIe s., fol. 274-410.
W Londres, Wellcome Historical Medical Library, 36, XVe s., fol. 71-75v (extrait limité au chapitre sur le verre).
M Montpellier, Bibliothèque de la Faculté de médecine, 479, XVe s., fol. 126v-128v (extrait limité au chapitre sur l'antimoine).
L'ordre retenu pour les manuscrits complets est le suivant : POGLE, les deux extraits W et M ayant été placés en dernier lorsqu'ils interviennent (voir Étude, chapitre
II, 3.2.1.1. pour la justification de cet ordre de classement, et l'annexe du même
chapitre pour la description de ces manuscrits).

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8 Sedacina
1.2. L'ÉTABLISSEMENT DU TEXTE

Le manuscrit de base P a été le plus possible respecté. Toutefois, afin de rendre le texte plus lisible, j'ai choisi de donner systématiquement un titre aux recettes, ce
qui m'a amenée assez souvent à emprunter ceux-ci aux autres manuscrits, G, L et
E, car, dans P, les titres ne sont ni systématiques, ni très développés (voir, sur ce
point précis, Étude, chapitre II, le tout début de 3.2.1.1.) A l'inverse, le mot rubrica
qui figure dans P à la fin de chaque titre de chapitre n'a pas été reproduit, sa présence
n'étant due qu'à l'étourderie du rubricateur (1) .
J'ai également limité le plus possible mes interventions sur le texte latin (corrections et ajouts). Pourtant, je sais que certains les trouveront encore trop nombreuses...
C'est là question de doctrine. Toutes mes corrections sont signalées dans
l'apparat par : conieci.
Les rares fois où j'ai ajouté un mot, il est signalé entre < > dans le texte latin, ainsi que dans la traduction.


1.3. LA PRÉSENTATION DU TEXTE

1.3.1. Les divisions du texte

Pour les besoins de l'apparat critique, à l'intérieur de chacun des deux livres, le prologue (désigné par : Pr.) et les chapitres ont été divisés en unités d'une ou plusieurs
phrases. Les références à la Sedacina s'écrivent donc d'après le modèle suivant : Sed.
1,X,4, ce qui signifie : premier livre, chapitre X, subdivision 4.

1.3.2. L'orthographe

L'orthographe du manuscrit de base P a été gardée et je n'ai pas cherché à la rendre cohérente ; un même mot peut donc apparaître avec deux orthographes différentes à
peu d'intervalle dans le texte. On trouvera également un certain nombre de formes
non classiques comme accidus pour acidus, stangnum pour stagnum, ocultum pour
occultum ou encore proicere pour proiicere. Pour faciliter la lecture, toutefois, u et v
ont été distingués et certaines formes qui m'ont paru particulièrement aberrantes ont
été corrigées, mais je l'ai toujours signalé dans l'apparat (ainsi j'ai préféré corriger
arssenicum en arsenicum, Sed. 1,XIII,3).

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1. Le mot rubrica qui signifie « mention écrite à l'encre rouge » signalait au rubricateur qui passait après le copiste ce qu'il devait écrire en rouge mais il n'était pas, normalement, destiné à être lui-même recopié.
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Remarques et conventions 9
1.3.3. La ponctuation

Le texte latin du manuscrit de base ne comporte pas de ponctuation, mais un certain nombre de majuscules. J'ai donc établi une ponctuation qui tient compte le plus possible
des majuscules du manuscrit. Mais cette ponctuation est volontairement réduite au minimum,
de manière à limiter cette intervention sur le texte. J'ai également introduit des
paragraphes, de manière à établir des respirations au cours des chapitres.

1.3.4. Les citations

Dans les manuscrits, il est le plus souvent impossible de savoir exactement quand s'achève une citation au style direct, annoncée par une formule du type : « de qua via
ait Aristotiles » ; j'ai donc renoncé à placer des guillemets. Le début de la citation est
simplement marqué par une majuscule après un double-point.
Exemple : « de qua via ait Aristotiles : Una via et unus modus... » (Sed. 1,XXII,69).

1.3.5. Les chiffres

Les nombres servant dans les recettes à préciser les quantités, écrits la plupart du temps en chiffres romains dans P, ont systématiquement été transcrits en chiffres
arabes, sauf s'ils étaient écrits en toutes lettres. Dans ce cas, ils ont été reproduits tels
quels. Les adjectifs ordinaux ont été développés.

1.3.6. Les mesures

Les mesures suivantes ont été abrégées :
libra = lib.
uncia = un.
dragma dr.
Signalons toutefois que, dans tous les manuscrits, la manière la plus courante de désigner ces deux dernières mesures est l'utilisation des signes conventionnels que
l'on trouve reproduits, notamment, dans Adriano Cappelli, Dizionario abbreviature
latine ed italiane, Milano, 1979, p. 410.
Toutes les autres mesures ou proportions (partes, marcha, quintale... , voir notes Sed. 1,VII,30 ; 1,X,5 ; 1,X,26 ; 1,XXI,27 ; 2,XV,13 sur les mesures employées par
Sedacer) ont été laissées en toutes lettres.

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10 Sedacina
1.3.7. Les symboles alchimiques et les mots écrits à l'envers

Les symboles alchimiques des métaux, les seuls que l'on trouve dans le manuscrit de base P, ont été reproduits d'après ce manuscrit et sont suivis de leur identification, si
nécessaire ([symbole arabe de l'argent], par exemple). Cependant, il est également possible
de les examiner in situ, si je puis dire, en consultant les reproductions des feuillets
de P correspondant aux passages où ces symboles sont énumérés pour les six métaux
concernés (plomb, étain, fer, or, cuivre et argent, selon leur ordre d'apparition)(2). Mais il
faut également savoir que la forme précise de chacun de ces symboles peut varier d'un
manuscrit à l'autre, et même au sein d'un même manuscrit, parfois de manière sensible.
Pour les autres symboles donnés par les autres manuscrits -- très peu nombreux--, ils sont
soit, lorsque c'est possible, décrits ([symbole constitué de trois points en triangle], par
exemple), soit simplement signalés par [symbole].
Les mots écrits à l'envers par Sedacer ont été laissés tels quels, mais ils sont suivis de leur forme rétablie à l'endroit entre crochets [ ].

1.3.8. Les planètes et les métaux

Pour distinguer le métal désigné par son appellation planétaire de la planète ellemême, j'utilise la majuscule pour la seconde.
Exemple : sol (qui désigne l'or) et Sol (qui désigne le soleil).


1.4. L'APPARAT CRITIQUE

N'ont été retenues que les variantes considérées comme significatives ; ainsi, les variantes orthographiques ne portant ni sur des noms propres ni sur des termes alchimiques,
les variations dans l'ordre des mots, les répétitions, l'absence ou, au contraire,
l'ajout de la conjonction de coordination et quand cela ne change pas le sens de la
phrase, n'ont pas été mentionnés.

Pour la rédaction de cet apparat, j'ai utilisé, en les adaptant, les indications fournies par les Directives pour la présentation des manuscrits, Lyon, 1978 (Sources chrétiennes).
Toutefois, il convient de préciser les points suivants :

- L'apparat de cette édition est positif ; la leçon retenue suivie du sigle du (ou des)
manuscrit(s) ou encore de conieci est donc toujours rappelée dans la première partie
de la note, sauf en cas d'omissions ou d'additions.


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2. Ces reproductions figurent à la fin du volume 1.
......................................................................................


ICI COMMENCE LA SEDACINA DE TOUT L'ART DE L'ALCHIMIE COMPOSÉE EN
CHOISISSANT LA MOELLE DES PROPOS LES PLUS VÉRIDIQUES DES PHILOSOPHES
ET ALCHIMISTES RECONNUS PAR FRÈRE GUILLAUME SEDACER DE
L'ORDRE DES FRÈRES DE NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL, EN EXIL DE SON
SAINT ORDRE.


(Pr., 1) Ici commence le prologue : Tout bienfait excellent et tout don parfait vient d'en haut
et descend du Père des lumières (Jacques I)(1). Alors que j'avais été soumis aux persécutions
abominables, violentes et capitales perpétrées par les lions, les serpents et les dragons de mon
saint ordre auxquels je ne pouvais m'opposer sans encourir une condamnation intellectuelle
et la perte de mon humble position, puisque leur venin n'était pas compatible avec la raison,
-- et cela, Il le sait, Lui qui n'ignore rien, qui sonde les coeurs (2) et tous les secrets -- j'ai cédé la
place aux dits diables, lions, dragons, serpents et à leur escorte, renonçant à mon humble position
et vivant, loin de leur présence corporelle, dans mon état (3) de façon mentale et abstraite, en
concluant que Celui qui est le Juge du tribunal éternel ne considère pas comme coupable celui
que le juge a condamné injustement, ainsi qu'il apparaît clairement dans le Sexte, « De la sentence
et chose jugée » qui commence par « Cum eterni...» (4). (2) Et c'est sous l'emprise d'une
telle persécution que j'ai dirigé mon esprit, par une recherche appliquée et intelligente, vers la
philosophie supérieure, descendant jusqu'à cette philosophie inférieure. Cet art, en effet, relève
de la philosophie occulte et appartient à cette partie de la philosophie qui s'appelle les
météores (5).
Sed. 1.Pr.,2 : « cum indagine solertis studii...» est l'incipit du De perfecto magisterio du ps.-Aristote, éd. Manget. I, p. 638 ; voir aussi TK 344. Sed. 1,Pr.,2-3 : « Ars enim - comparata » < De perfecto magisterio du ps.-Aristote, éd. Manget, I, p. 638. Sedacer cite lui-même clairement sa source.

1. Sedacer n'est pas le seul, loin de là, à avoir utilisé cet incipit, extrait de l'Epître de Jacques (I,17) ; en effet, celui-ci introduit plusieurs autres textes alchimiques, notamment l'Epistola boni viri de John Dastin, un traité mis sous le nom de Merlin et un autre sous celui de Jacques de Sienne l'Allemand, cf. TK 982 et Lynn Thorndike, HMES, III, p. 629. C'est également l'incipit du De secretis nature attribué à Arnaud de Villeneuve dans un manuscrit de la fin du XIVe siècle, cf. De secretis naturae du ps.-Arnaud de Villeneuve, éd. Calvet, p. 166. Cette citation du Nouveau Testament est utilisée par ces auteurs pour illustrer la notion, extrêmement courante dans la tradition arabe et latine, de l'alchimie comme don divin. Enfin, cet incipit est également celui de textes non alchimiques, notamment du De Hierarchia celestis du ps.-Denys l'Aréopagite, dans la traduction latine de Jean Scot Erigène. Et ce n'est sans doute pas un hasard si Sedacer a choisi de commencer sa Sedacina de la même façon que ce célèbre texte, car il y fait clairement référence plus loin, cf. note Sed. 1,III,21. 2. Référence à un passage de la Bible, AT, Chron. I, 28-9 : « omnia enim corda scrutatur Dominus » (« car Dieu sonde tous les coeurs »). 3. Je pense qu'il faut sous-entendre ici : religieux.
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18 Sedacina tocius artis alkimie
(3) Car cet art ne traite pas seulement de l'élévation et de l'impression des esprits, mais aussi
de celles des éléments ; c'est pourquoi il est appelé astronomie inférieure et est comparé à l'astronomie
première et supérieure, ainsi qu'il est dit dans le prologue du Livre du Parfait
Magistère.
(4) Les yeux fixés sur cet art, j'ai constaté que beaucoup sont devenus stupides à cause de lui,
épuisant en vain leur jeunesse et leurs richesses, séduisant ensuite les rois et les princes, écrivant
tant de livres remplis d'erreurs et tant de différentes manières d'opérer que jamais personne
n'a pu obtenir, en se fiant à de telles erreurs, un résultat qui soit vrai. (5) J'ai aussi considéré
comment les rois et les princes ont fait des opérations subtiles et n'ont jamais pu, ou si
peu, parvenir à la perfection. J'ai considéré également les discours des philosophes et j'ai vu
leurs contradictions, alors qu'ils enténèbrent et obscurcissent toute la science avec des similitudes,
des ellipses, des figures, des métaphores et des superfluités ; comme c'était cela qui
apparaissait à première vue, j'en ai conclu que cette science ne menait nulle part. (6) Mais, me
retournant vers moi-même, j'ai considéré les principes naturels auxquels je m'étais consacré
de toutes mes forces durant toute ma jeunesse et j'ai découvert que, grâce à eux, elle pouvait
aboutir. Alors, par une recherche élevée et subtile, avec une application prolongée et approfondie
et une réflexion très ardente, j'ai lu, étudié, encore, encore et encore, les livres
d'Hermès, d'Aristote, d'Avicenne Abuali, du frère Calith, de Geber, le livre de la Tourbe des
philosophes, celui du Rosaire, les livres de Rudianus, de Richard, d'Hortulain, d'Archelaus,
de la fille de Judas, de Marie soeur de Moïse, de Gilbert Cardinal, de Vincent, d'Albert, de
Damascène, de Thomas d'Aquin, de Jacques de Saint-Saturnin, de Roger Bacon, de Raymond
Lulle (6) et de beaucoup d'autres et, avec l'aide de la grâce du Saint-Esprit, j'ai clairement compris,
à ce qu'il me semble, les noeuds des obscurités de ces savants.

Sed.1,Pr.,5 : « reges et principes -- pervenire » < Tractatus de esse et essentia mineralium du ps.-Thomas d'Aquin, éd. Theatrum chemicum, V, p. 811. Sed.1,Pr.,5-6 : « ideo credidi - posse fieri » < Tractatus de esse et essentia mineralium du ps.-Thomas d'Aquin, éd. Theatrum chemicum, V, p. 811.

4. Citation tout à fait précise du Liber sextus de Boniface VIII (pape de 1294 à 1303). Le titre XIV est effectivement intitulé « De sententia et re iudicata », et le chapitre 1 de ce même titre commence bien par les mots Cum eterni, cf. Corpus iuris canonici, éd. Aemilius Friedberg, II, Leipzig, 1881, p. 1007. Sedacer avait des connaissances en droit canon, cette référence l'atteste, ainsi que les quatre manuscrits consacrés à cette discipline qui faisaient partie de sa bibliothèque, voir Étude, chapitre I, 5, ainsi que l'annexe 2 du même chapitre. 5. Référence aux Météorologiques d'Aristote. 6. Je rappelle ici que toutes les autorités alchimiques citées par Sedacer font l'objet d'une notice récapitulative dans les Notices sur les alchimistes et les textes alchimiques anonymes cités et/ou utilisés par Sedacer (vol. I).
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20 Sedacina tocius artis alkimie
(7) Et je me suis étonné de ce que les rois et les princes ne se tournaient pas vers elle [cette
science], alors que les rois et les princes des temps anciens l'ont possédée autrefois grâce à
leur perspicacité dans les sept sciences naturelles (7), et qu'elle n'était échue à aucun, sinon à
quelques rares parmi les modernes, exception faite des princes des Sarrasins ou d'autres qui,
comme eux, étaient étrangers à la foi du Christ, et c'est avec cette science et par son moyen
que, devenus très riches, ils ont acquis des royaumes et des terres (8). (8) Et j'ai conclu en moimême
que cette science n'était révélée qu'à ceux auxquels la grâce divine est accordée et
qu'ainsi, l'Esprit souffle et insuffle cette science où, en qui, quand et comme il veut (9), aux infidèles
et aux pécheurs pour leur châtiment -- comme Pharaon, Nemrod et tous les pécheurs infidèles
--, et aux fidèles et aux justes pour leur gloire, tels le premier Hermès (10), Alexandre, etc.
(9) C'est pourquoi je crois fermement que c'est un don du Saint-Esprit aux justes puisque
l'homme rendu, grâce à Lui, parfait en cette science acquiert tous les dons, quand Celui qui
est à l'origine de tout bienfait excellent et de tout don parfait se répand sur lui (11). Et ainsi se termine
le prologue.

Sed. l,Pr.,7 : « reges - et terras » = Alt. 4,XXXI,23 (dans le Liber alterquinus, ce passage se rapporte non pas à la science alchimique, mais à la pierre philosophale). Sed. I,Pr.,8 : « non revelabatur - inspirat eam » = Alt. 4,XXXI,5 (dans le Liber alterquinus, ce passage se rapporte non pas à la science alchimique, mais à la pierre philosophale).

7. Je n'ai pas trouvé l'origine de ce nombre sept pour comptabiliser les sciences naturelles dans les classifications les plus connues. Domingo Gonsalvez (Dominicus Gundissalinus), notamment, dans son De Divisione philosophiae qui reprend, pour l'essentiel, Al-Frb (env. 870-env. 950), divise la science naturelle en huit parties. Quant aux libri naturales, à savoir les livres sur les sciences naturelles d'Aristote, textes qui fournirent les bases, mêmes corrigées, des différentes sciences naturelles au Moyen Age, ils ont également servi à classer ces sciences ; cependant, ils sont au nombre de six (Physica, De generatione et corruptione, De Caelo, Metheora, De Anima, De Animalibus). Il est possible que Sedacer se réfère à une classification incluant une oeuvre apocryphe du Stagirite. En tout cas, on peut se demander si le carme n'a pas voulu là calquer le nombre des sciences naturelles sur celui des planètes dans le système ptoléméen. Sur la question de la classification des sciences au Moyen Age, lire James A. Weisheipl, « The Nature, Scope and Classification of the Sciences », dans : Science in the Middle Ages, ed. by David C. Lindberg, Chicago, 1978. 8. Dans le prologue du second livre (voir note Sed. 2,Pr.,2), Sedacer reprend de manière plus précise cette idée selon laquelle l'alchimie est un outil de pouvoir au service des princes, à bon ou à mauvais escient, outil qui leur permet, par la richesse qu'il procure, de conquérir des terres. 9. Passage inspiré d'une phrase de l'Évangile de Jean : « Spiritus ubi vult spirat » (« L'Esprit souffle où il veut », Jean 3,8). 10. Selon la tradition, Hermès apparaît divisé en trois personnes, ou parfois davantage. Le premier Hermès, dont il est question ici, est identifié à Enoch et vivait avant le Déluge. D'Hermès à Alexandre se dessine effectivement une chaîne de transmission du savoir alchimique ; cette chaîne, mentionnée par des textes arabes, passa par le biais des traductions dans la tradition latine, cf. M. Plessner, article « Hirmîs », dans : Encyclopédie de l'Islam, III, Paris, 1971, p. 479-481. 11. Dans une sorte de composition en boucle, ce prologue se termine en reprenant la citation biblique par laquelle il a commencé, à savoir Jacques 1, 17.
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22 Sedacina tocius artis alkimie
(I) CHAPITRE I
LA RAISON DE LA COMPOSITION DE CE LIVRE

(1) Après avoir défait, à ce qu'il me semble, les liens et les entraves des livres des savants nommés
plus haut, j'ai vu que certains sophistes, ignorant les natures des choses, exclus des secrets
de la philosophie, surpris par ses voiles et ne comprenant pas les oeuvres des philosophes sur
ce sujet, comme ils se retrouvaient les mains vides après avoir travaillé, prétendirent que cette
science était non seulement difficile, mais même impossible, attribuant à la philosophie l'erreur
due à leur incapacité. (2) Notre philosophie n'a cure de cela, car tous ne sont pas appelés au festin
de cette science très élevée, mais seuls le sont ceux qui ont été trouvés dignes de prendre
place à cette table et de se rassasier de ce festin. (3) J'ai considéré aussi les liens et les entraves
de cet art et j'ai vu qu'ils étaient insolubles pour ceux qui en étaient indignes ; et c'est pourquoi
certains, croyant voler à travers les airs et pensant comprendre les noeuds des obscurités susdites,
perdaient leur temps et leur biens à tourner autour de cette science et opéraient une première,
une seconde et une troisième fois mais, fatigués par le labeur et effrayés par les dépenses,
ils renonçaient à ces travaux et constataient qu'ils en avaient tiré non pas un profit, mais une
perte. (4) Ils se mirent alors à tromper les gens, à falsifier la monnaie et, à la fin, ils périrent dans
les pires supplices, ainsi que leurs fautes l'exigeaient. (5) Afin d'éviter la fourberie et la méchanceté
des uns et de mettre fin à l'aveuglement et aux périls encourus par les autres, j'ai écrit ce
livre. Parmi tous les traités des philosophes, on n'en trouve aucun de meilleur (12) qui puisse exposer
entièrement le magistère de cette science alterquine (13) et secrète, à la fois pratiquement et
spéculativement ; en effet, celui qui expose le début à partir du milieu et de la fin, ou celui qui
expose à partir du milieu, de la fin et du début, ou encore celui qui expose à partir de la fin, du
début et du milieu (14), ceux-là n'expliquent pas la suite des choses (15).

Sed. 1,I,1-2 « quidam sophistici - refectione inventi » < De perfecto magisterio du ps.-Aristote, éd. Manget, I, p. 641. Sed. 1,I,3 : « prima, secunda - incurisse » < De perfecto magisterio du ps.-Aristote, éd. Manget, I, p. 641. Sed. 1,I,5-8 : « inter omnes philosophorum - et brevius invenitur » = Alt. 1,I,1-3.

12. Pour que la phrase soit constructible grammaticalement, il faut considérer le premier « qui » du paragraphe comme une forme archaïque de l'ablatif « quo ». 13. Ce mot est la seule référence, assez explicite, que Sedacer fait à son premier traité, le Liber alterquinus, alors qu'il utilise très largement celui-ci pour composer la Sedacina. Sur le mot alterquinus, voir Étude, chapitre III, 4. 14. Ceci est sans doute une allusion aux alchimistes qui n'exposent pas dans l'ordre le déroulement de l'oeuvre alchimique pour dérouter le lecteur indigne. Le ps.-Geber, notamment, affirme qu'il a procédé ainsi, à la fin de la Summa perfectionis magisterii (éd. Newman, p. 630-631) : « Et, pour que nous ne soyons pas atteint par les morsures des envieux, nous affirmons que nous n'avons pas transmis notre science selon un discours continu, mais que nous l'avons éparpillée dans plusieurs chapitres. Et ceci parce que, si elle avait été transmise de manière continue, l'homme malhonnête s'en serait indignement emparé, au même titre que l'homme honnête. Et nous l'avons cachée de la même façon là où nous nous exprimons plus ouvertement ; cependant, ce n'est pas sous le couvert de l'énigme que nous nous sommes adressé au praticien,
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24 Sedacina tocius artis alkimie
(6) Ce livre contient les noms des choses en lesquelles cette science consiste, sous une figure,
que ce soit métaphoriquement ou au moyen de noms étrangers et inconnus. C'est sciemment
que les philosophes ont pour la plupart respecté cela dans leurs propres écrits de telle sorte que
leurs successeurs n'acquissent pas avec facilité cette science découverte par eux-mêmes au prix
d'une très longue recherche, d'un travail acharné et avec l'aide de la faveur divine. Voilà pourquoi
j'ai tâché, par le présent traité, de montrer combien ce qui a été établi grâce à l'intelligence
de ces chercheurs, demeure sous les mots jusqu'à aujourd'hui. (7) Et en effet, je suis la trace
de l'obscurité des philosophes quant aux noms des choses, comme j'y suis évidemment tenu,
[attitude] qui consiste à cacher les noms sous une figure, au moyen d'un nom grec, indien, éthiopien,
arabe, chaldéen ou avec tout autre nom étranger ou inconnu, en transformant ou, simplement,
en permutant les lettres. Je te prie, donc, ô lecteur, de ne pas vouloir m'accabler de blasphèmes
à cause de cela, puisque ce n'est pas grâce à moi, qui suis un fils fidèle et secret, que tu
t'efforces, en étudiant soigneusement ce volume, d'être à la hauteur de cette science, mais par
le fait des esprits avisés, tandis que les ignares, les idiots et les imbéciles n'obtiennent rien ou
presque de leur travail, réalisé sophistiquement au moyen de tromperies, eux que la sagesse,
mère des choses, a repoussés loin d'elle comme indignes de pouvoir être touchés par le don
d'un si grand trésor.
(8) Tout en respectant le style de chacun des philosophes, j'ai beaucoup travaillé sur les noms
des choses quand je les ai rédigés de ma propre plume, en les transformant par les lettres ou en
les énonçant au moyen de noms étrangers ou encore en les obscurcissant et en les voilant au
moyen de figures. (9) Et tu pourras résoudre, tel un enquêteur avisé, leurs noms antiboloméniques
grâce aux synonymies de ce livre judicieusement notées en son sein pour que ton esprit
en ait connaissance et tu pourras comprendre les mots indiqués en rendant tous les jours de
nombreuses louanges et grâces à Dieu et à lui seul, lui qui a permis que parvienne jusqu'à tes
mains cet opuscule dont on ne trouve pas de meilleur, ni de plus court, ni de plus vrai.


mais en un discours continu. » (« Et ne nos quidem mordeamur ab invidis, narramus quoniam non tradidimus scientiam nostram sermonis continuatione, sed eam sparsimus in diversis capitulis. Et hoc ideo quoniam tam quidem improbus quam probus, si continue tradita, usurpasset indigne. Et eam similiter occultavimus ubi magis aperte locuti fuimus, non tamen sub enigmate sed sub plana sermonis serie artificem allocuti sumus. ») À lire ce passage, il apparaît clairement que Sedacer a pris le contre-pied du ps.-Geber et qu'il a choisi de faire un exposé selon l'ordre logique mais en utilisant un vocabulaire énigmatique. 15. Traduire ce paragraphe n'a pas été chose facile... Pour avoir « sequentia non declarant » qui me paraît plus logique, j'ai finalement choisi « non », c'est-à-dire une leçon donnée par un seul copiste, qui, de plus, est un copiste qui corrige (0¹), alors que tous les autres manuscrits, y compris F et B du Liber alterquinus, donnent soit « vero », soit « vere », soit ne mettent rien. Mais, si l'on choisissait « vero » comme le manuscrit de base P, il faudrait alors traduire ainsi : « en effet, celui qui expose [...], ceux-là, toutefois, expliquent la suite des choses. »
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26 Sedacina tocius artis alkimie
(10) En effet, j'y dévoilerai excellemment la parfaite opération du vrai magistère lunifique et
solifique et la vraie doctrine de toutes les pierres des philosophes, selon qu'elle est contenue
dans les minéraux, les animaux et les végétaux, s'il plaît à Dieu.

(II) CHAPITRE II
LE FONDEMENT DE CETTE SCIENCE

(1) Or, cette science consiste universellement en minéraux, animaux et végétaux, en sels, aluns,
pierres, soufres, eaux blanches et huiles permettant de composer le lunifique ; elle consiste
également en sels, atraments, soufres, eaux rouges et huiles permettant d'accomplir le solifique.
(2) Elle consiste aussi en la calcination, solution, distillation, congélation et résurrection
des pierres et des esprits ; la parfaite préparation des corps et des esprits est donc accomplie
après avoir enlevé le superflu et ajouté ce qui manque dans certaines pierres minérales et animales
au moyen des cinq régimes susdits, et telle est leur préparation complète. (3) C'est pourquoi
les philosophes disent que, pour les pierres philosophiques majeures, il ne convient pas de
faire quoi que ce soit avec des pierres non préparées ; la préparation est donc le trésor de la
chose exécutée et l'accomplissement de l'intention de l'exécutant. (4) Par conséquent, si une
préparation parfaite et complète a précédé, le résultat sera un accomplissement parfait ; mais
si la préparation est incomplète, il sera incomplet et, autant la préparation manquera de perfection,
autant l'on s'attendra à avoir d'imperfection dans la projection. C'est pourquoi tous
affirment : Celui qui ne sait pas mortifier puis vivifier à nouveau travaille en vain, et celui qui
ne sait pas rendre caché ce qui est manifeste et rendre manifeste ce qui est caché doit abandonner
l'oeuvre et dire qu'il ne sait rien.
(5) Les choses en lesquelles cette science consiste spécifiquement sont les sept corps métalliques
et le même nombre d'esprits qui sont aussi appelés : les âmes vivifiant les corps ; sans ces esprits,
le corps ne saurait avoir de force, de même que l'âme dépourvue de corps est sans force. Les corps
fixes sont donc : saturne, jupiter, mars, le soleil, vénus, la lune et l'acier indien (16).

Sed. 1,II,1-2 : « Nec namque sciencia - et resurrexione » = A1t. 1,II,1-2. Sed. 1,II,2-4 : « et ideo perfecta corporum et - diminucionis in proiectione » < De perfecto magisterio du ps.-Aristote, éd. Manget, I, p. 639. Sed. 1,II,4-10 : « Qui nescit mortificare - medicina una perfecta » = Alt. 1,II,2-7. Sed. 1,II,5 : « spiritus que eciam dicuntur - sine corpore » < De perfecto magisterio du ps.-Aristote, éd. Manget, I, p. 638. Sed. 1,II,5 : « Corpora ergo - venus, luna » < De perfecto magisterio, du ps.-Aristote, éd. Manget, p. 638. Mais cette liste est si banale qu'il est difficile de reconnaître avec certitude une source déterminée.

16. Sedacer omet ici l'antimoine qu'il traite pourtant comme un métal, lui consacrant un chapitre après celui sur le plomb et avant celui sur l'étain (Sed. 1,VIII). Peut-être est-ce un indice pour penser que la liste qui suit a été puisée dans un autre traité, peut-être dans le De perfecto magisterio du ps.-Aristote, voir la note de source 1,II,5 ? Mais il se peut aussi que Sedacer ait délibérément omis l'antimoine pour arriver à la parité sept métaux / sept esprits.
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282 Sedacina tocius artis alkimie
ICI COMMENCE LE SECOND LIVRE DE LA SEDACINA DE TOUT L'ART DE L'ALCHIMIE
COMPOSÉ EN CHOISISSANT LA MOELLE DES PROPOS LES PLUS VÉRIDIQUES
DES PHILOSOPHES ET ALCHIMISTES RECONNUS PAR FRÈRE
GUILLAUME SEDACER DE L'ORDRE DES FRÈRES DE NOTRE-DAME DU MONTCARMEL,
EN EXIL DE SON SAINT ORDRE.

(Pr., 1) Le premier livre achevé, venons-en maintenant au second livre, avec l'inspiration de
la miséricorde divine. Il est dit dans le second chapitre du premier livre que cette science
consiste particulièrement en sept corps métalliques (1), en un même nombre d'esprits et en
d'autres corps et esprits ayant une apparence métallique : de tous, nous avons suffisamment et
largement parlé dans le premier livre, à la fois spéculativement et pratiquement, dans la mesure
où cela concernait cet art. (2) Par conséquent, dans ce second livre, nous aborderons de
manière pratique et spéculative les autres ingrédients intervenant dans cet art, en insistant de
toutes nos forces sur leurs préparations et sur leurs aspects spéculatifs ; tel est le cas des aluns,
des sels, des borax, des animaux, des eaux et des huiles qui, à eux tous, permettent de fabriquer
les pierres liquéfiables et transparentes que l'on appelle élixirs, qui pénètrent et teignent tous
les corps et les transforment de manière parfaite en véritables soleil et lune, qui congèlent sur-
le-champ le mercure lui-même, le retiennent, le durcissent et le changent en lunifique et solifique ;
et notre intention est d'éviter que cette science, que les anciens philosophes, nos pères,
ont découverte au prix d'une très longue recherche, d'un travail acharné et avec l'aide de la
faveur divine et qui fut révélée à de nombreux infidèles se tenant hors de la foi catholique, ne
soit complètement ignorée des fidèles chrétiens catholiques mais qu'ils puisent dans ce livre,
y boivent comme à une vaste mer, s'y revigorent, de manière à ce qu'ils méritent de figurer au
nombre des convives de ce banquet, qu'ils se rassasient sans fin et agréablement des plats qui
dépassent en prix toute chose de ce monde (2), qu'ils puissent acquérir et posséder par le combat
et la force cette Terre Sainte qui fut atrocement foulée pendant très longtemps par des nations
infidèles et abominables et qui est encore aujourd'hui sous le joug des hérétiques et qu'ils en
reçoivent récompense et couronne, comme de véritables athlètes (3). Ainsi s'achève le prologue.

Sed. 2,Pr.,2 : « quibus omnibus componuntur - et solificum convertentes » = Alt. 1,II,7. Sed. 1,Pr.,2 : « ne scientia studio longissimo - adinventa » = Alt. 1,I,1. Sed. 2,Pr.,2 : « ut inter istius mense - effectuo perpetuo saciandi » < De perfecto magisterio du ps.-Aristote, éd. Manget. I. p. 641.

1. Renvoi à Sed. 1,II,5. 2. Sedacer reprend ici sous forme condensée, mais en utilisant plusieurs expressions rigoureusement identiques, ce qu'il a exprimé au début de son premier livre (voir, entre autres, Sed. l,Pr.,7-8 ; 1,I,6 ; 1,III,6 ; 1 ,VI,4). 3. L'idée développée ici est déjà présente dans le prologue du premier livre (Sed. 1,Pr.,7), mais ici Sedacer se fait plus précis : l'alchimie doit être une arme au service des princes pour la reconquête de la Terre Sainte. Celle-ci, en effet, n'est plus aux chrétiens depuis l'échec de la dernière des grandes croisades (la huitième) et la chute de Saint-Jean-d'Acre et des dernières places tenues par les chrétiens en 1291. Or, tout au long du XIVe siècle, de nombreux projets de croisades en Terre Sainte seront élaborés, qui resteront sans suite. L'affirmation par Sedacer du rôle que peut jouer l'alchimie dans cette reconquête est à replacer dans ce
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284 Sedacina tocius artis alkimie
(I) CHAPITRE I
LES ESPÈCES D'ALUNS ET LEURS TRAITEMENTS

(1) L'alun est un onguent que la sécheresse du feu de la terre a fait coaguler, il est l'illumination
de tous les corps et de tous les esprits et le lien qui retient toutes les choses qui se réincorporent ;
il en existe trois espèces (4) : l'un est dit de Bulgarie ; après préparation, il devient
cristallin, on le trouve couramment en vente, et dans ce livre il est appelé pierre de Coram :
c'est avec cet alun que l'on prépare les cuirs ; il n'est d'aucune utilité pour cette science, du
moins pour les opérations des pierres des philosophes et pour les opérations universelles ; il
est cependant utilisé dans de nombreuses expériences particulières. (2) Le second est appelé
sucré, il est importé d'Alexandrie et de Grèce sous la forme d'une poudre très fine et il concerne
cette science. (3) Le troisième alun est de plume et il est appelé dans ce livre gomme de
cheveux, gomme de poils, alun du Yémen ou encore alun de plume. Il est plus noble, plus gras,
plus beau et plus utile que les deux précédents (5) ; il brille de lui-même, resplendissant comme
la lune et il n'y en a nulle part de plus noble que celui que l'on trouve en Espagne. (4) Tout
alun a sur la langue un goût salé, piquant et astringent ; mélangé à des sels et à d'autres choses,
il double l'un, triple les deux, quadruple les trois ; il apporte clarté et teinture aux blancs et aux
rouges et il les accueille ; sans lui, les borax ne sont pas bien achevés et ils n'opèrent pas.

Séparation de l'alun du Yémen

(5) Il est séparé et purifié ainsi : prends autant que tu veux d'alun du Yémen, triture-le bien et dissous-le
dans de l'eau bouillante puis laisse s'éclaircir, distille au filtre dans un vase transparent et soumets
à un feu de charbon sans flamme de telle sorte que l'eau s'évapore sans bouillir ni frémir :
laisse ainsi jusqu'à ce que l'eau ait diminué jusqu'au fond du vase et, lorsque l'alun aura fait sa première
projection (6), retire du feu et couvre. Une fois refroidi, tu auras un alun épais, très blanc, semblable
à de la graisse de bélier, que tu couperas en morceaux, dessècheras au Soleil et conserveras.

Sed. 2,I,1 : « Alumen est quoddam ungentum - terrae » < De salibus et aluminibus, éd. Ruska, p. 79. Sed. 2,I,1-4 : « Alumen est quoddam ungentum - nec operantur borracia » = Alt. 2,II,1-5. Sed. 2,I,4 : « duplicat - tria » < De salibus et aluminibus, éd. Ruska, p. 80. Sed. 2,I,5-6 : « recipe aluminus yameni - omnia alia alumina » = Alt. 2,III,1-4.

contexte, et ce d'autant plus qu'il faisait partie de l'entourage d'un prince, l'Infant Jean d'Aragon (voir Étude. chapitre I, 4), et que c'est précisément dans les cours princières que fleurissaient les projets de croisade. On peut ainsi concevoir que cette vision de l'alchimie était une idée que Sedacer partageait avec son protecteur. 4. La distinction entre plusieurs espèces d'aluns est variable selon les auteurs. Rzi en distingue cinq. Avicenne quatre, cf. Goltz, p. 233. Michel Scot, dans son Ars alchemiae (éd. Thomson, p. 534), donne, quant à lui, une liste de onze aluns différents. 5. C'est aussi l'opinion de Rzi et d'Avicenne, cf. Goltz, p. 233. 6. Ici, la projection est celle faite par un liquide épais qui, quand il est chauffé jusqu'à ébullition, se projette en dehors du récipient, comme la confiture.
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286 Sedacina tocius artis alkimie
(6) Si tu veux l'améliorer, dissous-le et congèle-le dans de l'eau d'oiseaux cuits ou dans de
l'eau humaine égouttée ou encore dans de l'eau de chairs, et réserve. (7) Tous les autres aluns
sont à purifier et à séparer de la même façon. Il faut les fixer comme l'on fixe l'esprit sensible
dans la première recette de fixation du chapitre qui lui est consacré (7), et ils transforment alors
le glissant chaud en image [symbole arabe de l'argent].

(II) CHAPITRE II
LE SEL ORDINAIRE

(1) Le sel ordinaire est chaud et sec ; c'est en effet une eau que la chaleur du feu a asséchée. Il
y en a trois sortes : la première sorte est celui communément appelé sel à pain, on l'extrait de
la mer ou de l'eau des puits et on le dit fixe. (2) La deuxième sorte de sel est minérale et on
l'extrait ordinairement de minières salamantines : il est diaphane et transparent comme le cristal.
(3) La troisième sorte de sel est un sel rouge, du même genre que la seconde sorte, en cela
qu'il est diaphane dans sa rougeur comme le sel gemme l'est dans sa blancheur. (4) Ces deux
sels se trouvent en abondance en Espagne, particulièrement en Catalogne dans la ville de
Cardona (8), car ils se forment dans les mines de terre, à des endroits où il y a du soufre ; le sel
rouge tire d'ailleurs sa couleur de ce soufre et sa substance claire, transparente, rouge et pierreuse
est divisée en cailloux grands et petits. (5) Comme ce sel fixe et minéral est teint, il est
la teinture et le lien qui retient tous les autres sels, aussi bien les fixes que les fuyants. C'est
pourquoi, dans cet art, les sages le louent sans limite.

Séparation du sel

(6) Il est séparé et purifié de la manière suivante : prends autant que tu veux de l'un de ces
sels ; pulvérise-le finement et dissous-le dans de l'eau douce et bouillante, laisse reposer, distille
au filtre et congèle dans un vase transparent au feu arabe, dessèche au Soleil ou à feu lent :
fais cela jusqu'à ce qu'il soit très propre, beau et débarrassé de toute chose étrangère.

Sed. 2,II,1 : « sal panis - aquis puteorum » = Alt. 2,V,2. Sed. 2,II,2 : « transparens ut cristallum » = Alt. 2,V,2. Sed. 2,II,3-5 : « salis rubei - per nimium predicatur » = Alt. 4,VI,1-2. Sed. 2,II,16-17 : « recipe predictorum salium - optime preparatam » =Alt. 2,V,3-4.

7. Renvoi à Sed. 1,XXX,21-29. 8. Cardona, en Catalogne, est effectivement célèbre pour son sel gemme qui forme, à 2 kilomètres de la ville, une véritable montagne, cf. Enciclopedia universal ilustrada europea-americana, IX, Madrid, s.d., p. 876. Il faudrait cependant vérifier qu'on y trouve à la fois le sel rouge et le sel blanc dont parle Sedacer.
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288 Sedacina tocius artis alkimie
Fixation du sel ordinaire

(7) Il faut le fixer ainsi (9) : prends une part de l'un de ces sels séparé, une autre part de chaux
vive. Après les avoir intimement mélangés et pulvérisés, imbibe-les une fois d'eau de source
très claire de sorte qu'ils soient comme la moelle. Laisse fermenter pendant deux jours. (8)
Emprisonne-les ensuite dans une marmite close et scellée avec du lut de végétalité. Puis mets
parmi des charbons ardents car là, le sel fondra et sera fixé à la chaux. Retire ensuite, pulvérise
et, avec de l'eau du ciel égouttée et bouillante, sépare le sel de la chaux puis distille au filtre,
congèle dans un vase transparent, dessèche, pulvérise et mélange à une quantité égale de chaux
vive fraîche, incorpore avec de l'eau du ciel égouttée pour avoir comme de la moelle, place
parmi les charbons (10) dans la même marmite scellée de la même manière, dissous avec de
l'eau du ciel égouttée (11), distille au filtre et congèle ; répète l'ensemble de ce procédé encore
et encore jusqu'à ce que le sel fonde comme la cire sur la braise incandescente sans émettre de
fumée. (9) À la fin, lorsqu'il sera congelé et qu'il produira ce signe, allume un grand feu dessous
pour qu'il fonde comme l'huile et qu'il reste ainsi en fusion pendant un moment sur le
feu. (10) Verse ensuite sur l'alzalaya et il se formera une lamelle que tu dissoudras dans un
boyau placé au-dessus de la vapeur d'eau bouillante ou dans un endroit humide sur l'alzalaya,
puis mets dans une ampoule de verre parmi les cendres et lorsque l'eau de sel montera jusqu'au
bord de l'ampoule, fais-la redescendre vers le fond avec un petit bâton. Lorsque l'eau ne
montera plus et que le sel sera fixe, laisse sur le feu pendant un moment. (11) Retire ensuite du
feu et cela sera du sel fixé qui, au feu, se dissout et, à l'air, se congèle puis se dissout.
(12) Ce sel congèle le mercure ainsi : mets au feu du mercure cru bien lavé dans quelque creuset
au-dessus d'un trépied et sur ce mercure, mets dudit sel fusible. Au fur et à mesure que le
mercure chauffera, le sel fondra et pénétrera le mercure et le congèlera.
(13) Tous les autres sels sont fixés de la même manière, quelles que soient leurs natures et leurs
conditions, et tous, ainsi fixés, congèlent le mercure. (14) De toutes les fixations des sels, celle-
ci tient la toute première place et ce parce qu'avec n'importe lequel de ces sels fixés, le soufre


9. Cette recette est rigoureusement identique à une recette appliquée au sel ammoniac (Sed. 1,XXX,21-29). 10. Sous-entendre : ardents, cf. la note Sed. 1,XXX,23. 11. Grâce au procédé identique appliqué au sel ammoniac (Sed. 1,XXX,23), il est possible de repérer un oubli : cette eau doit être bouillante.
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290 Sedacina tocius artis alkimie
est amené à la perfection et conduit à la vertu du soufre rouge, fixe, fondant, qui ne brûle pas
et qui change le mercure et tous les corps, à l'exception de mars, en vrai soleil ainsi qu'il est
démontré dans le premier livre au chapitre sur le soufre (12). (15) Ces sels amènent également
l'arsenic à la vertu et à la propriété du soufre blanc qui ne brûle pas et qui change ensuite le
mercure et tous les corps, à l'exception de mars, en lune véritable. Tous les sels ainsi fixés,
quelles que soient leurs conditions, sont appelés dans ce livre pierres salamantines réduites à
la quintessence, bien qu'ils soient aussi appelés autrement à différents endroits, ainsi qu'il est
excellemment montré dans le premier livre (13).

Autre fixation des sels

(16) Ils sont encore fixés ainsi : prends autant que tu veux < de l'un > de ces sels séparés et
purifiés, triture-le finement, donne-lui à boire de l'huile blanche volatile bien remuée et écumée
et mets au Soleil. Lorsqu'il sera desséché, donne-lui à nouveau à boire de ladite huile et
laisse dessécher ; fais cela sept fois. (17) Brise ensuite avec les doigts, mets dans la maison de
mars, couvre d'une tuile et dissous au feu de soufflet de forge. Lorsqu'il sera dissous, verse-le
dans un vase transparent pour qu'il se congèle et tu auras une masse dure, un peu ombrée, parfaitement
préparée et fixée. Le sel ainsi fixé est appelé sel blanc minéral et fusible.

Autre fixation des sels

(18) Ils sont encore fixés ainsi : prends autant que tu veux < de l'un > de ces sels séparés et
purifiés, un tiers de cette quantité d'esprit sensible élevé, mélange intimement en broyant, exalte
par deux fois et tu trouveras l'esprit élevé très blanc tandis que le sel sera fixe au fond de
l'urinal, lequel esprit sera alors plus apte à fixer le même sel ou un autre. (19) Les sels ainsi
fixés sont appelés pierres tuées par l'aigle et blessées.


12. Renvoi à Sed. 1,XXXI,32-38. 13. Renvoi à Sed. 1,I,6-9.
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292 Sedacina tocius artis alkimie
Autre fixation des sels

(20) Ils sont encore fixés ainsi : prends autant que tu veux < de l'un > de ces sels séparés et
purifiés, dissous-le dans de l'eau humaine perpétuelle égouttée et congèle dans un vase transparent.
Grille ensuite au four à pain pendant une nuit ; il faut qu'il y ait quatre parts d'eau pour
une de sel. (21) Dissous à nouveau dans quatre parts de ladite eau, congèle et grille pendant une
nuit. Fais cela sept fois. Recueille ensuite quatre parts de la première eau distillée extraite de la
pierre animale cachée et sept fois rectifiée, une part dudit sel, dissous le sel dans ladite eau,
congèle et grille pendant une nuit, toujours dans un vase très solide scellé avec du lut de végétalité ;
fais cela sept autres fois. (22) Dissous à nouveau, congèle et grille sept fois avec de l'eau
extraite de la pierre dabesi et sept fois rectifiée. (23) Fais de même avec la première eau extraite
uniquement du miel. Fais de même avec de l'eau extraite de fèves. Répète sept autres fois avec
la première eau extraite de la pierre rouge du petit monde. (24) Mets alors dans le ventre du
combattant et laisse là aussi longtemps qu'il est nécessaire pour qu'il se transforme en eau
transparente et précieuse, en changeant, toutefois, le ventre du combattant tous les sept jours.
(25) Puis clarifie, congèle à feu très lent dans les cendres dans un vase transparent, après avoir
scellé l'ouverture du vase, et tu trouveras une lamelle cristalline, diaphane, qui changera le
mercure en lune. (26) Et si elle ne le fait pas, c'est que tu n'as pas correctement opéré : dissous-la
alors dans quatre parts d'eau extraite de la pierre fétide qui se crée dans le ventre du
petit monde, sept fois rectifiée comme il se doit, et fais également cela sept fois comme il est
dit pour les autres. Puis dissous dans ledit ventre du combattant ; lorsque c'est dissous, fais
passer par le nez au bain-marie, puis congèle, et il est assuré que ce sel fera ce qui est dit plus
haut. (27) Si tu incérais le glissant avec ce sel égoutté, si tu le grillais sept fois, le dissolvais
et le congelais, ce serait de la pierre et non pierre qui transformerait le mercure en lune à l'infini.
Il agirait de même avec l'arsenic élevé et avec le soufre blanc élevé et débarrassé de sa
première humidité.

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LIBER ALTERQUINUS
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À propos de l'édition du Liber alterquinus : avertissement et conventions

Après le texte de la Sedacina, voici donc celui du Liber alterquinus. Pourtant, pour respecter l'ordre chronologique, il aurait dû la précéder, puisqu'il a été rédigé avant
elle. Mais il se trouve que, lorsque j'ai commencé à étudier l'oeuvre alchimique de
Guillaume Sedacer, je ne connaissais de lui que la Sedacina et que le Liber alterquinus
est survenu de manière fort tardive -- et inattendue -- au cours de mes recherches (1) .
Une fois établi qu'il était bien de Sedacer et qu'il représentait une première étape dans
l'élaboration de son oeuvre alchimique, j'ai concentré toute mon attention sur la seconde
étape, à savoir la Sedacina, puisqu'elle représentait l'état le plus abouti, sinon le
plus achevé, de l'alchimie du carme catalan.
Pourtant, éditer le Liber alterquinus ne permet pas seulement de disposer de l'ensemble
de l'oeuvre alchimique -- connue... -- de Sedacer et de pouvoir ainsi saisir son
élaboration interne, c'est aussi publier deux types différents de traités, à savoir, d'une
part, un traité à la fois « spéculatif » (2) et pratique et, d'autre part, un recueil de recettes.
Or, le Liber alterquinus est un véritable gisement de recettes ! Elles abondent, notamment
dans le troisième et le quatrième livre, et il était très certainement dans l'intention
du carme de puiser dans ce gisement pour les deux derniers livres de la Sedacina
On y trouve, par exemple, des procédés au cours desquels des substances animales et
végétales jouent un rôle majeur, alors que ce rôle n'est qu'évoqué dans la Sedacina (3) :
ainsi, dans plusieurs d'entre eux, des composés métalliques sont donnés en pitance
aux poules, ou aux oies, et la digestion qui s'accomplit dans le ventre de ces oiseaux
donne le pouvoir de transmutation (4). Sedacer donne également une recette pour fabriquer
de la poudre de grenouilles (pulvis ranarum (5)).


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1. Je fais le récit de cette découverte dans mon article : « Un anonyme alchimique dévoilé. Le Liber alterquinus », 1991. 2. Je renvoie au Glossaire-index des termes techniques pour le sens à donner à ce terme (voir à : speculatio). 3. Dans la Sedacina, on trouve une énumération de plantes et d'animaux (Sed. 1,II,8 et 9) dont la plupart ne sont jamais utilisés dans les recettes qui suivent, alors qu'ils le sont, avec d'autres encore, dans les recettes du Liber alterquinus (voir, entre autres, Alt. 3,XXVIII,1 et 6-7 ; 4,XVI,1-10 ; 4,XXXVI,1 ; 4,XXXVIII,1-2). 4. Alt. 3,XXXIV,1-4 ; 4,LVI,1-3, entre autres. 5. Alt. 3,XXVIII,6-7.
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366 Liber alterquinus
De fait, ce texte mériterait d'être étudié en lui-même, à la fois pour son vocabulaire -- on y trouve des termes inconnus de la Sedacina --, pour l'étendue des procédés et
des substances utilisés, pour ses sources, etc. Ces recherches m'auraient amenée à un
travail d'une trop grande ampleur et je ne voulais pas reproduire l'inachèvement de
l'oeuvre de Sedacer... Je livre donc le texte du Liber alterquinus dépouillé à la fois de
notes d'apparat et de notes de commentaire, plutôt que de le laisser encore une fois
de côté, lui qui vient à peine de sortir de l'oubli...
En effet, l'édition du Liber alterquinus n'est pas une édition critique. Le texte latin a été établi en suivant le manuscrit le plus ancien et le plus complet, à savoir le
manuscrit Florence, Biblioteca Medicea-Laurenziana, Acq. e Doni 48, début du XVe s.,
fol. 1-87v, désigné par la lettre F. Pour le corriger, je me suis servie de deux autres
manuscrits :

Oxford, Bodleian Library, Misc. 81, XVe s., fol. 122-211, désigné par la lettre B Londres, Wellcome Historical Medical Library, 36, milieu du XVe s., fol. 1-46, désigné par la lettre W (6).
Le texte de F est suivi : - des recettes figurant seulement dans B et W, à l'exclusion de F ;
- de la recette figurant seulement dans B, à l'exclusion de F et de W ;
- des recettes figurant seulement dans W, à l'exclusion de F et de B.

J'ai réduit au maximum mes propres interventions sur le texte et elles sont toujours visibles pour le lecteur :
- quand aucune leçon des trois manuscrits ne me semble correcte ou, ce qui arrive souvent
étant donné la variabilité du texte, quand la leçon donnée par le seul manuscrit qui contient
le passage en question me semble erronée, je le signale en faisant suivre le mot ou le groupe
de mots par [sic], sans apporter de correction. Le latin utilisé par les copistes de ces
manuscrits n'étant pas très rigoureux, ces [sic] sont souvent dus à des fautes d'accord ;
- quand je ne suis pas sûre de la lecture proposée, je fais suivre le mot douteux par
[locus incertus];
- quand, pour la compréhension du texte, il m'a paru nécessaire de rajouter un ou plusieurs
mots, je le signale en les mettant entre < >.


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6. Voir Étude, annexe du chapitre II pour la description de ces manuscrits. Je ne me suis pas servie, pour l'établissement du texte, du quatrième manuscrit contenant le Liber alterquinus, le manuscrit Bologne, Biblioteca universitaria, 457, b. XXXII, fasc. 3, fin XVIe s., fol. 2-89, car c'est une copie de W. 7. Voir À propos de l'édition et de la traduction française de la Sedacina : remarques et conventions, I.3. (au début du présent volume).
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Avertissement et conventions 367
En ce qui concerne la présentation du texte, les conventions adoptées sont les mêmes que pour la Sedacina (7).

Il n'y a pas d'apparat critique. Le texte présenté apparaîtra donc, à plus d'un titre, comme un « monstre » aux yeux des puristes dans la mesure où il n'est pas l'édition
fidèle d'un seul manuscrit et où les corrections portées d'après les autres témoins n'apparaissent
pas. J'ai bien conscience qu'une édition sans apparat ne permet de rendre
compte, ni des nombreuses variantes de détail -- chacun des trois copistes ayant eu tendance
à réécrire le texte à sa façon --, ni des importantes différences dans l'ordre suivi
et dans le contenu des quatre livres du traité. Pour en avoir une vue d'ensemble, je renvoie
au chapitre II de l'Étude qui contient une description de la tradition manuscrite du
Liber alterquinus, beaucoup plus fluctuante que celle de la Sedacina ; pour un examen
détaillé, je renvoie à l'édition critique du Liber alterquinus contenue dans ma thèse (8).


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8. Les références complètes de ma thèse ainsi que les conditions de sa consultation figurent dans la Bibliographie. Ma thèse contient également un tableau comparatif de la composition de F, de B et de W, tableau dont la lecture est assez ardue mais qui seul permet de rendre compte des différences entre les trois manuscrits par rapport à l'ordre et au contenu du Liber alterquinus.
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Table des matières du volume II

Sedacina tocius artis alkimie

À propos de l'édition et de la traduction française de la Sedacina :
remarques et conventions......................................................... 7

Édition critique et traduction française commentée...............................16

[Liber primus]
[Premier livre]

[Prohemium]......................................................................17
[Prologue]

Capitulum primum de motivo composicionis libri huius.............................23
Chapitre I - La raison de la composition de ce livre

Capitulum secundum de fundamento huius sciencie..................................27
Chapitre II - Le fondement de cette science

Capitulum tertium de preceptis generalibus huius artis...........................29
Chapitre III - Les règles générales de cet art
Capitulum quartum de modis generalibus requisitis in practica huius sciencie.....37
Chapitre IV - Les procédés généraux requis dans la pratique de cette science

Capitulum quintum de natura, generacione, proprietate et condicione omnium metallorum
in generali......................................................................39
Chapitre V - La nature, la génération, les propriétés et la condition de tous les
métaux en général

Capitulum sextum de descripcione alkimie.........................................51
Chapitre VI - Description de l'alchimie
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468 Table des matières du volume II
Capitulum septimum de natura plumbi et eius purgacione, separacione, preparacione,
glorificacione, multiplici condimento et associacione........................... 53
Chapitre VII - La nature du plomb, sa purification, sa séparation, sa préparation,
sa glorification, ses multiples traitements et son association

Capitulum octavum de anthimonio et eius natura et de eius calcinacione, dissolucione,
inhumacione, distillacione, rectificacione, coniunctione et proiectione......... 69
Chapitre VIII - L'antimoine, sa nature, sa calcination, sa dissolution, son inhuma-
tion, sa distillation, sa rectification, son union et sa projection

Capitulum nonum de stangno et eius natura et eius purgacione, separacione, prepara-
cione, glorificacione, multiplici condimento et associacione.................... 85
Chapitre IX - L'étain, sa nature et sa purification, sa séparation, sa préparation, sa
glorification, ses multiples traitements et son association

Capitulum decimum de ferro et eius natura et eius multiplici condimento......... 89
Chapitre X - Le fer, sa nature et ses multiples traitements

Capitulum undecimum de auro et eius natura et multiplici condimento.............103
Chapitre XI - L'or, sa nature et ses multiples traitements

Capitulum duodecimum de cupro et eius natura et multiplici condimento...........115
Chapitre XII - Le cuivre, sa nature et ses multiples traitements

Capitulum tertium decimum de sandanico et eius natura et condimento.............127
Chapitre XIII - L'acier indien, sa nature et son traitement

Capitulum quartum decimum de argento et eius natura
et multiplici condimento........................................................131
Chapitre XIV - L'argent, sa nature et ses multiples traitements

Capitulum quintum decimum de animacione, amalgamacione seu geminacione
omnium corporum cum lubrico.....................................................145
Chapitre XV - L'animation, l'amalgamation ou la gémination de tous les corps avec
le glissant

Capitulum sextum decimum de perfecta lavacione et calcinacione corporis animati
vel geminati, quod dicitur animatum vel geminatum quando dicitur amalgama.......147
Chapitre XVI - La parfaite manière de laver et calciner un corps animé ou géminé,
car on dit animé ou géminé lorsqu'il s'agit d'amalgame
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Sedacina : table des chapitres 469
Capitulum septimum decimum de natura talci et eius calcinacione et preparacione et
multiplici condimento...........................................................149
Chapitre XVII - La nature du talc, sa calcination, sa préparation et ses multiples
traitements

Capitulum duodevicesimum de talco marino vel fluviali calcinando................155
Chapitre XVIII - La calcination du talc de mer ou de rivière

Capitulum undevicesimum de gipso et eius natura et calcinacione.................155
Chapitre XIX - Le gypse, sa nature et sa calcination

Capitulum vicesimum de corallo et eius natura et condimento.....................157
Chapitre XX - Le corail, sa nature et son traitement

Capitulum vicesimum primum de cristallo et eius fusione et in lapidem conversione et
condimento......................................................................159
Chapitre XXI - Le cristal, sa fusion, sa transformation en pierre et son traitement

Capitulum vigesimum secundum de vitro et eius natura
et multiplici condimento........................................................165
Chapitre XXII - Le verre, sa nature et ses différents traitements

Capitulum vigesimum tertium de emathice et eius condimento......................187
Chapitre XXIII - L'hématite et son traitement

Capitulum vigesimum quartum de magnete et eius natura et condimento.............189
Chapitre XXIV - L'aimant, sa nature et son traitement

Capitulum vigesimum quintum de sanguinaria......................................191
Chapitre XXV - La sanguine

Capitulum vigesimum sextum de ocrea et bolo et eorum preparacione...............191
Chapitre XXVI - L'ocre, le bol et leur préparation

Capitulum vigesimum septimum de natura et differencia atramentorum et cognicione
et multipli condimento ipsorum..................................................191
Chapitre XXVII - Les différents atraments et leur nature, comment les reconnaître
et leurs multiples traitements

Capitulum duodetricesimum de natura et proprietate spirituum in generali........201
Chapitre XXVIII - La nature et la propriété des esprits en général
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470 Table des matières du volume II
Capitulum undetricesimum de natura mercurii et eius perfeccione
et multiplicatione..............................................................201
Chapitre XXIX - La nature du mercure, sa perfection et sa multiplication

Capitulum tricesimum de sale armoniaco et eius natura
et multiplici condimento........................................................221
Chapitre XXX - Le sel ammoniac, sa nature et ses multiples traitements

Capitulum tricesimum primum de sulphure et eius natura
et multiplici condimento........................................................233
Chapitre XXXI - Le soufre, sa nature et ses multiples traitements

Capitulum tricesimum secundum de arsenico et eius natura
et multiplici condimento........................................................253
Chapitre XXXII - L'arsenic, sa nature et ses multiples traitements

Capitulum tricesimum tertium de marcasita et magnesia et earum natura, calcinacione
et condimento...................................................................265
Chapitre XXXIII - La marcassite et la magnésie, leur nature, leur calcination et leur
traitement

Capitulum tricesimum quartum de albecon et eius natura.......................271
Chapitre XXXIV - L'albecon, sa nature

Capitulum tricesimum quintum de thucia et eius preparacione et natura...........273
Chapitre XXXV - La tutie, sa préparation et sa nature

Capitulum tricesimum sextum et ultimum huius primi libri de lutis requisitis in hac
arte quibus crucibuli et vasa componuntur et sigillantur........................275
Chapitre XXXVI - Les luts nécessaires à cet art, avec lesquels sont fabriqués et
scellés les creusets et les vases

[Liber secundus]
[Deuxième livre]

[Prohemium].....................................................................283
[Prologue]

Capitulum primum de aluminibus et eorum speciebus et condimentis................285
Chapitre I - Les espèces d'aluns et leurs traitements
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Sedacina : table des chapitres 471
Capitulum secundum de sale communi..............................................287
Chapitre II - Le sel ordinaire

Capitulum tertium de sale gemma.................................................295
Chapitre III - Le sel gemme

Capitulum quartum de sale nitro et eius natura et condimento....................295
Chapitre IV - Le salpêtre, sa nature et son traitement

Capitulum quintum de sale de compas et eius natura et condimento.............295
Chapitre V - Le sel de compas, sa nature et son traitement

Capitulum sextum de sale alkali et eius natura et condimento....................297
Chapitre VI - Le sel alcali, sa nature et son traitement

Capitulum septimum de sale amaro quod elsabon nominatur et eius virtute, natura et
condimento......................................................................299
Chapitre VII - Le sel amer, qu'on appelle elsabon, ses vertus, sa nature et son trai-
tement

Capitulum octavum de abstractione salium a mineriis minoris mundi vel a mineriis
animalium, piscium vel avium volancium..........................................307
Chapitre VIII - Comment extraire les sels des minières du petit monde ou des
minières des animaux, des poissons ou des oiseaux volants

Capitulum nonum de sale albo fixo de lapide volante extrahendo..................309
Chapitre IX - Comment extraire du sel blanc et fixe de la pierre volante

Capitulum decimum de salibus abstrahendis fusibilibus ab omnibus corporibus calci-
natis lunificis vel solificis et corporibus terreis fixis calcinatis et ab omnibus spiriti-
bus et volatilibus calcinatis fixis et ab omnibus materialibus fixis calcinatis ingre-
dientibus artem istam...........................................................309
Chapitre X - Comment extraire les sels fusibles de tous les corps calcinés luni-
fiques ou solifiques, de tous les corps terreux fixes et calcinés, de tous les esprits
et de tous les volatils calcinés et fixes et de tous les ingrédients fixes et calcinés qui
sont utilisés dans cet art

Capitulum undecimum de borracibus, atincaribus
huic operi pertinentibus exponendis.............................................311
Chapitre XI - Description des borax et des atincar qui concernent cette oeuvre
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472 Table des matières du volume II
Capitulum duodecimum de composicione borracium simplicium
albedinis et rubedinis..........................................................313
Chapitre XII - Composition des borax simples du blanc et du rouge

Capitulum tertium decimum de composicione borracium universalium albedinis et
rubedinis, et primo de lunificis................................................315
Chapitre XIII - Composition des borax universaux du blanc et du rouge et, en pre-
mier lieu, des lunifiques

Capitulum quartum decimum de pinguedine recta, sale armoniaco sapientum et oleo
cap philosophico, tam ad albedinem quam ad rubedinem componendis, et primo de
pinguedine recta................................................................319
Chapitre XIV - Composition de la véritable graisse, du sel ammoniac des sages et
de l'huile cap philosophique, tant pour le blanc que pour le rouge, et tout d'abord
celle de la véritable graisse

Capitulum quintum decimum de atincaribus lunificis et solificis componendis, et
primo de lunificis..............................................................327
Chapitre XV - Comment composer les atincars lunifiques et solifiques, et tout
d'abord les lunifiques

Capitulum sextum decimum de oleis solificis et lunificis exponendis.............339
Chapitre XVI - Description des huiles solifiques et lunifiques

Capitulum septimum decimum de homine exponendo et de aquis et oleis et salibus ab
ipso extrahendis................................................................339
Chapitre XVII - Description de l'homme et des eaux, huiles et sels que l'on en
extrait

Capitulum duodevicesimum de testudine et eius natura et condimento..............353
Chapitre XVIII - La tortue, sa nature et son traitement

Capitulum undevicesimum de gallina et eius natura et condimento.................359
Chapitre XIX - La poule, sa nature et son traitement
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**** A T T E N T I O N ****

Fin du texte de ce document, ce document étant sujet à droits d'auteur.
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Notes personnelles

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CHRYSOPOEIA Revue publiée par la Société d'Étude de l'Histoire de l'Alchimie avec le concours du Centre national du livre et le soutien de l'UPR 76 (CNRS) (CENTRE D'HISTOIRE DES SCIENCES ET DES DOCTRINES 7 rue Guy Môquet, B.P. 8, F - 94801 Villejuif Cédex)

COMITÉ SCIENTIFIQUE Guy Beaujouan, Marc Fumaroli, Pierre Magnard, Jean-François Marquet, Jean Pépin,
Henri Dominique Saffrey, François Secret, Hélène Védrine.
DIRECTEUR Sylvain Matton DIRECTEUR ADJOINT Didier Kahn
COMITÉ DE RÉDACTION Pascale Barthélemy, Antoine Calvet, Didier Kahn, Jean-Marc Mandosio, Sylvain Matton, Main Mothu, Alfredo Perifano, Jacques Rebotier ----------
Longtemps considérée comme une croyance absurde, indigne d'être étudiée, l'alchimie n'est plus ignorée aujourd'hui d'aucun spécialiste. Par l'ampleur de son rayonnement, par la
diversité de ses manifestations, il n'est pas un domaine du savoir où elle n'ait laissé une
trace de son passage. Simple charlatanerie ou philosophie de la nature, art mécanique ou
« mystique expérimentale », elle présente au chercheur un visage protéiforme qui, tout à la
fois, fascine et déconcerte.
Entièrement consacrée à l'histoire de l'alchimie, la revue Chrysopoeia s'est donné pour tâche d'en étudier tous les aspects. Elle s'adresse ainsi non seulement aux historiens des
sciences et des techniques, mais à ceux de la médecine, de la philosophie, des religions, de
l'art et de la littérature. Outre des études savantes, elle offre des publications de textes rares
ou inédits, des éditions critiques et des reproductions de documents iconographiques. Elle
publie également une collection de « Textes et Travaux ».

Les articles soumis à la rédaction -- en allemand, anglais, français ou italien -- ne sont pas retournés. Ils doivent être adressés à: CHRYSOPOEIA, 45 rue Saint-Maur, F - 75011 Paris

Pour la vente au numéro, s'adresser à : EDIDIT, 76 rue Quincampoix, F-75003 Paris
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Textes et Travaux de Chrysopoeia
Collection dirigée par Didier Kahn et Sylvain Matton Diffusion : EDIDIT, 76 rue Quincampoix, F-75003 Paris

1. Alchimie: art, histoire et mythes. Actes du 1er colloque international de la Société d'Étude de l'Histoire de l'Alchimie (Paris, Collège de France, 14-15-16 mars 1991), sous la direction de Didier Kahn et Sylvain Matton. Ouvrage publié avec le concours du CNRS. 1995. VI-848 p.
2. Vincenzo PERCOLLA, Auriloquio. Nel quale si trotta dello ascoso secreto dell'Alchimia. Trattato manoscritto del '500 d'interpretazione alchemica dei miti greci et romani. Edizione e note a cura di Carlo Alberto Anzuini. 1996. XX-276 p.
3. François SECRET, Postel revisité. Nouvelles recherches sur Guillaume Postel et son milieu. Première série. 1998. 260 p.
4. Aspects de la tradition alchimique au XVIIe siècle. Actes du colloque international de l'Université de Reims-Champagne-Ardennes (Reims, 28 et 29 novembre 1996), sous la direction de Frank Greiner. Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre. 1998. 420 p.
5. Yves MARQUET, La philosophie des Ihwn al-Saf'. Nouvelle édition augmentée. 1999, XVI-622 p.
6. D. ZECAIRE, Opuscule tres-eccelent de la vraye philosophie naturelle des metaulx. Édition critique, introduction et notes par Renan CROUVIZIER. 1999, 208 p.
7. Pierre Jean FABRE, L'Alchimiste chrétien. Traduction française anonyme du XVIIIe siècle, avec le fac-similé de l'édition latine originale. Édition, introduction et notes par Frank GREINER. 2001, 736 p.
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