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Réfer. : 1317 .
Auteur : Lulle Raymond.
Titre : Le Testament de Raymond Lulle.
S/titre : .
Editeur : Editions de la Hutte. Bonneuil-en-Valois.
Date éd. : 2006 .
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**** A T T E N T I O N ****
Ce document étant sujet à droits d'auteur,
n'est composé que du début, et des tables éven-
tuelles. Reportez-vous aux références ci-dessus
pour vous le procurer.
**** A T T E N T I O N ****
LE TESTAMENT
DE
RAYMOND LULLE
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Déjà au catalogue
des Éditions de La Hutte...
Collection « Alchimie » :
La Moelle de l'alchymie
Eyrénée Philalèthe
Le Vrai et Vieux Chemin de Nature d'Hermès-Trismegiste
« Un Vrai Franc-Maçon » (anonyme)
© 2006 Éditions de La Hutte & Bernard Renaud de la Faverie
313, rue de Crépy 60123 Bonneuil-en-Valois
ISBN-10 : 2-916123-03-2/ISBN-13 : 978-2-916123-03-5
E-mail : contact@editionsdelahutte.com
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LE TESTAMENT
DE
RAYMOND LULLE
« Du latin mis en français par ...
agrémenté par lui de numismatiques figurines
cabalisantes avec l'ART ROYAL & SACRÉ
commencé DIEU AIDANT l'an de la RÉDEMPTION
1947
le XXVIII de Décembre Dimanche des SAINTS INNOCENTS
en la maison du père à ... »
Éditions de La Hutte
BP 8
60123 Bonneuil-en-Valois
www.editionsdelahutte.com
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PRÉFACE
Pour les Catalans, Raymond Lulle (env. 1233-1316) est le créateur de leur langue. Pour les
historiens de la philosophie, il reste un cas. Pour l'Inquisition, il fut un hérétique, mais un
saint pour l'école franciscaine et, pour les spécialistes de la littérature mystique, un personnage
incontournable. Mais pour tous, il est l'auteur de l'Ars Magna.
Lulle se définit comme le « procureur des infidèles ». Il est connu sous le nom de « docteur
illuminé ». Il apparaît comme le témoin éclairé de la rencontre de trois cultures -- arabe,
juive et chrétienne -- vivant ensemble dans sa Majorque natale. Obsédé par le rêve de les harmoniser,
il tire de leur diversité comme de leur unité fondamentale sa doctrine et la rigueur
de son système. Ce fut le premier, bien avant Dante et maître Eckhart, à oser dans l'Europe
médiévale parler de philosophie, de théologie et de science dans une autre langue que le latin
et le grec.
Le personnage paraît complexe : élevé par son père dans l'idéal et la pratique martiale chevaleresque,
époux et amant agité, missionnaire exalté, il cherche le martyr ; logicien farceur,
il invente les premières machines à raisonner, préfiguration des ordinateurs modernes ;
poète, il écrit ces vers et des romans allégoriques que les Catalans admirent toujours ; alchimiste,
on le révère comme un maître incontesté...
Lulle mort, les cénacles du lullisme ne tardèrent pas à ce former. Et si toute une lignée de
pseudo-Lulle manipula l'Ars magna et transforma son auteur en astrologue et distillateur d'élixirs
de jouvence, le lullisme féconda généreusement la Renaissance italienne et française :
Giordano Bruno et Pic de La Mirandole d'un côté, Lefèvre d'Etaple et Raymond de
Sebonde de l'autre, l'utilisent, le commentent et l'appliquent. C'est en Allemagne, avec
Nicolas de Cues qui étudie à fond l'oeuvre de Lulle, dont la sienne est profondément marquée,
que cette pensée originale franchira le cap de la Renaissance et intéressera la philosophie
moderne.
Élève probable d'Arnaud de Villeneuve, on lui attribue un certain nombre de livres sur
l'alchimie. Mais, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes, ses deux biographes, Alain Llinarès
et Louis Sala-Molins, n'en parlent pas une seule fois. Pas plus dans les huit volumes de
Opera (regroupe l'ensemble des écrits de Lulle) publiés à Mayence (1721-1742) que dans les
cinq volumes de l'Opera latina publié à Fribourg-en-Brisgau-Palma de Majorque (1959-1967)
nous ne trouvons trace de textes alchimiques.
Dans les ouvrages de Fulcanelli et d'Eugène Canseliet, de nombreuses occurrences apparaissent,
renvoyant aux différents textes attribués à Lulle. Quelques auteurs contemporains,
tels Lucien Gérardin, Jean-Claude Frère et Jacques Sadoul, font dans leurs ouvrages sur le
Lulle alchimiste de longues dissertations. Mais ils ne font que reprendre et développer des «
on dit que » Il n'existe aucune certitude que Lulle ait pratiqué l'alchimie et encore moins que
tous ces nombreux textes soient bien de lui. Nous dirions que son Ars magna, sa philosophie,
et sa mystique prouveraient le contraire. Mais peu importe si ces textes sont de Lulle ou s'ils
lui sont attribués : ils ont le mérite d'exister.
On trouve différents manuscrits portant en partie le titre de « testament » attribués à Raymond
Lulle (Raimon Llull). Les différentes bibliographies consultées proposent des titres
différents. Nous avons même un commentaire par Lulle lui-même (L'Élucidation ou l'éclaircissement
du testament de Raimond Lulle par lui-même, Bibliothèques des Philosophes chymiques, t.
IV Paris, 1754) évidemment paru après sa mort. Des historiens des sciences, tel Hoffer, persuadés
d'être éclairés, qualifient l'ensemble de l'oeuvre alchimique du maître majorquais
d'obscure, d'inintéressante, voire d'absurde, eu égard aux autres classiques de la Sainte
Science de l'époque, ne serait-ce les écrits d'Arnaud de Villeneuve, ami et maître de Lulle.
Ceci ne vaut heureusement pas pour le présent texte, qui constitue un sommet de la littérature
alchimique.
La personnalité curieuse de Raymond Lulle n'aidera pas ceux qui n'acceptent pas certains
paradoxes qui permettraient de déterminer si la figure de Lulle est crédible en matière d'alchimie.
Quels sont ces paradoxes ?
1. Le Grand Art se présente comme une méthode qui permet de tout expliquer grâce à sa logique particulière. Pour Lulle, chaque
branche du savoir se ramène à un petit nombre de catégories de base. Leurs combinaisons fournissent l'indéfinie diversité des connaissances
accessibles à l'esprit humain. Ainsi, les combinaisons deux à deux de seize éléments de base fournissent cent vingt possibilités
différentes. Si les combinaisons incluent chacune huit éléments, cela fait douze mille huit cent soixante-dix possibilités. Lulle a donné
des règles pratiques pour former ces combinaisons ; Descartes et Leibniz se passionnèrent pour cet Art.
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Le premier recouvre toutes les écoles de pensée médiévale et renaissante. Il était courant
que l'on attribue une oeuvre à un maître, reconnu comme tel, même s'il n'en était pas entièrement
l'auteur. Nous avons des exemples tout à fait comparables avec les grands peintres
italiens de la Renaissance. Leurs élèves signèrent des toiles du nom de leur maître, parfois
sans leur accord et même quelque fois après leur mort. Le second concerne la biographie
difficile de Lulle lui-même. Difficile parce que contradictoire. Entre le souffleur farfelu et le
mage puissant qui produit à la chaîne des kilos d'or pour le roi d'Angleterre, entre le politicien
exalté qui part en croisade pour convertir les musulmans et le sage érémitique qui correspond
depuis Majorque avec le Roi Robert d'Ecosse (à propos d'alchimie) au même
moment, quel Lulle choisir ?
De même qu'il y eut, en ce temps moins « rationnel », quelques personnages qui pouvaient
apparaître en plusieurs endroits à la fois, de même y eut-il peut-être deux Lulle comme le
suggèrent certains auteurs : un maître et un disciple, ce qui expliquerait les inégalités dans
son oeuvre, voir son éclectisme. Vu le nombre de textes recensés attribués à Lulle, nous pencherions
plutôt pour un maître et des élèves, c'est pour cela que l'on parle de littérature
pseudo-lullienne.
Le présent texte, montré à plusieurs artistes que nous considérons comme sérieux, n'engendra
que des commentaires enthousiastes. C'est ce qui nous pousse à le publier. Il s'agit
du fac-similé d'une translation française moderne, établie en 1947, à partir d'un texte latin
par un amateur éclairé dont l'identité est incertaine. Les nombreuses illustrations, les
« numismatiques figurines cabalisantes » qui accompagnent le texte, sont dues au traducteur.
Elles ont toutes été réalisées à main levée.
La page 101 a été doublée car elle contient un petit dispositif, un repli, que nous avons
présenté en version fermée et ouverte.
La page 117 est manquante : elle montrait une illustration en couleur impossible à restituer
en la présente édition.
Ce livre constitue la première édition française, en français, imprimée du vrai Testament
alchimique attribué à Raymond Lulle.
Bernard Renaud de la Faverie
Mars 2006
Bibliographie
FRÈRE Jean-Claude, Raymond Lulle, CAL/Retz.
GÉRARDIN Lucien, L'Histoire de l'alchimie, Retz.
LLINARÈS Alain, Raymond Lulle philosophe de l'action, Paris, PUF, 1963.
SADOUL Jacques, Le Grand Art de l'alchimie, Paris, Albin Michel, 1973.
SALA-MOLINS Louis, La Philosophie de l'amour chez Raymond Lulle, Paris, Mouton, 1975.
Nous signalons deux manuscrits en français attribués à Lulle :
La théorique ou testamen de Raymond Luly sur tous autres alkimiens souverains et plus excellent. 134
folio, parchemin du XVe siècle, Bibliothèque de Monsieur De Paulmy, Bibliothèque de l'Arsenal.
Testament de Ramond Lulle, philosophe très savant et très fameux, qui renferme en deux livres, tout l'art
alchimique et son abrégé de l'art de la transmutation de l'Ame des métaux.
De plus son dernier testament avec ses autres ouvrages contenus dans la seconde partie du livre. Dernière édition
tirée des manuscrits et des plus fidèles exemplaires corrigés avec la dernière exactitude par les soins de
sieur Rault de Rouen, 1663, in folio de 171 p. avec figure, manuscrit recopié en avril 1889 sur
une copie de 1753 par Remi Pierret.
Nous indiquons également une édition latine imprimée :
Testamentum, duobus libris vniuersam artem chymicam complectens, ante hac runquam excusam. Item
Eiusdem Compendium Animae Transmutationis artis metallorum absolutem iam & perfectum, Coloniae
Agrippinae, Apud Ioannem Byrckmannum, 1566, in 8° 4 ff n ch, 240, 8 ff n ch, figures in texto.
Il existe une autre édition en 1573.
Nous renvoyons enfin aux nombreuses bibliographies : Caillet, Dorbon, Duveen, Ferguson,
Hoeffer.
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LE TESTAMENT DE,
R A Y M O N D L U L L E
Du latin mis en français par ...
agrémenté par lui de numismatique figurines
cabalisantes avec L'ART ROYAL & SACRE
commencé DIEU AIDANT l'an de la REDEMPTION
1941
le XXVIII de Décembre Dimanche des SAINTS INNOCENTS
en la maison du père à ...
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AU NOM DE NOTRE SEIGNEUR
JESUS CHRIST COMMENCE LE TESTAMENT DE
MAITRE RAYMOND LULLE & D'ABORD
LA THEORIE.
toute puissance, nous entreprenons en hommage d'amour, en ton
honneur, et pour TE célébrer, la présentation de cet art, car
nous voulons dévoiler aux fils de vérité ce qui nous a été en partie
occulté, pour enrichir leur connaissance d'une si noble
contrée de la philosophie, que nous illuminerons en ce notre
bréviaire, contrée où se cultive la transmutation non seulement
parfaite, mais plus que parfaite, à laquelle jamais ne
pourront prétendre les sophistes, iniques diffamateurs de cette
illustre science. Or quant à cet ouvrage, nous le transmettons
aux enfants de notre doctrine, en guise de testament. Nous
l'avons divisé en trois principaux livres : la théorie, la pratique,
et un codicille, ces trois parties se rangeant à leur tour
sous quatre chefs distincts : les figures circulaires, les définitions,
les mixtions et les applications diverses, pratiquement
traitées dans le second livre et théoriquement dans
le premier. Au nom de la puissance et de la sagesse du ciel,
et par respect pour elles, nous te voulons, fils de doctrine, manifester
le don qui nous a été fait, en guidant tes pas comme
il sied, sans quoi tu ne parviendrais point à la connais-
££
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sance plénière de cette chose, qui est une, et composée de ces
entités qui représentent les matériaux de la nature, qui ont
été et peuvent être découvertes par voie de dissolution,
mais auxquelles on ne parvient pas par des sentiers battus.
Alors donc, et tandis que les égarés de la doctrine
errante poussent de profonds soupirs, halètent et souhaitent
une fin, mais n'obtiennent comme fin que la mort,
ô Toi, puissance éternelle et suprême, accepte pour agréable
d'illuminer les hommes Chrétiens, et qui croient en
Toi, fais leur voir et toucher cette vérité dont les Anciens
furent les ouvriers, et sans laquelle cette science meilleure
que la plus noble part de la philosophie ne peut se
rénover pour pénétrer notre entendement, car le
temps est venu maintenant que nous
en posions les jalons.
DES
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CHAPITRE I
Des définitions de cet art, & de la plainte de la nature
& ce qu'est la théorie & ce qu'est la pratique.
Les entités réalisées, se manifestent dans leurs principes
primordiaux et successifs, ouvrent et légitiment
la connaissance de la nature des corps, et
aussi des moyens termes et des extrêmes, qui dès
lors qu'on en comprend l'essence, représentent
la véritable cause de leur permutation et de leur transmutation,
selon leurs propres racines, en forme sphérique et en
apparence permanente à travers leurs dispositions de structure,
pour autant que ces corps sont permutables et transmutables
dans leur tout, en la vraie et utile forme des corps parfaits, et
pour autant qu'il est possible, tout en conservant leur essence,
de les amener au suprême et parfait tempérament.
Or dans ce livre où nous serons amené à parler de
physique, nous avons reçu mandat de la maîtresse suprême
de la nature. Celle ci en effet nous est manifestement apparue,
elle nous a montré ses oeuvres et découvert ses opérations
cachées. Mais c'est en pleurant et en gémissant qu'elle a lancé
vers nous son appel « Hélas, disait-elle, que faut il donc
que je fasse ? Voilà qu'on s'efforce de m'arracher mes instruments
pour les anéantir, et qu'on viole les secrets de mes
travaux les plus réservés, non sans en fausser l'harmonie. Et
des choses à qui j'ai donné la forme avec la permission de
Dieu mon maître, ou veut les faire périr avec moi. » Tel fut le
cri d'angoisse exhalé par notre dame la nature, implorant son
ministre, j'en gémie et j'en pleure. Vrai, ses sanglots étaient
si profonds, qu'aucun coeur à son approche ne pouvait échapper
à la compassion, ni, par amour pour elle, s'empêcher de
verser des larmes à son tour. Car tant grande était la douleur
de son corps, qu'elle tomba dans un spasme, à cause de cette
douleur, et de la déplaisance qu'elle recevait du fait que les
bonnes oeuvres qu'elle accomplissait en ce monde, elle se voyait
près de les abandonner, se déchargeant de la tâche d'en pousser
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4
plus avant la réalisation, bien qu'elle eût pu sans doute en obtenir
licence de Dieu, son seigneur, si elle l'en eût requis. Et
voilà pourquoi nous avons assumé la responsabilité de conserver
à l'abri les instruments de la nature, et de les protéger
secrètement des mains de ses ennemis. Toutes choses que (no?)
nous ferons connaître dans notre deuxième livre, si tu peux
y parvenir. Quant à ce premier livre, il est divisé en cinq parties,
cinq sections, par chapitres généraux.
Or comme la pratique de cette branche de la philosophie
ne peut être présentée sans une théorie assise au préalable,
nous disons que la théorie consiste en la leçon qui enseigne
les prédispositions des corps transmutables et mutables à acquérir
la constitution la plus harmonieuse possible (temperamentum),
et qui étend sa démonstration à tout ce qu'implique inéluctablement
l'accomplissement parfait de notre magistère.
Quant à la leçon de la pratique, c'est celle qui décrit formellement
le juste mode opératoire, selon ce qu'exige la disposition
que la théorie a fait connaître. Aussi, comme les dispositions des
corps susdits, de même que leurs natures, ne peuvent être connues
que par la considération des choses naturelles et non naturelles
et contre nature, nous avons, pour en améliorer l'intelligence,
divisé la théorie en trois parties, car les dispositions de tout
corps permutable en son genre ne peuvent être envisagées que
sous l'un des trois aspects suivants : tempérament équilibré,
déséquilibré, et neutralité (temperamentum, intemperamentum
et neutralitas.) On devra savoir avant tout que pour les
choses naturelles, le tempérament implique typiquement un
complexe (complexio) de particules subtiles et assemblées les unes
avec les autres. Sur ce qui touche à la composition de ces particules
les philosophes se sont étendus largement, pour autant qu'ils
possédaient l'ample compréhension de la continuité et du rassemblement
des parties constituantes, sous condition que cette continuité
formât un composé propre. Le non tempéré par contre
s'entend des choses qui sont contre la nature. On l'appelle aussi
corruption, ou encore défluxion du juste tempérament (elongatio
veri temperamenti), l'harmonie exigeant tout ou rien. Quant à la
neutralité, elle implique en soi le moyen terme entre les parties
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5
susdites; on lui donne encore le nom de lien des extrêmes, c'est
à dire de ce qui est tempéré avec ce qui ne l'est pas, ou de disposition
intermédiaire entre deux contraires.
CHAP. II.
Du tempérament des corps, et du non tempérament, & de la
neutralité, & de la médecine, & des instruments,
naturels, non naturels & contre nature.
C onsidère maintenant que le juste et véritable tempérament
consiste en la disposition naturelle inhérente aux corps
parfaits, disposition grâce à laquelle les agissements de la nature
trouvent leur perfection dans la perfection de la médecine,
en y réalisant directement et sans intermédiaire leur
achèvement suprême et leur possibilité de pénétration totale;
d'où il résulte nécessairement pour tous les corps que la nature
a préféré une disposition de qualité à une disposition
d'action. Car si le corps médicinal n'était pas parfaitement
tempéré, il cesserait complètement de muter les corps imparfaits
vers la perfection qui s'obtient par une due projection:
on ne pourra donc établir le dynamisme de l'état tempéré
qu'en s'appuyant sur le fait exclusif de son aptitude à développer
jusqu'à ses extrêmes limites une possibilité d'action,
qui lui est conférée par le complexe de son tempérament, auquel
doit s'ajouter l'apport complémentaire qui lui est fourni,
de son côté, par le canal et le moyen de la projection en question.
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Cette action consacre la médecine dans les aptitudes et prérogatives
qu'elle tire de son propre tempérament. C'est sur la
connaissance de ce tempérament que doit principalement diriger
son attention celui qui oeuvre à l'achèvement harmonieux
de notre noble entreprise, en se servant de l'instrument d'une
prudente sagesse. Car toutes considérations qui ne sont pas
centrées sur le tempérament ne conviennent aucunement à notre
travail. Tous artiste, dont la volonté d'observation s'en éloigne,
perd ses chances de succès, devient comme un étranger
aveuglé par ses soins superflus, par une fantaisie dans laquelle
il se perd. C'est que la notion de tempérament ne se peut acquérir
que par l'intervention directe du génie de la nature, ou
grâce à son bon vouloir d'un maître, infusant dans l'intellect la
science de choisir les substances adéquates et miscible, et l'art
d'informer en un corps cette médecine qui tantôt revêt un
aspect unique, et tantôt prend des apparences variées et nombreuses.
Le tempérament devant être considéré comme la cause
parfaite de l'action, on ne pourra plus clairement le connaître
ni plus sûrement en respecter la nature, après l'avoir découverte,
que par la dite science, qu'il doive apparaître sous un seul ou
sous divers aspects : il ne peut d'ailleurs jamais exister qu'un
seul et unique résultat terminal, qu'un seul mode de tendre dans
la rectitude vers le but, qui est la production finale du dit tempérament
que nous signifierons par
C. L'intempéré, ou le non
tempéré, est une disposition naturelle corruptible, engendrée par
une dissolution élémentaire, cause immédiate de corruption pour
les réactions des corps individuellement envisagés, et de la nature,
corruption qui trouve sa source dans l'extension, le débordement
hors de son lit, du tempérament donné, dont les parties
constitutives formaient un composé continu et cohérent. Ce non
tempéré, nous le signifierons par
G, en convertissant
D &
F en
G.
La neutralité, le médiateur neutre ou médiocrité, est la disposition
dans laquelle, par le moyen d'un intermédiaire, s'organisent
les réactions du sujet en vue de la conservation de l'apparence,
pour ce qui est au moins du témoignage des sens; elle
sera signifiée par
E qui descend de
B &
F pour revenir en
D,
par lequel est formé
C, comme nous avons promis de l'exposer
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7
dans la Pratique, qui est la deuxième partie de ce livre.
Nous avons dit que notre théorie se divisait en trois parties;
il te faudra donc les parcourir, ô mon fils, sans que
tu manques à considérer que toutes ces parties théoriques
ne sauraient être acceptées sinon dans un double sens, c'est
à dire que tu devras en renfermer les termes dans des limites
plus étroites que ne leur confèrent à première vue la
nature qui correspond à leurs genres, ce qui s'y trouve contenu,
et quelquefois aussi ce qui prend valeur de signification
directe et reste aussi étroitement lié que possible au sens qui
rejoint le concept de substances susceptibles de tempérament.
Donc, fils de doctrine, considère tout d'abord que tu dois avancer
en conduisant tes pas selon l'ordonnance de la doctrine
intellectuelle ou intellective, comme tu en trouveras mention
au Traité des Questions, chapitre de l'Abrégé de l'Art,
question dixième, tout ce dont traite le second livre de cette
science et de cet art, car une noble mémoire, une inspiration
et une ambition nobles doivent fixer leurs assises dans
le coeur de l'artiste auquel se manifestera notre secret, par une
révélation dont l'éclat origine du créateur de toute intelligence.
Pour ce qui est de notre deuxième partie, où nous ouvrons la
porte du temple de la nature, nous avons voulu suivre les
exigences de notre maître en révélant le procédé divin, notre
secret, qui constitue l'instrument de perfection de tout
notre magistère et de toute la nature, afin de l'enseigner au
fils de l'art qui, s'il est fidèle et bon, ne le profanera pas,
spécialement auprès des ennemis des enfants de l'art et de
la science, et le gardera de ceux qui oeuvrent contre nature.
Car véritablement jamais encore n'est sorti d'une bouche hunaine
ce que tu trouveras dans la seconde partie de ce livre,
qui suit la théorie.
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CHAP. III.
Des principes de la nature dans l'universel, et comment
toutes choses ont été extraites de la masse confuse, hors
des quatre éléments, à l'image du grand monde, & des
quatre principaux principes primordiaux, & de toutes
choses à ramener, selon les canons majeurs du macrocosme,
à notre magistère, qui représente la forme
mineure, celle d'un microcosme
engendré par miracle.
L es principes naturels primordiaux et se succédant
dans l'oeuvre de la nature sont d'un point
de vue universel tous les extrêmes possibles &
leurs moyens termes, et nous poserons aussi
qu'il appartient à ces principes d'obéir à la
nature et à Dieu, roi suprême & empereur
du ciel, créateur unique en sa trinité sans commencement ni
fin, et maître incontesté de toute la lignée des dits principes,
qui ont reçu le nom d'extrêmes et de milieux, dans les ouvrages
de la nature. Cette nature, Dieu suprême l'à façonnée
dans le principe, à partir de rien, par un acte libéral de sa
volonté pure, en une certaine pure substance, qui est appelée
quintessence, et dans laquelle toute nature est incluse.
De la meilleure et plus pure partie de cette substance, divisée
en trois, Il créa les Anges, au plus haut; de la seconde, les
cieux, les planètes et les étoiles ; et de la troisième, la moins
pure, Il fit le monde d'en bas. cela, fils de la doctrine, tu
dois le concevoir non pas selon la lettre mais dans une vue
synthétique, car, par la volonté du Dieu Souverain, la
Création fut un acte simultané, sans aucune succession
de temps opératoires, ni sans la précession d'aucune matière,
impliquant succession générique, car autrement il ne se
fut point agi d'un acte créateur divin, tendu vers la création
de l'être à venir, scientifiquement, et par l'extraction
hors du rien d'une véritable entité substantielle. Aussi, mon fils,
veuille bien comprendre ce que nous disons, et ce que nous avons
déjà dit, dans un esprit scientifique, et non hagiographique,
ni vulgaire, car si nous employons ce langage
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au sujet des opérations naturelles, c'est pour
que tu aies à en exprimer la similitude avec
notre magistère, tirant de nos paroles leur
valeur analogique, et les interprétant, nous
te le répétons, selon l'esprit et non selon la
lettre. Donc, le Suprême
Créateur divisa cette partie
en cinq. Et de la partie la plus
pure, Il créa la quintessence
des éléments, participant de
la chose céleste, que nous
désignerons par O. De celle ci
Il fit quatre parts : de la première,
la plus pure, il tira
le feu, qui est Le premier
élément. De la seconde en
pureté, Il fit l'air, qui est le
second élément. De la troisième en pureté, venant après l'air, Il
fit l'eau, qui est le troisième élément. De la quatrième enfin,
la moins pure, Il fit la terre,
élément ultime, Nous désignerons
le premier élément
par P, le second par Q, le
troisième par R et le quatrième
par B. Plus la nature
est parfaite dans la chose
élémentée, et moins elle requiert
de perfectionnement
dans l'achèvement de l'ensemble.
Une chose en effet
tire sa perfection de l'autre
par concordance de leurs propriétés et de leur
cinquième terme instrumental participant
de la chose céleste, et trouve sa perfection dans
cette autre, qui descend ensuite de ces éléments,
portant en soi le germe perfectif de la
génération et de la corruption, par processus
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10
de conversion, car l'impulsion qu'elle a reçue et qui détermine
son tropisme, origine sans intermédiaire de la
puissance créatrice de la nature. Aussi bien rien n'est parfait
de tout ce que fait la nature, eu égard à la perfection
qui provient du Créateur, et non des moyens de la nature,
car cela seul est sans restriction parfait qui vient de Dieu.
Quant à l'impulsion de la nature, à son tropisme, il ne
saurait mener une chose à sa perfection, sans intervention
perfective de la divine science intelligente, comme
il appert dans l'humaine nature, quand elle est rectifiée
par l'intelligence divine, tel un chef d'oeuvre qui s'achève
entre les mains d'un bon artiste. Ainsi donc l'enfant
de doctrine pourra comprendre la nature des éléments
premiers, après division préalable de la tierce substance
créée dans le principe ; qu'il ne s'imagine pas toutefois
que leur substance doive se confondre avec un cinquième
élément, mais qu'il l'accepte en tant que substance quatrième,
ou troisième, ou deuxième, ou première, élémentée
de cette cinquième part, que nous avons appelée élément
primordial et substance simple, par qui les dites
quatre substances élémentaires sont élémentées, chacune
selon sa propre nature, comme nous l'avons précédemment
déclaré. Ces quatre éléments conservèrent leur pureté
et leur clarté, répondant des claires régions de la nature, depuis
leur création jusqu'au temps de l'ancêtre, qui fut, pour
son péché, banni de ces régions, et transmit dès lors avec son
nom la tare ori- ginelle à tous ses
descendants. Donc depuis ce temps durent
mourir les hommes, les oiseaux,
les bêtes, les pois- sons ; tout ce qui naît
de la terre fut su- jet à être détruit
et consumé, par renversement des
processus géné- ratifs, qui convertissent
la corruption en génération et
réciproquement la génération en
corruption. Par similitude, le pur se libéra des corps
impurs, et les éléments connurent la corruption, qui
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devint la loi naturelle de tout processus actif et de toute
vie ; et la courte durée fut la règle. C'est que la
nature alourdie dans sa matière corruptible ne
peut plus rien produire d'aussi parfait qu'elle le
faisait dans son principe ; elle n'en peut mais, pour continuer
son premier oeuvre. Elle en est réduite à utiliser l'imperfection
qui tend vers la corruption, car, de jour en jour
moins purs sont les matériaux que lui fournissent les éléments ;
parce que ce qu'elle met en travail ne peut se racheter
en devenant parfait, mais persévère à s'étioler, petit à petit.
Sans se lasser pourtant, et selon son possible, la nature compose,
et simultanément resserre des liens plus étroits. Cette
doctrine t'enseigne, ô fils de l'art, l'intention que le Sauveur
a mise dans cette parole, que tout, à la fin du monde sera
consumé, quand viendra le siècle du jugement par le feu, tout,
c'est à dire tout ce qui ne sera pas issu de la vérité des dits éléments;
et tout ce qui sera composé et fait du mauvais et de
l'impur sera confondu et projeté dans l'abîme; mais tout ce
que le feu susdit, le feu céleste, trouvera de vertus et de vérité
pure au dessus de sa sphère, tout cela reposera dans la vie
éternelle pour couronner le salut des bienheureux : et le mauvais
et l'impur tomberont de leur poids sur les damnés, témoignage
éclatant que chaque chose parachève son cycle en retournant
au lieu de son premier moteur. Comprends encore que
cette terre, notre demeure, n'est pas un élément à proprement
parler, mais qu'elle est élémentée par le vrai cinquième élément,
à travers le truchement de la
cinquième substan- ce élémentaire du
corps convenable- ment élémenté,
dont la terre est formée à partir
du cinquième état, ce qui l'amènera à
considérer la vacui- té de pouvoir informant
comme l'é- quivalent d'un corps
sans âme, et com- me une pourriture
qui se ramasserait en une matière sans
forme, composée de la dite infection par mutuelle réaction
des éléments les uns sur les autres. Au centre, par contre, est
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la terre pure, l'élément de vérité, que le feu ne pourra point
brûler au jour de la terreur ; et il en va de même pour les
autres éléments. Que tout cela soit donc élucidé pour toi
dans et par la lumière ; ajoutes y la notion de substance-
principe matérielle, de laquelle toutes choses ont été simultanément
formées dans l'indivis, et bien que nous ayons été
amené à envisager le concept de la division des choses, que
toutefois cette substance-principe doive être considérée comme
restant intimement liée à la forme qu'elle revêt, qui est
la quintessence; sinon, ce serait faire abstraction totale
de la primauté des éléments composés. Et connais enfin
sans aucun doute qu'il existe trois principe de toutes choses :
le principe théorique (archétype), le
principe exemplaire (prototype), &
le principe matériel (réalisation).
Le premier principe radical théorique
(artificiale) est Dieu, créateur
de toutes choses; le second principe exemplaire
est mû par Dieu même : il a nom sagesse ; quant au troisième
principe suivant, qui est la matière, créée par Dieu
c'est à dire par la sagesse, mue par Lui même, il représente
l'élément primordial, que nous appelons hylé, et sur
lequel nous t'avons donné des lumières, si tu nous as bien
compris; mais sache que tu ne dois point caresser le désir
présomptueux de le rencontrer sous les espèces de sa simplicité
originelle, quand tu voudras entreprendre notre oeuvre,
bien que sans lui nous ne saurions ni commencez
ni mener l'oeuvre à bonne fin. C'est donc sous l'apparence
d'un composé que nous avons à le trouver, puis à le purger
en provoquant une évacuation par le feu, afin qu'il
récupère cette pureté et cette clarté dont nous avons précédemment
parlé, car tous les élément ont été fait de la
dite substance pure et claire, et vivifiés par elle, qui leur
a donné pouvoir de création et de corruption. Or il est
inéluctable, et c'est une évidence naturelle, puisque
toute chose existant sous le globe de la lune
a été créée et formée de la dite matière, qui a
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été appelée hylé, il est inéluctable qu'elle pénètre d'une
influence majeure toutes choses élémentées, les unes profondément,
les autres superficiellement, ce que l'étude de la nature
nous fera connaître, de même que les lieux où elle entre
en repos. Tire donc de ce fait l'enseignement certain qu'aucune
chose au monde ne peut être créée ni engendrée sans elle, parce
qu'elle est le seul lien capable d'assurer la cohésion de
tout corps élémenté dans l'oeuvre de nature, nature que pour
cela nous appellerons ὕλη, principe primordial de tout ce qui est
élémenté, c'est à dire de toutes choses élémentées, car principe
simple dans sa substance. Les éléments, qui sont les matériaux
de la nature, ont été tout d'abord créés par la séparation
divine, à savoir la terre, l'eau, et l'air et le feu, qui sont les
corps élémentés à partir du principe primordial, et de l'élément
simple qui se trouve en eux. De l'intelligence de ces
choses procède la Métanostrique chronique, qui enseigne
que les formes spécifiques des éléments ne peuvent se retrouver
que dans leurs termes, et dans leur principe susdit,
principe primordial des choses qui en originent. Si donc tu recherche
cette matière, prends la direction que nous t'indiquons,
vers cette substance qui représente le sujet dans toute
sa pureté, étant à la fois l'union et le mouvement des formes,
en ce que toute forme est retenue dans sa possibilité, car
elle contient en son propre rythme un océan d'inflexions infinies,
étant donné la diversité des formes, tant extrêmes que
moyennes, quelle a reçu dans son sein. Aussi certains
l'ont il nommée, par similitude, réceptacle des formes nées de
cette matière céleste, qui fut créée au dessus de leur propre
nature. D'autres philosophes l'ont appelée fourré broussailleux,
par comparaison avec une chose brute et crue, et en raison
de ses possibilités. D'aucuns enfin lui ont justement donné
ce nom de possibilité, car elle ne possède aucune forme
en acte, mais virtuellement contient
en elle toute forme possible,
l'abri- tant en silence,
sans émouvoir l'ouïe ni la vue,
sans le pouvoir même, à cause de
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ses ténèbres. Telle doit être comprise cette matière incompréhensible,
et donc il est écrit qu'elle est la forme même du
monde, qu'elle ordonne et mesure les éléments dans le monde,
éléments dont tout à été engendré, comme nous l'éclaircirons
au mieux dans le chapitre suivant.
CHAP. VI.
De la forme mineur, & des principes de la mature
minérale simple, dans leurs extrêmes et leurs moyens-termes.
Maintenant que nous avons posé les déterminantes
de la forme majeure, nous descendrons à celles de la
forme mineure. Là se trouvent les principes qui, se succédant
dans l'oeuvre de nature, sont les principes les plus
proches, quant aux extrêmes, des moyens termes de leurs
opérations les plus prochaines. Et de même que nous avons
dit ci-dessus que les principes représentent, du point de vue
universel, l'ensemble des extrêmes et des moyens termes correspondants,
nous disons ici que le premier et principal moyen
extrême ou extrémité comprend les quatre éléments susdits,
qui serons signifié par B. Viennent en second les vapeurs
composées à partir de ces éléments immédiatement et par
la première composition de la nature, sans intermédiaire aucun
nous le répétons ; elles sont signifiées par C ; tous les corps
élémentés se résolvent en ces vapeurs, pour franchir le seuil
d'une nouvelle génération ce que tu voudras bien
retenir et comprendre, car j'utilise une terminologie
d'ordre général pour te faire parvenir
aux fins que tu te proposes. En troisième lieu vient
l'eau claire composée des dites vapeurs par condensation
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de sa propre nature qui pénètre les dites vapeurs des
quatre éléments, et cette eau est la matière la plus prochaine
de l'argent vif, que l'on trouve circulant au dessus de la terre
dans sa course fluide. Quant à cet argent vif, il est proprement
engendré dans tout corps élémenté provenant de la matière
de l'air. Son humidité intrinsèque est notablement douée de
poids, et sa nature aérienne homogène obéissant aux mouvements
du vent l'amène, par les canaux des veines creusées sous terre,
à tomber sur les minières sulfureuses nées des vapeurs chaudes
et sèches ; il sera signifié par D. En quatrième lieu se trouve
une certaine substance issue de sa propre minière, et au dessous
d'elle, tout à fait proche de la nature métallique, appelée par
certains calcantis et azoth vitreux, terre et minière des métaux,
et nommée par d'autres urisius ; lumineuse et blanche, rouge
dans son occulte, ostensi- blement noire et verdâtre,
de la couleur du venimeux lézard, cette substance est
immédiatement engendrée de l'argent vif, matière susdite,
imprégnée par la di- te vapeur sulfureuse chaude
et sèche, congelée dans sa résolution en cette apparence de lézard,
qui contient la forme et les espèces de l'esprit fétide dans
sa complexion, et de qui procède la chaleur minérale multipliée,
qui est la vie métallique, elle sera signifiée par E. Le cinquième
extrême, ou extrémité, ou encore moyen est représenté par les vapeurs
immédiatement en- gendrées par résolution et
raréfaction dudit vitriol vitrifiable ; c'est la première
et la plus proche matière de la génération de tous
les métaux, imprégnée et possédée d'une naturelle
chaleur vivifiante, en for- me et sous les apparences
d'une eau vive, dont tous les investigateurs de cet art
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ont à comprendre qu'elle est, dans l'oeuvre de nature, l'argent
vif, mais non tel qu'il se trouve au dessus de la terre ni qu'il
se présente avant d'être préalablement converti en un sang
venimeux comme celui d'un abcès ; il sera signifié par F.
Le sixième extrême comprend les soufres engendrés à la suite
et sans intermédiaire par la nature, à partir de la substance vive
de la dite eau, soufres dont les vapeurs coagulent tout
autre argent vif, et qui sont les liens véritables des dites vapeurs
pour chaque métal auquel ils sont appropriés. Alors
s'élabore la seconde dépuration, que la nature suscite dans
la matière, par vertu informante telle qu'elle corresponde à
l'agencement de formes et d'espèces prévues pour le dit métal.
Ces soufres seront signifiés par G. Le septième extrême
englobe les métaux engendrés des dites vapeurs sulfureuses
et de l'argent vif par décoction successive, ils sont les véritables
extrêmes ou extrémités, ou moyens termes imparfaitement
fermés, et dans toute oeuvre de nature signifiés par
H. Mais, par le fait de la corruption, quand ils ont été extraits
de leurs minière, la nature tend à les rubéfier et à
les rouiller, utilisant pour cela des rotations, alternatives
de corruptions et de génération, si bien qu'ils parviennent
enfin à une nouvelle génération, digérés qu'ils sont dans leurs
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minières, où sont enfermés les vapeurs à l'état de résolution
qu'ils ont corrompues, sous l'impulsion naturelle de la gravitation
des éléments qui leur sont propres ; là donc ils se digèrent
de leur propre mouvement, jusqu'à ce qu'ils acquièrent
une forme meilleure, processus comparable à celui de la génération
de la chair qui se fait au corps de l'animal, par digestion
des mets et des boissons, ce dont on retrouve une brève déclaration
dans la Science et l'Art magiques, commençant ainsi :
« il est manifeste, au sujet de la génération et de la corruption
dans le règne minéral... etc. » On y décrit métaphoriquement
et littéralement les efforts de l'alchimiste qui veut donner à
certains métaux une forme qui soit semblable à celle d'un autre
métal, travail comparable à celui du peintre qui sur le bois ou
sur la pierre, fixe et figure, par des voies artificielles, la forme
d'un homme ou d'un animal, forme étrangère en soi à la matière
qui la supporte. Aussi voit on dans ce cas que la forme
ne correspondant pas à la substance se corrompt bientôt, et que
de telles oeuvres ne peuvent être entièrement assimilées aux
louables travaux de la nature ; au sujet de cette assimilation,
vois le chapitre qui commence par : « Alors donc, etc. » De tels
alchimistes, de tels peintres ne se conforment à l'oeuvre de nature
ni dans leurs opérations, ni dans le choix des matériaux qu'ils
emploient, car ils ne savent point donner la vertu informante
à la matière convenable, déterminée à la recevoir par son
propre tropisme, quand elle lui est administrée par information
naturelle ; cette vertu informante pourtant est connue
de la science et de l'art : ils n'ignorent pas quelle est prodiguée
à la nature ; c'est elle que nous avons appelée principe exemplaire.
Un maître d'un esprit subtil et ingénieux dans son
travail peut être assimilé à l'oeuvre de nature dans son commerce
avec l'espèce minérale ; il est capable
de modeler un être d'une vertu si
grande qu'elle surpas- se toute floraison naturelle.
cela pourra te faire connaître
qu'il n'est point im- possible que l'oeuvre
de nature puisse être régie par la science
et l'art de l'o- pérateur, selon la
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doctrine et l'instrumen- tation appropriées
Apprends encore, mon fils, pourquoi les hommes
ne savent utili- ser leur mémoire dans
la recherche des enti- tés et des êtres mutables
et convertibles, ni fixer leur libre arbitre
dans l'acceptati- on des bonnes choses,
rejetant les mauvai- ses, qui sont contre
nature. Et pourquoi ils ignorent la mise en oeuvre de ces pouvoirs
dans les choses de l'art, pouvoirs qui représentent leurs
instruments, et dont nous reparlerons dans notre seconde partie,
afin que tu puisses accéder aux entités réelles dans notre magistère,
acquérir avec délectation la science de leurs activités,
et permettre à ton esprit de s'élever par cette science jusqu'à
la contemplation des formes successives et de l'ordonnance
qui préside au passage d'une forme à l'autre forme ;
ainsi tu goûteras la joie harmonieuse de comprendre
la permanence du réel. Aussi les sciences qui sont positives
et non probatives épaississent elles l'intelligence en
l'empêchant de saisir les nécessités des entités les plus
authentiques, comme il a été déclaré dans l'Arbre désiré
de la Philosophie, troisième distinction, chapitre de l'intelligence
des Passions, F.Q. D'où il appert que, dans notre magistère,
nombreux sont ceux qui par leur ignorance tombent
dans une passion désordonnée. C'est pourquoi, mon fils,
nous te donnerons de nouveaux principes au chapitre suivant,
où nous reviendrons sur ces métaux qui ont été précédemment
signifiés par H. Que s'y arrêtent ceux qui
manquent de patience, au cours du magistère.
CHAP. V.
Des principes de ce magistère, & desquels il s'accomplit,
quel est leur nombre, & de leur conversion mutuelle
Les premiers principes radicaux dans notre magistère
sont au nombre de trois à l'origine, à savoir l'eau vive et
l'esprit fétide, dont est créé le soufre, qui est notre pierre.
@
**** A T T E N T I O N ****
Fin du texte de ce document, ce document étant sujet à droits d'auteur.
**** A T T E N T I O N ****
FIN DE LA THEORIE DV TESTAMENT.
Ce travail fut terminé, DIEU AIDANT.
là même où il avait été commencé,
l'an 1947
pour la SAINT MICHEL
jour de nativité de ma mère chérie.
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des Éditions de La Hutte...
Collection « Alchimie »
ANONYME
Le Vrai et Vieux Chemin de Nature
de Hermès-Trismégiste
Texte alchimique passionnant -- et très clair pour le genre -- de
1782, établissant notamment l'étude comparée entre la voie
humide et la voie sèche, avec index des noms d'alchimistes cités
dans l'étude. Avant-propos de Jean Solis.
Belle réalisation n/b sur offset ivoire 120 g en
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Collection « Alchimie »
Eyrénée Philalèthe
Collection « Alchimie »
Eyrénée PHILALÈTHE
La Moelle de l'alchymie
Complément indispensable à l'Entrée Ouverte au Palais
fermé du Roi,
ce texte du Philalèthe est le livre dont tout le
monde parle, dont beaucoup de faux circulent, mais que personne
ne possédait jusqu'ici. Très intéressante préface de Bernard
Renaud de La Faverie sur la véritable identité d'Eyrénée Philalèthe,
avant-propos de Jean Solis.
Belle réalisation n/b sur offset ivoire 120 g en
18 x 26 cm, couverture n/b ivoire 240 g, 128 pages
ISBN : 2-916123-00-8
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Achevé d'imprimer par Corlet numérique - 14110 Condé-sur-Noireau
N° d'imprimeur: 31568 - Dépôt légal: mai 2006 - Imprimé en France
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